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ARCHIVES : CRÉAPHONIE

Sabine Peglion - Marie-Claude Rousseau - Sylvie Grégoire... et plus



Poèmes de Luc Vidal – peintures d’Athali

Extraits de Athali, Terre d’éclipses
Éditions du Petit Véhicule, 2015 (collection La Galerie de l’Or du Temps)

 


La Querelle des joncs

La Hollande est un plat pays sans orange
la passerelle des départs qui mène à ta langue
ce grand chien bleu qui garde ta porte
une immense maison aux pierres transparentes
l’avancée de tes terres dans l’amertume des regards
le cœur de tes yeux à la traversée des canaux
la querelle des joncs et de tes chansons
quand elle passe entre tes lèvres
cette Hollande sans souvenir aux confins de toi-même
ou ce pays murissant dans le soleil de tes yeux.





Maïlis ou la pluie

La pluie s’écrasait sur les vitres
façonnant le chagrin
départs des lampes dans le miroir de ces gouttelettes
départ de la joie
dans le grain de sable des journées
dans les rues appelant à la vie

Tu as ouvert les armoires de tes mains
pour faire le mur, abandonnant d’un regard
tous les rêves d’équilibres
et plonger dans la soupe de la vie

Tu as partagé un moment la nuit sans aube
frappant le dedans des tempes
une aube divorcée de la nuit
nuit blanche même des paupières engorgées de frissons

Aujourd’hui le calendrier des heures s’est réinstallé
sur les murs colorés de tes yeux
Les fenêtres laissent passer l’air invisible

Une fourmi a franchi les portes des songes
et transporté la feuille regardée dans le fond de tes yeux
jusqu’au nœud de nos ventres

Amour déchiré

La pluie s’écrasait sur les vitres moins le chagrin
et creusait d’imperceptibles sillons dans tes veines
comme un lit de fraîcheur
pour tes bras, ton ventre, tes yeux, tes lèvres
où je suis.





Le Foulard

Le foulard bleu des songes autour de ton cou
Je l’ai vu au fond de tes yeux comme un lyrisme ténu
et ta gorge sous mes doigts et tes mains douces d’aveux
dans cette nuit des ventres complices
dans cette nuit de vent magicien
et ta langue salive comme une source bienheureuse
et tu coules en moi dans ce long désir rêvé
Tu avais mis un manteau vert qui habillait la rue
Maïlis double des souffles familiers
Maïlis des mains délivrantes
Une longue route sous le soleil serpente tes rires
Je l’ai vue dans les coins de tes yeux fuir dans la folie de ton sexe
enroulant l’horizon d une autre vie
Cette longue route sinueuse qui découlisse les cloisons
La nuit maintenant ouvre ses issues
Son domaine à tes mains rèvantes
À l’expérience de nous dans les bras dorés des songes








Les Gués

Je mourrai silencieusement avec ce cri dans la gorge je t’aime
pour avoir perdu dans la nuit le charme des lumières
je parle nu avec un vètement d’aube troué sur mes épaules
la ville comme une jeune fille ne connaît plus l’intelligence d’aimer

Dieu regarde les gens avec un sourire très fin
l’aube l’aube profile la mort dans les veines des amants
j’ai le regret de ton feu mais le bonheur continuel des attentes dans mon sang

Il s’agissait de la mort et du voyage péril des songes
du franchissement de leurs gués dans les bouches du temps
la parole de l’hiver a vécu dans le naufrage du mensonge
et dans ma gorge désaimée le chagrin brûlé par les silences.






Les Quartiers funambules
à Thierry D.

Les enfants de tes rêves ont mal grandi

dans les quartiers funambules de ta tète
tes lèvres ont mordu la poussière de vie
tu as marché avec l’exil voyou des songes
dans chaque rue lointaine d’une impossible fête
tu es devenu le loup errant au cinéma des oublis
la romance aux dents comme une femme inventée
à tes pas un temps d’auberges irréelles et de lits douillets
un temps fou cela chante la fragilité des amours
les paradis perdus retrouvés des chansons
les secrets des métaux sondés par tes yeux
la caresse invente un doux plaisir de fraicheur
ma petite sœur ma maman je meurs de vous
à chaque fois que la nuit n’est plus la nuit
à chaque fois que l’asile psy refuse même la folie
l’établissement a perdu mon cœur d’enfant
je ne suis plus Orphée dans tes bras de détresse maman
j’ai fait les poubelles dans la ville du soleil
la rage au ventre le cristal de mes yeux quasi défait
les lueurs de l’aube s’emparaient de la mer
tu étais là assis au bord du rivage et tu donnais
à un chien de nuit l’aumône d’une caresse
le temps volé au cœur un temps sans recours.


    ¸



                                                                  
©Athali




* * *


Luc Vidal Photo reproduite d’après le site de France Culture 

Luc VIDAL est né à Nantes un 6 juin 1950. Scolarité et études lycéennes dans cette même ville. Les chansons de Léo Ferré, Jean Ferrat et Jacques Brel lui donnent le goût des poètes et de leurs poèmes. Il apprend le métier d’instituteur à l’école normale de Savenay, et fait une licence d’histoire à l’université de Nantes.  Premiers débats avec quelques amis sur la poésie et l’esprit de révolte. Villon, Rabelais, Baudelaire, Gérard de Nerval, Balzac, Rimbaud, Verlaine, Zola, Marcel Proust, Romain Rolland, Aragon, Martin du Gard, Robert Desnos, René Guy Cadou, Guillaume Apollinaire, sont ses compagnons de route et de lecture.

Il crée une petite maison d’édition associative dans les années quatre-vingt, les Éditions du Petit Véhicule, histoire de penser l’éducation populaire pour toutes et tous vers le haut du pavé. Il a animé en particulier la revue Signes, remplacée par la revue Incognita, Les Cahiers d’études Léo Ferré (avec Claude Frigara et Daniel Dallaguarda, Stéphane Oron), Les Cahiers Jules Paressant, Les cahiers des Poètes de l’école de Rochefort (avec Olivier Delettre) et la revue Chiendents créée avec Roger Wallet et Stéphane Beau. Les rencontres avec Pierre Seghers, Norge, Marie-Claire Dumas et Georges Fargeas le fortifient dans sa ligne éditoriale. Il crée avec Xavier Tournet la Maison de poésie de Nantes et région. Il a dirigé la revue 303 consacrée à René Guy Cadou, Luc Bérimont et les poètes de l’école de Rochefort.

Bibliographie sélective :
- Orphée du fleuve, poèmes Éd. du Petit Véhicule, 1999/2013. Sur les pas de Léo Ferré, avec Henri Lambert, Olivier Gillisen, Éd. des Trois Orangers, 2003.
- Léo Ferré, Olivier Bernex et la barque du temps, Éd. du Petit Véhicule, 2003.
- Le Chagrin et l’oiseau perdu (illustré par Nicolas Désiré Frisque), poèmes, Éd. du Petit Véhicule, 2010.
- Olivier Bernex, Léo Ferré, De toutes les couleurs, (Livre d’art), Éd. L’Arganier, 2006.
- Spicilège, du Partage des ombres à L’Aigle de Géorgie &  L’œil, Ce compagnon de l’Ombre qui murmure « on arrive », avec Gilbert Conan (poésie et peinture)
- Scénario du documentaire René Guy Cadou ou les visages de la solitude, avec les voix de Michaël Lonsdale et Richard Martin, réalisé par Emilien Awada et produit par Cinérgies Productions.

***

Athali, Photo reproduite d’après son blog

Née à Nantes en 1962, ATHALI est peintre, plasticienne, et poète. Après des études à l’École des Beaux-arts de Rouen puis de Montpellier, et au College of art d'Edimburgh, elle a participé à de nombreuses manifestations artistiques et créations événementielles, ainsi qu’à des expositions collectives, en France, Allemagne, Espagne, Chine. Depuis 1985 à ce jour, elle a eu une bonne vingtaine d’expositions personnelles, dont deux à Barcelone, et une à Tokyo.

Depuis 2011, elle publie aux éditions du Petit Véhicule plusieurs livres d’art ainsi que des textes poétiques :

-         Peaux de peintures, 2011 (peintures et textes)

-         Texte dans la revue Incognita, 2009

-         Destinaterre, 2010 (peintures et textes)

-         Oranges de Vie, 2010 (en collaboration avec Luc Vidal, qui signe les poèmes)

-         Terre d’éclipses, 2015 (peintures et textes, ainsi que des poèmes de Luc Vidal)

Pour admirer quelques unes de ses œuvres remarquables, visitez son site.



LUC VIDAL & ATHALI
créaphonie novembre 2015
recherche Dana Shishmanian

                                                                                                      

Créé le 1 mars 2002


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