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L'ombre portée des coquelicots par Daniel Mohen (illustrations)
1- Géométrie dans l'espace. Le travail commence par la recherche d'une position idéale de la feuille de papier /support, presque perpendiculaire à l'axe soleil-fleurs. Recherche d'orientation et de distance, de projection. Se placer très exactement sur ce rayon lumineux qui relie le coquelicot à son ombre d'un côté, la fleur à l'astre solaire de l'autre. Cadrage, composition, échelle des formes, motifs inversés ou penchés ( il n'y a plus de haut ni de bas). C'est presque une question de chorégraphie. Danse des formes et de leurs ombres, modifiant sans cesse leur contour, au moindre souffle : apparition, disparition, déplacement, déformation. Le tracé des tiges apporte l'idée d'une trame ainsi que des éléments de repère dans l'espace comme celui des mouvements de danseurs sur la scène.
2- Dessin. Suivre à la mine de plomb cette course rarement interrompue. Le trait cherche la vraie ligne, attend le retour dans le champ du support, précède même parfois le contour qui s'évanouit dans l'envol fulgurant d'un souffle d'air. Se retrouver, tout bête, avec la mine de plomb à l'affût, prêt à piéger l'ombre qui se refuse à quitter la marge, le hors champ. Rien à faire, si ce n'est ruser avec le carnet. La mine, à la fois incisive, décidée, déroule un trait autoritaire autour de la silhouette tremblante, mais parfois aussi, hésitante, enlacée, emmêlée, perdue même dans l'accélération vertigineuse des figures mouvantes. Retenir, arrêter, garder quelque chose de cette danse. Au bord de l'impossible, filmer le rêve, du moins se souvenir : un mouvement, une forme fugitive, une sensation de vol, un éblouissement. Tenter de retenir entre ses doigts l'empreinte de la fleur, du battement d'ailes, du ruissellement de lumière.
3- Couleur. Est-ce la couleur, son intensité, sa transparence ? Impossible. Dans le mode de la représentation ou de la mimesis : perdu d'avance ! Donc pas de nostalgie, mais pourtant… en capter la présence, ne serait-ce que quelques parcelles ou particules, histoire d'y croire, d'en prouver l'existence, la réalité. Saisir la mémoire d'une couleur, non pas celle, éclatante, qui rayonne si fort à sa maturité, mais plutôt celle, proche de sa naissance, celle des premières heures, qui reste impressionnée sur la rétine très longtemps après, lorsqu'on envisage de fermer les yeux définitivement. La couleur de sa chair, de sa présence au monde, pressée entre les doigts, de sa mort nécessaire, quelques taches de sang, comme celui, transfiguré que le prêtre porte à ses lèvres dans le calice précieux, comme la sève d'une vie future.
Ces ombres portées racontent la vie et, loin d'être comme des silhouettes figées, elles semblent prendre le relais définitif des modèles éphémères dont elles ont suivi l'exemple et dont elles ont gardé comme empreinte, quelques cellules de leur substance vitale, de leur présence.
D. Mohen
Diverger
Ou bien je suis le coquelicot ——
Qui veut dix vergers ——
Les rosettes du coquelicot
Strictement à l'ombre ou décoration intérieure
Sauf lors d'une opération chirurgicale, ——
J'ai fait analyser mes pétales
Le tremblement et l'indécision
On a longtemps cru que l'ombre ——
Le coquelicot a du coq à l'âme,
Provence
Les moutons rechignent dans les ——
Le soleil est un coquelicot albinos ——
Sur le marché nous tirions
Daniel Mohen/Jean-Luc Brisson
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Créé le 1 mars 2002
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