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graphiques empreintes de poésie

ARCHIVES : CRÉAPHONIE

 

 

Janvier-Février 2019

 

 

Paysage avec un arbre

 

Peinture d’Alena Meas, commentée par l’artiste.

Poèmes d’arbres…  par Alena Meas et Anne-Cécile Causse

 

 

 

Alena Meas, Paysage avec un arbre… Huile, 14-18 janvier 2019

 

 

L’étrangère a lu. Le sang bat la paume vieillie. La tempe de toujours maudit sans que les maux jamais ne signent. Je venais de donner à vibrer un piano - ton squelette étendu -, et la main brune s’échappant sur l’ombre.

La mélodie est lente aux abords du tableau. Ta main lançait, nous écoutions une direction nouvelle. L’air éprouve un gris de saison quand la note dure, aussi tristement que le silence.

Je t’ai trouvée là, sans pouvoir associer de nom à cette terre. C’était là son odeur et son pas.

 

© Anne-Cécile CAUSSE

Apparaît

Dans l’étreinte grise

Ce paysage

Fait de l’arbre

Et de rien d’autre que du vide

Qui s’assimile à l’air, étire le ciel

Jusqu’à la brèche du sol.

Le soleil même sous terre rougeoie,

Enflamme l’oxygène

Et rehausse la boue

Dont l’homme est fait.

Mais surtout circule

L’incertitude grise

De la matière

Libérée de la prise

De l’esprit,

Tournoient les dieux dans l’univers

Et règlent la vision

De ce paysage traversé de nuages,

Règlent

L’ultime diagonale de la vie.

© Alena Meas

 

« Il commence à générer une certaine musique… »

ou l’achèvement d’une peinture

 

Dans l’atelier d’Aléna, le 18 janvier 2019

 

Je suis devant un tableau de grand format, hier je l’ai quitté avec le sentiment de l’avoir raté. Ce matin, je l’ai repris avec une force désespérée pour le ramener à l’idée de la beauté. J’ai pris mon pinceau trempé dans la couleur grise et commençait à imiter le mouvement ondulatoire, un mouvement que je connais bien de tant de papiers peints l’année dernière qui tentaient de représenter le ciel.

Le tableau a commencé à vivre petit à petit, à vibrer par les endroits. Ce qui était divisé se met à s’unir. Une image fluide se rassemblait au fur et à mesure que le pinceau touchait les différentes parties. Le tableau devient mouvement, inconsciemment dirigé vers le haut, vers le ciel qui s’étire en courbe oblique et animée, vers le bas, vers la terre qui ondule, comme libérée de la pesanteur.

Seul l’arbre résiste à ces forces primitives qui façonnent l’univers. Il se tient droit, sa couronne frôle et ralentit les nuages qui passent. Il est le seul être vivant de la scène, un point vers lequel le regard converge, puisqu’il reconnaît une forme familière comme séparée de ce flux de masses, surgissante, stable, même si fragile et presque effacée, jamais confirmée, plutôt affaiblie, ne faisant que peu de résistance au passage de l’air.

Celui-ci y est matérialisé par maintes touches de pinceau posées instinctivement sur la toile qui semble se déformer selon sa volonté à lui, selon ce que l’air impose. Il pénètre le paysage à tel point que le paysage s’efface presque entièrement, il ne reste aucun repère sûr, tout est à imaginer selon les creux laissés par le pinceau çà et là. L’air pénètre même la terre, il semble la renverser, soulever, la gondoler. Elle n’est plus dominée par la ligne de l’horizon, cette ligne a bel et bien disparu, s’étant évaporée et jointe aux nuages, perdant toute la prise sur la perspective sous-jacente du tableau.

Les masses se croisent et décroisent, ondulent et débordent, montent et descendent. D’où vient toute cette énergie qui les rend vivantes ? On dirait que c’est l’univers qui s’y agit : les interactions qui le régissent s’y font percevoir comme libérées des règles physiques. Voir, c’est aussi se perdre dans ces forces soudainement rendues visibles, qui se manifestent volontairement ici dessus. Le rouge s’oppose au bleu sans vraiment s’incarner précisément en quelque chose. Seul le soleil rouge donne peut-être un sentiment du concret, mais le rouge continue à se répandre dans le ciel comme sur la terre, le bleu ondule, créant l’impression d’un vallon mais rien n’est plus incertain.

Le tableau se précise davantage, même s’il devient plus abstrait, plus délié. Il commence à générer une certaine musique, douce et orageuse à la fois.

 

© Alena Meas, janvier 2019

 

Pour rappeler à nos lecteurs quelques points de repères : présente de nombreuses fois dans cette rubrique de Francopolis, Alena Meas est peintre et poète ; elle anime ce miraculeux espace de création mouvant qu’est Le lieu improbable. Anne-Cécile Causse est poète et collabore souvent avec des artistes graphiques, elle est présente aussi dans cette rubrique et récemment, elle a fait la une du Recours au poème (numéro 193).

 

 

 

 

Créaphonie

Francopolis, janvier-février 2019

recherche : Dana Shishmanian

 

 

 

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Créé le 1 mars 2002