Richard
Desjardins naît à Rouyn-Noranda en
1948. De 1975 à 1982, il est leader, compositeur,
interprète et pianiste québécois pour
le groupe Abbittibbi, qui fait la tournée des cabarets, bars et
salles de
spectacle. L'ensemble fait paraître un disque éponyme dont
certaines chansons,
signées par Desjardins, seront reprises par lui en cours de
carrière.
En 1988,
il enregistre son premier disque solo, Les
derniers humains, qu'il finance
lui-même par la vente de l 000 parts de 10 dollars en
prévente. Ses
compositions tournent d'abord dans les radios communautaires.
Il compose et
dirige la trame sonore du film Le
party, de Pierre Falardeau, dans lequel il
interprète sa composition " Le screw ", et donne une
série de
spectacles au Club Soda de Montréal où il reçoit
un accueil élogieux de la
critique (1990).
Fort de ce succès, il lance son deuxième disque, Tu m'aimes-tu (you tube)
(1990), enregistré en deux jours à la Chapelle du Bon
Pasteur sur le fameux
piano de marque Fazioli. Toutefois, Desjardins doit encore avoir
recours à la
souscription pour le produire.
Il remporte le Prix de la chanson d'expression
française pour sa performance au Festival d'été de
Québec (1990) et effectue
une tournée à travers la province. Il mérite aussi
les Félix de
l'auteur-compositeur et du disque de l'année au Gala de l'ADISQ
(1991). En
décembre, il reçoit la médaille Jacques-Blanchet
pour la qualité de son oeuvre.
L'accueil des Français au Festival de La Rochelle se veut aussi
sans équivoque.
Desjardins publie quelques recueils de textes et collabore à
plusieurs reprises
avec l'industrie filmique et théâtrale pour
l'écriture, l'arrangement ou
l'interprétation de trames musicales. Il a également
travaillé avec d'autres
artistes comme René Lussier (Le trésor de la langue).
La maison est Ouverte
Quelques chansons
Paroles : La maison est ouverte
Prends le sentier
derrière les jalousies des villageois
Le vent d'une seule main
y secoue la forêt.
À la montagne, mets des ailes
Au mur, pense à elle
Le diable fera claquer ses doigts
et quand tu entendras le hurlement
du loup tranchant la gorge du chien,
tu verras alors les étoiles précises
des feux sur l'autre rive
La lune arrêtera sa course
C'est le signal. Traverse.
La voie est libre comme toi.
Je t'envoie l'escorte de vierges.
Le mot de passe :
" Né pour aimer. "
Ils versent un pauvre miel
sur leurs mots pourris.
Ils te parlent de pénurie
et sur ta faim, sur tes amis,
ils aiguisent leur appétit
Leur haleine brûle l'air
comme la chaux
sur le pain
La beauté que tu oses ,
ils la saluent encore
d'un grognement de porc
fouillant dans l'auge.
Ils ont raison
comme des cadavres
et la vie les a coulés
Ils ont tout
mais ne sont
que le ciment du havre
Toi qui marches sur les tessons
du concret,
viens boire cette bouteille
pleine de clarté,
coulant comme un secret
sur les lèvres des amants
Sous l'aile du huard
Le lac a calé
C'est le moment
Ce que tu trouves,
tu le gardes pour toi
" Ce qui n'est pas donné est perdu. "
N'entends-tu pas battre ton coeur
dans le sourd tambour de la terre ?
Nous sommes les bêtes noires de l'ennui
C'est toi mon pain béni
Nous sommes la prairie,
le feu, le vent
Et nous sommes vivants
Il est temps d'apaiser
cette fleur de la peur
qu'on appelle le monde.
Nous sommes cueilleurs,
le fruit est la Loi.
C'est nous le roi
et tout est là
Le reste meurt ailleurs
au fond de voûtes carsidérales
Un chant millénaire monte dans l'air
La lampe, le lit, la nuit t'attendent
Viens voir jusqu'où
le ciel peut couler
quand la terre est une offrande
Et sur la nappe de toile
tendue comme une voile,
un navire de paix
La maison est ouverte.
Les femmes-corsaires
ont mis le feu
aux galères de la nuit,
l'armateur aux fers
j'éteins le phare,
la fanfare dort
On peut parler.
Paroles: Michel X. Côté, Richard Desjardins.
Musique: Richard Desjardins
Le coeur est un oiseau
Par delà les frontières
les
prairies et la mer
dans
les grandes noirceurs
sous le
feu des chasseurs
dans
les mains de la mort
il
s'envole encore
plus
haut plus haut
le c'ur
est un oiseau.
Dans
les yeux des miradors
dans
les rues de nulle part
au
milieu des déserts
de
froid de faim et de fer
contre
la tyrannie il refait son nid
plus
chaud plus chaud
le c'ur
est un oiseau.
Ce
n'était qu'un orage
ce
n'était qu'une cage
tu
reprendras ta course
tu iras
à la source
tu
boiras tout le ciel
ouvre
tes ailes
Liberté
Liberté
Liberté
***
Les yankees
La nuit dormait dans son verseau, les chèvres buvaient au rio
Nous allions au hasard, Et nous vivions encore plus fort
Malgré le frette et les barbares
Nous savions qu'un jour ils viendraient, à grands coups
d'axes,
À coups de taxes
Nous traverser le corps de bord en bord,
Nous les derniers humains de la terre
Le vieux Achille a dit: «À soir c'est un peu trop
tranquille
Amis, laissez-moi faire le guet. Allez! Dormez en paix!...»
Ce n'est pas le bruit du tonnerre ni la rumeur de la rivière
Mais le galop de milliers de chevaux en course
Dans l'oeil du guetteur.
Et tout ce monde sous la toile Qui dort dans la profondeur:
«Réveillez-vous! V'là les Yankees, v'là les
yankees
Easy come, Wisigoths, V'là les Gringos!
Ils débarquèrent dans la clairière et
disposèrent leurs jouets de fer
L'un d'entre eux loadé de guns s'avance et pogne le
mégaphone
«Nous venons de la part du Big Control, Son laser vibre dans le
pôle,
Nous avons tout tout tout conquis jusqu'à la glace des galaxies
Le président m'a commandé de pacifier le monde entier
Nous venons en amis
Maint'nant assez de discussion et signez-moi la réddition
Car bien avant la nuit, nous regagnons la Virginie!»
V'là les Yankees, v'là les yankees
***
Easy come, Wisigoths,
V'là les Gringos!
«Alors je compte jusqu'à trois et toutes vos filles pour
nos soldats
Le grain, le chien et l'uranium, l'opium et le chant de l'ancien,
Tout désormais nous appartient
Et pour que tous aient bien compris, je compterai deux fois
Et pour les news d'la NBC:
«Tell me my friend, qui est le chef ici? Et qu'il se
lève!
Et le soleil se leva.
Hey Gringo! Escucha me, Gringo!
Nous avons traversé les continents, des océans sans fin
Sur des radeaux tressés de rêves
Et nous voici devant vivants, fils de soleil éblouissant
La vie dans le reflet d'un glaive
America, America, ton dragon fou s'ennuie
Amène-le que je l'achève,
Caligula, ses légionnaires,
Ton président, ses millionaires
Sont pendus au bout de nos lèvres
Gringo!
T'auras rien de nous
De ma mémoire de titan, mémoire de 'tit enfant:
Ça fait longtemps que je t'attends.
Gringo! Va-t-en! Va-t-en
Allez Gringo! Que Dieu te blesse!
La nuit dormait dans son verseau, les chèvres buvaient au
rio,
Nous allions au hasard et nous vivions encore plus fort
Malgré le frette et les barbares.
***
L'UQÀM a remis un doctorat
honoris causa à Richard Desjardins lors de la session de
clôture du 5e Congrès mondial d'éducation relative
à l'environnement, le 13 mai 2009. Par ce geste,
l'Université a voulu souligner l'apport exceptionnel de cet
artiste dans la lutte pour la justice sociale, et sa contribution
essentielle à l'avènement d'une
éco-société.
Site de l'UQUAM : uquam.tv (Videos où Richard
Desjardins explique son engagement pour l'environnement)
Voir
sur son site,
sa participation par ses films :
- Trou Story
(dossier minier,impact sur l'environnement et la santé des
travailleurs)
- L'erreur
Boréale (sauver nos forêts,
déforestation canadienne)
- Le peuple invisible (donne la
parole aux algonguins (oubli et déni de leur existence)
Merci à Jean-Marc
Lafrenière(qui fut pendant quelque temps, trop
bref,
membre du comité de Francopolis) à qui je dois de
m'avoir révélé le poète et musicien Richard
Desjardins par le biais de son site vers lequel je reviens
régulièrement et où j'ai toujours l'impression de
me trouver dans la caverne d'Ali Baba de la poésie francophone.
Je recommande sésame en bouche aux lecteurs de Francopolis
les plus férus de découvertes hors des sentiers battus de
s'y rendre :LaFreniere&poesie . (André Chenet)
Richard
Desjardins par
André Chenet pour
Francopolis Juin 2013