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UN ALLER POUR...

LE TAUDIS DES BLASPHÈMES

Visite désorganisée de Sitaudis.com

par Teri Alves

 

 


Je vous rassure, ça ne risque pas d'être long, car les fêtes de fin d'année - à l'heure où j'écris, le Père Noël doit déjà s'envoyer mémère et l'ami Sylvestre est attendu dans quelques jours, lui et ses foutues résolutions - les fêtes de fin d'année, disais-je, s'avèrent trop copieusement rudes pour le bon fonctionnement de mes maigres facultés intellectuelles.
Dans le souci de vous épargner l'éventuelle lecture de ce qui va à priori suivre, je vous indique l'adresse de l'endroit dont il va être question : www.sitaudis.com.

J'ignore si je vais avoir le recul nécessaire pour vous vanter les mérites d'un site qui propose deux liens en bas de page, « ce qu'on pourra trouver » et « ne pas trouver dans ce taudis », sachant que la plupart des auteurs de la seconde catégorie est ostensiblement exposée dans ma bibliothèque, alors que ceux faisant partie de la première me sont au mieux inconnus (comprenez jamais lus encore), exceptés Quintane, Beck ou Prigent, ou bien sans aucun intérêt (Pennequin).
Et mieux encore, je m'intéresse à Sitaudis depuis ce jour où, cherchant quelques renseignements sur le dernier recueil de Matthieu Messagier, l'ami Google (prononcez gohogleu, nous sommes sur Francopolis tout de même) me racole avec une brève provenant de ce site. Et là je me retrouve nez à nez, abruptement, avec une critique assez sévère, qui m'a littéralement choqué (solidarité entre « trop peu scolarisés »), moi l'admirateur le plus exagéré, façon « adolescente peu cérébrée », du poète de Trêlles. Imaginez-vous entrer en hurlant dans une église un dimanche matin pendant la messe, courant jusqu'au curé pour lui gueuler à deux centimètres du visage, dans une gerbe de postillons mal intentionnés et refoulant peu tolérablement le whiskey bon marché, « GLOIRE A SATAN », l'expression que prendra alors son visage vous donnera une petite idée de ce à quoi je ressemblais après lecture de ce billet.
Puis l'évidence a commencé à faire son petit bout de chemin, c'est la première fois que je lisais quelque chose de peu élogieux sur Messagier. Et si ne pas maudire sur 82 générations l'auteur de ce blasphème était, est et sera au dessus de mes forces, je me devais de reconnaître l'indépendance, l'honnêteté et l'absence de compromis du propos.

Indépendance, honnêteté, absence de compromis, ce pourrait être la devise placardée à l'entrée de Sitaudis, pas de place ici pour la posture, l'artificiel, le « pencher la tête de 20 degrés sur la droite et prendre un air sombre n'accentuerait-il pas mon côté poète insoumis sur la photo ? », pas de tout cela dans ce taudis.

Le site, par son aspect graphique, illustre cet état d'esprit, dès la porte poussée : aucune fioriture esthétique, pas de petites loupiottes qui clignotent hystériquement dans tous les coins, pas d'animations flash interminables. Place est laissée à la découverte des écritures, la page d'accueil est certainement l'une des plus richement dotée en hyperliens au pixel-carré sur tout le web. Ce qui paradoxalement n'alourdit pas la navigation, bien au contraire.

Le but de Sitaudis est de ramener les lecteurs à la poésie, bon courage les gars, en accueillant sur ses pages des poètes contemporains confirmés ou en voie de le devenir, citons outre ceux déjà cités plus haut, Julien d'Abrigeon, Anne-James Chaton, Jean-Gabriel Cosculluela ou encore Chloé Delaume. Le visiteur, ainsi hameçonné, peut ensuite se renseigner sur les parutions récentes, revues et livres, ou faire un crochet par la page des liens qui propose des ressources intéressantes et variées (poètes, sites, éditeurs, revues…) bien qu'insuffisamment nombreuses pour les gros appétits comme le mien. Ou encore lire les articles, nommés pour la circonstance et tout à fait justement « excitations », parfois rédigés par les poètes eux-mêmes, et qui présentent selon moi l'intérêt principal du site, en ceci que les plus enthousiastes comme les moins aimables de ces excitations éveillent la curiosité et poussent à aller à la découverte de la poésie en train de s'écrire. On ne saurait en attendre moins de la part d'une (bonne) adresse qui se définit comme « le premier site de poésie comparative ». Plus qu'à juste titre. Matthieu me pardonnera.

 

Post-article de l'article :

Calendrier ne saurait mentir, nous sommes le 25 janvier, presque un mois depuis avoir commencé la rédaction de cet article. Moyenne constatée : 24 mots /jour. 1 /heure. Mon prochain article sera un haïku, je m'y mets tout de suite, rendez-vous au mois de mai.





Par Teri Alves
pour francopolis
Février  2005 




Créé le 1 mars 2002

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