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ARCHIVES : CRÉAPHONIE

Sylvie Domenjoud - Marie-Paule Barco - Michel Devillers... et plus


Découvrons L'artiste peintre : Abbas Saladi
L'expression plastique du Maroc.

par


Aziz Zaâmoune

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consulter le site Arcadja - painter


                                               
Ni ange ni démon

 Ici au Maroc, qui se rappelle encore de cet artiste disparu en 1992, parti subrepticement sur la pointe des pieds comme pour s'excuser d'avoir dérangé ?

Personne, mise à part la tribu des marchands de l’art…

Toujours est-il qu'en fait de dérangement il y avait de quoi.

Une scène artistique marocaine, en ces années 70, superbement installée dans ses convictions sur l'art bien-pensant, ses tendances, ses ordinations, ses doxa…

Et puis voilà qu'un illustre inconnu répondant au nom de
Saladi,
ex-étudiant en philo et autodidacte de surcroît, allait bousculer tout ce beau monde.

D'abord, chose impensable, en exposant ses premiers tableaux directement à la place tumultueuse de Jamâa Lafna à Marrakech, sa ville natale.

Premier accroc,
difficilement pardonnable aux yeux de ce tout Rabat artistique de l'époque, montrer ses tableaux à ciel ouvert et qui plus est, dans le brouhaha incessant de cette place grouillante, parmi les conteurs, les guérisseurs, les charmeurs de serpents, les troupes folkloriques,  les étals de marchandises de toutes sortes, les gargotes, les touristes, les badauds, les pickpockets, c’était l’outrage extrême…
Qu'importe pour l'artiste ? Celui-ci, de santé fragile et très tôt confronté aux dures réalités de la vie quotidienne, n'était mu que par une seule obsession : céder ses tableaux pour une poignée de billets et subvenir aux besoins de la famille dont il était l'unique soutien.

Deuxième accroc,
de taille celui-là, son art proprement dit, une forme d'expression plastique toute fraîche, toute neuve et en tout cas difficilement répertoriable, puisque se situant aux frontières du naïf et du surréel. Cette expression allait crescendo affiner ses outils et sa perception du monde pour finalement s’affirmer comme telle, c’est à dire comme valeur artistique certaine, dûment cotée au Maroc et à l’étranger  – quoique, paradoxalement, Saladi n’aura jamais accès, à titre individuel, aux fameuses cimaises de la galerie nationale Bab Rouah de Rabat, la fameuse galerie…
  
Qu’importe encore et encore ? Puisqu’ici la toile (aquarelle ou dessin) a d’autres demeures… Elle est synonyme de ludisme fleurant bon l'hérésie et l'insolence. D'où sa composition enchevêtrée n'a de sens que là où le sens hésite entre deux allégories et se passe d'explications :
des êtres à museau, à mille postures extatiques fraîchement débarqués d'une fable immémoriale… et puis la femme amulette pour conjurer le mauvais sort…  et puis l'oiseau omniprésent pour inviter à la transcendance (comme dans les miniatures persanes)…  et puis le carrelage à damier tirant exagérément sur la corde déjà raide du contraste thématique surréel…  et puis la gestualité ondoyante à qui mieux mieux… et enfin le fond sonore, des tonalités originelles pétrissant bruits et fureurs insondables…

Bref, la trame d'une veine nommée fulgurance, nommée singularité. 
     
Formulée dans les justes règles de la composition plastique, s'accorde-t-on à reconnaître, et puisant dans l'imaginaire de la mémoire collective, la peinture d'Abbas Saladi est une succession d'instants poétiques déformant le réel pour mieux le restituer, neuf, grotesque, énigmatique.

 
art- Saladi
Quelques liens :

- Livre de dessin à feuilleter :
Abbès Saladi:, un monde féerique, 1950-1992, Marsam Editions, 2006
- Abbès Saladi (C'est un monde interne que nous découvrons à travers une silencieuse descente en nous mêmes)
-
Exposition Marrakech (...
Saladi étonne depuis sa première exposition à Marrakech.)
-
Journal Libération ( La psychanalyse et la peinture : Le cas Abbès Saladi)
-
Expertissim ( Le dessin double face présenté, montre deux manières créatives opposées de Saladi.)
-
Le Matin.ma ( Le monde fantasmagorique de Saladi)
- Entretien avec Abbas Saladi par Tania Bennani Smires


Abbas Saladi (1950-1992)
EXPOSITIONS INDIVIDUELLES 

1978  Centre Culturel Français, Marrakech 
1979 Galerie Boutique Ombre,  Marrakech 
         Galerie du Club Méditerranée, Marrakech 
1980 Galerie 77, Marrakech 
1981-1984 Galerie l'Atelier, Rabat  
1987 Galerie Nadar, Casablanca 
1990 Centre Culturel Français, Rabat  
1991 Galerie du Palais des Congrès, Marrakech 
        Galerie Bassamat, Casablanca      
EXPOSITIONS COLLECTIVES
1984  «10 ans de l'Atelier», Galerie Bab Rouah, Rabat 
1985  «Présences Artistiques du Maroc» au Centre National d'Art Contemporain, Grenoble – France
           «Un art pour l'Afrique», Musée des Arts Africains et Océaniens, Paris – France
1986 «12 peintres du Maroc», Centre Culturel Français, Rabat 
1988 Chorfi Art Gallery,  Casablanca 
1989 «La peinture Marocaine Contemporaine», Conte del Duque, Madrid – Espagne
1994 «Rencontre et Culture», UNESCO, Paris - France



  Abbas Sladi, Maroc
   par
Aziz Zaâmoune
pour Francopolis décembre 2011

 

 
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Créé le 1 mars 2002


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