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L'ombre portée des coquelicots

par Daniel Mohen (illustrations)
et Jean-Luc Brisson (textes)



1- Géométrie dans l'espace. Le travail commence par la recherche d'une position idéale de la feuille de papier /support, presque perpendiculaire à l'axe soleil-fleurs. Recherche d'orientation et de distance, de projection. Se placer très exactement sur ce rayon lumineux qui relie le coquelicot à son ombre d'un côté, la fleur à l'astre solaire de l'autre. Cadrage, composition, échelle des formes, motifs inversés ou penchés ( il n'y a plus de haut ni de bas). C'est presque une question de chorégraphie. Danse des formes et de leurs ombres, modifiant sans cesse leur contour, au moindre souffle : apparition, disparition, déplacement, déformation. Le tracé des tiges apporte l'idée d'une trame ainsi que des éléments de repère dans l'espace comme celui des mouvements de danseurs sur la scène.

2- Dessin. Suivre à la mine de plomb cette course rarement interrompue. Le trait cherche la vraie ligne, attend le retour dans le champ du support, précède même parfois le contour qui s'évanouit dans l'envol fulgurant d'un souffle d'air. Se retrouver, tout bête, avec la mine de plomb à l'affût, prêt à piéger l'ombre qui se refuse à quitter la marge, le hors champ. Rien à faire, si ce n'est ruser avec le carnet. La mine, à la fois incisive, décidée, déroule un trait autoritaire autour de la silhouette tremblante, mais parfois aussi, hésitante, enlacée, emmêlée, perdue même dans l'accélération vertigineuse des figures mouvantes. Retenir, arrêter, garder quelque chose de cette danse. Au bord de l'impossible, filmer le rêve, du moins se souvenir : un mouvement, une forme fugitive, une sensation de vol, un éblouissement. Tenter de retenir entre ses doigts l'empreinte de la fleur, du battement d'ailes, du ruissellement de lumière.

3- Couleur. Est-ce la couleur, son intensité, sa transparence ? Impossible. Dans le mode de la représentation ou de la mimesis : perdu d'avance ! Donc pas de nostalgie, mais pourtant… en capter la présence, ne serait-ce que quelques parcelles ou particules, histoire d'y croire, d'en prouver l'existence, la réalité. Saisir la mémoire d'une couleur, non pas celle, éclatante, qui rayonne si fort à sa maturité, mais plutôt celle, proche de sa naissance, celle des premières heures, qui reste impressionnée sur la rétine très longtemps après, lorsqu'on envisage de fermer les yeux définitivement. La couleur de sa chair, de sa présence au monde, pressée entre les doigts, de sa mort nécessaire, quelques taches de sang, comme celui, transfiguré que le prêtre porte à ses lèvres dans le calice précieux, comme la sève d'une vie future.

 

Ces ombres portées racontent la vie et, loin d'être comme des silhouettes figées, elles semblent prendre le relais définitif des modèles éphémères dont elles ont suivi l'exemple et dont elles ont gardé comme empreinte, quelques cellules de leur substance vitale, de leur présence.

D. Mohen


L'ombre portée des coquelicots (1ere partie)
(cliquez sur les images pour les voir en taille réélle)

Diverger

Ou bien je suis le coquelicot
Ou bien je suis l'ombre
Soit suivre
Soit être

——

Qui veut dix vergers
aura à sarcler dix fois plus
et chaque année
pour que ça rapporte
en coquelicots

——

Les rosettes du coquelicot
se mangent en salade


Strictement à l'ombre ou décoration intérieure

Sauf lors d'une opération chirurgicale,
les entrailles sont strictement tenues
à l'ombre. Le pétale de coquelicot
est encore le meilleur échantillon
de la tapisserie à l'intérieur
de votre corps

——

J'ai fait analyser mes pétales
de coquelicot au laboratoire,
j'aurai les résultats demain
ou après-demain


Le tremblement et l'indécision

On a longtemps cru que l'ombre
des choses procurerait directement
les signes d'une écriture.
On aurait plus assembler les ombres
portées pour exprimer une infinité
de situtations, de choses et de
sentiments.
La déception vient des variations
incalculables du dispositif de
projections qui anéantissent
l'arbitraire.

——

Le coquelicot a du coq à l'âme,
il décrète différentes choses par
sautes d'humeur et sans fil
conducteur.
Mais le coquelicot a du blé aussi


Provence

Les moutons rechignent dans les
coquelicots, ils préfèrent courir
sur la mer Mediterranée avec
le vent au derrière.

——

Le soleil est un coquelicot albinos
sauf certains soirs ou certains
matins.

——

Sur le marché nous tirions
de la vente de fripes rouges
et de molles massues de quoi
nous vêtir et boire le sirop
blanc

 

Daniel Mohen/Jean-Luc Brisson


2eme Partie


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Créé le 1 mars 2002


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