Le
livre d’images-poèmes…
Créations de Maria Desmée,
accompagnées de textes des poètes
Hubert Haddad, James Sacré, Yves Namur, Michaël Glück,
Hughes Labrusse,
Alain Hélissen
Hubert
Haddad

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Désert
de la vérité – quelle voix retentit
sur le
pont des terres promises
Unique
rival des sables
l’homme
seul écoute
ici
chaque grain de silex est une pierre d’angle
J’écoute
le chant bleu des dunes
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Le
désert par-dessus ta volonté
ce
très haut mur entre toi et l’illimité
l’horizon
se compte en dunes, mais chaque crête
ressemble
un cavalier
chaque
carcasse de gnou ou de chameau poursuit une route rêvée
Toute
pierre est une halte, mais l’obstacle suscite l’enjambée
À
l’heure sans ombre j’entre dans l’illimité
Tout
le feu du jour couve dans une cruche fêlée
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Les
pèlerins de pierre
se
délitent à chaque pas
À
la fin des statues, le temps marchera tout seul
Prenez
la rue sans âge, celle battue d’ailes
À
la fin des statues
nous
nous connaîtrons tous
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James
Sacré

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Ça ne pourrait pas être un bout d’écorce
De n’importe quel arbre
Dans cette peinture où le voilà pris
Si ça n’était pas fragment clair
D’une branche de bouleau le jeu
Avec les autres couleurs de ce livret
En serait changé. En serait changé
Ce qui permet au poème de penser
À des futaies de trembles pas loin d’Escalente,
À quelques sycomores d’une espèce pas commune
En bas du site anasazi de Montezuma Castle
Dans l’Arizona, dans l’Utah ; aussi bien
le poème peut
M’emporter vers les platanes qu’il y a
En bord de route entre Gignac et Aniane en
France
Ou parmi les troncs d’une forêt d’eucalyptus
Au
Maroc, dans les environs d’Arbaoua.
Et
dans ce poème le mot oumê (un orme
En
patois poitevin) au lieu du mot bouleau
T’emporterait
lecteur en d’autres merveilles, en d’autres riens
De
rythmes et de sens incertains.
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Yves
Namur

Dis-moi
quelque chose qui retienne un peu l’inattendue
Quand le ciel est trop bas pour entrevoir ce qui parle encore aux
cœurs étoilés
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Michaël Glück

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écoutez oui écoutez
le chant des paupières
qui se lèvent
celui des corps qui se
redressent
écoutez les bruissements
les froissements des
draps
le passage à la
verticale du jour
homme de boue
femme debout
écoutez la colère
dans les poings qui se
referment
écoutez qui vous appelle
depuis l’eau sale du
caniveau
écoutez la soif et la
faim
les larmes de la douleur
écoutez les premiers pas
qui éveillent les rues
les volets qui s’ouvrent
les premiers tramways
qui tintent déjà
écoutez les mains qui
s’épanouissent
fleurs du matin
quel est ce visage
qui mendie la lumière
dans le froid
les lèvres ne bougent plus
écoutez oui écoutez
avant qu’il ne s’éteigne
le battement de cils
entre deux silences
écoutez
les couleurs sous la cendre
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Hughes Labrusse

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Sur ton visage sans
sommeil
de très loin est accordée
la lumière d’un regard
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Une barque vide
dérive
les mailles rouillées
d’un filet de pêche
peut-être un enfant
s’est-il noyé
le timonier a
disparu
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Seuls les morts
ne pensent pas
à la mort
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Alain
Helissen


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Il y a ce
matin
cette
lueur au large
comme un
puissant appel
à
reprendre la route
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Et les
yeux s’aventurent
au
croissement des couches
Entre
les plis ouverts
par un
roi de lumière
il y a
comme un souffle
qui
ventile l’espoir
qu’on
arrivera bientôt
à s’ouvrir
un passage
vers un bout
d’horizon
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Maria Desmée est peintre et
poète. Née
en Roumanie, elle vit et travaille en France depuis 1981. Plus connue comme
peintre à travers un travail soutenu et présent à travers des expositions
internationales et nationale, elle s’affirme également à travers son
travail poétique (livres de poésie, livres d’artiste). Après avoir publié
des essais et notes de lectures dans la revue Sapriphage, qu’elle fonde et
codirige avec Gilbert Desmée en 1987, la poésie s’impose, telle une
évidence qui structure le corps de la langue et l’espace de son
déploiement, dans cette verticalité où poésie et peinture se rejoignent. (http://www.artmajeur.com/desmee).
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Sa créativité comme artiste, en compagnie des
poètes, est éblouissante, comme dans ces livrets d’art où l’on ne sait qui
accompagne qui : l’image, le texte, ou plutôt le texte,
l’image ?... La parole est à Maria :
« Ce sont
des "livres" constitués d'un feuillet plié en 3 (certains
les appellent livres pauvres, ou poésie visuelle). Tous ces petits livres
sont réalisés en 10 exemplaires chacun, dessinés et écrits à la main, et
destinés à des expositions, d'où la nécessité du format. Pour celui
que j'ai fait avec Hubert Haddad c'est pareil, mais lui a écrit un poème
différent à chaque exemplaire, donc vous pouvez avoir 5 poèmes mais pas 5
peintures différentes. Hugues Labrusse aussi
a écrit un poème différent pour chaque exemplaire. Sur la soixantaine de
livres réalisés il y a une dizaine de poètes qui ont écrit un texte
différent à chaque exemplaire, ainsi mes exemplaires ne sont pas identiques
bien qu'ils gardent le même esprit et allure. »
Nos lecteurs comprendront donc que nous leur
offrons ici un aperçu seulement, en quelque sorte, aléatoire, sur une vaste
entreprise en mouvement. Que l’artiste et tous les auteurs inclus dans ce
petit échantillon de synesthésie poétique soient remerciés pour la
générosité de ce partage.
Les images sont extraites pour la plupart de la
page Facebook de Maria Desmée, avec sa
bienveillante autorisation. »
Dernière minute: deux événements aux mois de mars. Dans le cadre du Printemps des poètes, exposition des livres d'artiste de Maria Desmée, réalisés en 2017-2018, à la Médiathèque de Creil, et l'Exposition "Bernard Dumerchez, éditeur, une vie de livres et d'art" au Musée de l'Oise, à laquelle elle participe aussi.
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Hubert Haddad : poète (prix Mallarmé 2014), romancier,
essayiste, revuiste (Le point d’être,
où il a publié des inédits d’Antonin Artaud), éditeur (collection de poésie
Double Hache
aux éditions Bernard Dumerchez).
Bibliographie et
références : Maison
des Écrivains et de la Littérature, éditions Zulma,
Le
Point (interview).
Photo reproduite à partir de la page de l’auteur sur le site des
éditions Zulma.
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James Sacré : poète (plusieurs
dizaines de recueils publiés entre autres chez Seuil, Gallimard, Tarabuste,
Le dé bleu, Al Manar, …).
Présence sur la toile : Terre à ciel,
Babelio, Poezibao (note de lecture).
Photo : James Sacré au Salon du livre de Paris en mars 2010 (apud Wikipedia).
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Yves Namur : poète (prix Mallarmé 2012) et écrivain
belge, académicien, également médecin et éditeur (éditions du Taillis Pré).
Présentation et bibliographie : site de l’Académie
Royale de Langue et Littérature Françaises, Terre
des femmes (note de lecture), Culture.
Université de Liège (entretien).
Photo ©Anne-Françoise Namur (apud Culture. Université de Liège).
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Michaël Glück :
poète, écrivain, traducteur.
Présentation et
bibliographie : sa page d’auteur aux éditions L’amourier, Babelio (avec vidéos/interviews), Le site de
l’écrivain Claude Ber (invité du mois : dossier avec des textes),
sa page Facebook.
Photo : © Frédéric Davignon (reproduite du site des éditions L’Amourier).
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Hughes Labrusse : professeur agrégé, philosophe, essayiste, poète (grand prix international de poésie en juillet 2017 pour son recueil Le Théâtre du Crépuscule). Présentation,
bibliographie, textes : Ouest-France,
youtube
(le poète présente une lecture de poésie franco-roumaine
à la Bibliothèque de Caen, 15 nov. 2013), essai sur son œuvre par Guy
Allix (dans une monographie dédiée à Hughes Labrusse,
éditions Lieux d’être, 2009).
Photo : reproduite de Ouest-France.
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Alain Hélissen : poète, revuiste, chroniqueur, éditeur (collection de poésie
Vents contraires aux Editions VOIX).
Présentation, bibliographie et photo sur son blog, voir aussi les
sites Sitaudis, éditions
Corps puce, revue Cairn
(chronique).
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