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Cristina Castello, poète et journaliste
par
Claudia Sosa Lichtenwald « Scène » Sans masque, écrit et parle Cristina Castello,
la femme qui amalgame journalisme et poésie (elle est dévorée
d’eux) communique les intérieurs et les dehors en français,
italien, allemand, anglais, espagnol et portugais dès sa page Web: -Quelle différence trouvez-vous entre «travailler» comme journaliste et «être» poète? -La même qu’entre «faire» et «être».
Je travaille comme journaliste, mais je suis contrebandière de poésie.
Paul Éluard avait déjà dit que le poète est
plus celui qui inspire que celui qui est inspiré. Et il s’agit
de cela, parce que la poésie est une vision de l’univers et une manière
de le découvrir avec des yeux d’enfant. C’est de la beauté
esthétique qui nous perce, oui. Mais, encore il est une éthique,
par laquelle les visages des gens ne sont pas seulement d’yeux, nez et bouche.
Ce sont des cartes de géographies intérieures qui dévoilent
des plénitudes, abîmes et histoires. La poésie est éternité.
C’est un éclat en silence. -Votre condition dionysiaque pour sentir et votre choix apollinien dans le style, parlent de la condition humaine paradoxale? -Ah! Les humains! Pendant des années, je n’ai
pas compris la capacité de l’homme pour produire de l’horreur, la
cruauté, le mensonge, la torture… et je continue sans comprendre, mais
à présent je sais que «cela» constitue aussi la
condition humaine. Quant à moi, oui… je suis dionysiaque pour sentir.
Je me réjouis et souffre d’intensité. Je suis esclave de la
beauté et mon propre esclave, dans l’amour pour les autres et dans
mon désir ardent de lumière. Vous savez… l’indifférence
est mort et j’aime la vie. Mais la vie de tous. Alors, je m’engage jusqu’à
l’os de l’âme, et je vis en implosion, et j’éclate à l’intérieur,
et j’agonise et renais plusieurs fois dans un seul jour. Et c’est vrai que
je suis apollinienne dans le style, mais, dans cette mer apparemment calme
de mon langage à la télé ou de ma parole écrite,
il y a une tension spirituelle qu’on respire. -L’interview journalistique a ses secrets. Percer l’interviewé, on l’apprend tout en le faisant et en le ressentant? Voyons… Comment vous répondre tout simplement?
Disons qu’une interview est, montrer la multitude de chaque homme en
particulier, avec ce qui le stimule et qui l’angoisse, sous sa vie d’homme,
tout ce qu’il allume, son espoir et son sang son histoire et sa douleur.
Vous vous rendez compte? J’ai fait trois mille interviews, j’ai un livre presque
fini sur ses techniques et secrets, et j’ai été enseignant de
cette discipline, mais je vous ai répondu avec des mots de Paul Éluard.
Et maintenant, les miens se lient avec les siens. Qu’est-ce que les voyages représentent pour vous? Ils signifient être un fouineur de crépuscules et d’aubes, de vies et de rêves d’autres êtres. Je suis nomade et sédentaire en même temps. Nomade, les gens que j’aime, l’art et les cieux des autres pays sont mon pays sans géographie. Sédentaire, je peux paraître presque autiste, parce que j’ai besoin d’être avec moi et chez moi, seule et en silence.- Me trouver-. Mais, il y a deux lieux où mon âme s’étend. Paris et la mer. C’est un mystère -Qui a guidé le choix de «sève» - une section de votre Web – nourrie par Paul Éluard, Baudelaire, Borges, Vilariño, Whitman, Lennon, Monet, Pessoa, Pizarnik, Vallejo, Rimbaud, entre autres? Ma propre soif. -D’où surgit cette soif perpétuelle? Ce seront les pierres et la brise de Córdoba, les muses d’une telle curiosité accumulée? Je ne sais pas… je ne sais pas tant. Je sais que la soif est la respiration de mon âme. C’est la passion de l’absolu, qui vient accompagnée du vertige de l’absolu, d’après aussi «mon» Louis Aragon. C’est cela de Pedro Salinas… “quiero sacar de ti tu mejor tú / ese que no te viste y yo te veo....”* Je ne sais que la soif, qui embrasse et embrasse des valeurs, poésie et vie, est mon matériel de résistance spirituelle. -D’après vous, écrire est donner de la voix au silence. Comment avez-vous appris à l’écouter? Je n’ai pas appris, talentueuse et sensible Claudia, mais je l’écoute par instants qui sont souffles d’éternité. Chez les autres, je l’essaie, et dans ce désir se concentre toute ma vie. «Qu’est-ce qu’un feuillet?», dit une poésie russe. «C’est quelque chose que tu ne peux pas la tourner jusqu’à ce que tu ne sors pas la dernière ligne de toi-même». Il est question de ceci. Regardez, pour écrire, je préfère des verbes et des noms, et j’abomine des adjectifs et articles. Et je veux cela pour moi: être nom nu, verbe pur. Ce n’est pas facile, mais il est un chemin à construire, de dépouillement et d’intériorité. Pourvu que l’âme me soit prodigue. Et que l’art, qui modifie la vie, continue à m’embrasser. Pour qui sonnent les cloches? Aujourd’hui, les cloches sonnent dans le monde pour
tant de mort, tant de douleur et tant de folie assassine. Mais un jour elles
entonneront un chant de la plénitude humaine. Alors, comme je le dis
dans mon poème «Semences», l’Ode à la Joie de
Schiller, la Neuvième de Beethoven, seront l’hymne de tous les justes
dans la terre. -«Quelles semailles faisons-nous dans le cœur de l’homme?», vous vous demandez dans votre web. Quelles sont les vôtres? J’essaie de semer de la bonté et de la transparence, parce que j’aime les cristaux. Mais, pour mes semailles, d’abord je travaille avec moi et essaie d’être chaque jour meilleure personne. Cependant, je ne suis pas l’indiquée pour parler de ceci. -Qu’est-ce que l’engagement? C’est la seule manière de vivre. Je ne connais pas d’autre. S’engager est aimer. -Les poètes sont d’innocents écrivains d’innocences? L’innocence, concept tellement maltraité, est
un de mes mots et l’un de mes défis, quoiqu’il y ait plus de questions
que de réponses par rapport aux artistes. Ezra Pound a été
innocent, accusé de fasciste? Borges a été innocent
quand, en pleine dictature criminelle, il a dit qu’il nous fallaient encore
cent ans de «gouvernement» militaire? Les exemples abondent et
je ne peux pas généraliser. Les «miens», Paul Éluard,
Miguel Hernández, Robert Desnos, Louis Aragon, Celan, Whitman…, et
suivent les signatures, ils n’ont pas été naïfs, mais
si innocents, et ils ont écrit l’innocence. Ils ont écrit leur
soif d’un monde de liberté, toujours verticaux face à tous
les hivers et toujours avec leurs yeux à l’Azur. -Que sont les masques? -Le mensonge. Le Pouvoir. La réussite au lieu
du triomphe. Le besoin d’être, coûte «gagnant». Et
il y en a plus.-Qui donne à la poésie des ailes pour voler,
des échos pour se faire entendre et des clairs-obscurs pour regarder?-Je
ne sais pas. Je sais que la poésie est la révolution de Dieu. Enseignes rompues, masques défaits -Journaliste diplômée de l’École
Supérieure de Journalisme (Escuela Superior de Periodismo) de la ville
de Córdoba, Cristina Castello est synonyme de journalisme dans les
milieux graphiques, de la radiodiffusion et de la télédiffusion. -À la radio, elle a été chroniqueuse
d’«Amanece que no es poco» et animatrice de «Convengamos
que… con Cristina Castello». -À la télé, elle a fait jusqu’à
mars 2001, son émission «Sin Máscara» «avec
accent sur la culture – toujours poésie toujours – mais traversée
par la vie». -Celle qui a été enseignante de l’Interview
journalistique est conseillère éditoriale et chroniqueuse de
«Página Digital» (www.paginadigital.com.ar) et
travaille pour d’autres médias du Net, quelques journaux de papier
de Madrid, Paris, Rome, Pérou, Portugal, et d’autres pays. Cinq livres
en procès de réalisation attendent mourir dans les imprimeries.
Et comme s’il serait peu, elle se laisse découvrir dans www.cristinacastello.com (C.S.L.) *“je veux tirer de toi ton meilleur tu / celui
que tu n’as pas vu et moi, je te vois....” info@cristinacastello.com Cristina Castello est argentine et s'exprime en français:
"j'apprends la langue française que
j'aime..."
"Aujourd'hui" se renouvelle
chaque jour. 2005 - Parution « Soif
» , par Christina Castello - Recueil de poèmes /
Dessins originaux d'Antonio Seguí pour « Soif » dans la collection " Poètes des 5 Continents" . L'Harmattan, 5- 7 rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris. |
Créé le 1 mars 2002
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