Il y a le temps dans
notre poche, le temps des liens, le temps d'un fleur si petite. Le
monde est un parfum au regard d'enfant, doucement à
l'attachement simple la trace invisible des attentives pensées.
Petites mains du lien, demain je serai là, fleur offerte
à ton réveil, à toi mon père, que je ne
rencontre guère. Demain sera. Que ton regard s'arrête,
prennent ma main, touche la fleur que mon coeur a caressée,
demain que ton regard s'arrête. Où est notre printemps ?
Où est la fleur perdue ?
Le temps ne dit
rien. Combien de temps pour sortir du nid ? Si l'enfant de l'homme
tombe du nid sans savoir se nourrir ? Il rit ? Cela suffit ? Il vit
l'enfant de son regard sans fenêtre chaque instant est un
présent auquel il suffit de sourire pour ne pas savoir que le
temps passe. L'enfant ne sait pas raconter des histoires, sa
mémoire s'envole sur des chemins de bonheur, son aventure le
rassasie. Notre monde est un labyrinthe. L'enfant dans la nuit cherche
l'étoile guide de son chemin, il lui faut des regards par
paires, deux paires!
Mannequin dans la
vitrine tu nous regardes. Bien habillé, jamais tu ne clos ton
regard, nous, on passe sortilège agité, tu restes
impassible face au soleil sans que tes paupières ne clignent,
statufié tu défies le temps de tes
méditations solitaires, le pas, le geste figé d'une danse
offerte aux passants. Stoïque, muet, parfait.
Connais-tu le moule dont tu viens ? Les mains dosant la chimie de ton plastique
? La pression silicone ? Le ponçage attentif ? Il faut bien que
douce soit ta peau au néon des passants.
Mercredi 19 novembre 2008
"aller au cinéma" un
soir souvenir attachés au film " danse avec bachir"
Le temps est
passé sur la pluie. L'ombre des arbres borde la rive gauche
ducanal des Grands Moulins, parking zone bleu le long du trottoir, les
même traces grises sur le sol, rien n'a changé.
19h30, il fait nuit, c'est l'automne bien avancé des horaires
d'hiver, le soleil se couche tôt, dernier film.
Dernier temps qu'on
ne connait pas. Si on savait que dans l'infini de nos pas, il arrivait
un moment qui prend racine sous vos yeux, peut-être
on ne voudrait pas savoir, peut-être ne serait-on pas "aller au
cinéma". Ce soir là. Affronter la pluie, la vie nuit d'un
gris pluie. Où traverser ? En coupant d'obliques la
chaussée. Personne à cette heure pour passer ! Comment
peut-on savoir quand l'idée qu'on se fait de l'avenir recoud
rejoint l'idée toute faite du quotidien. Ça avance sans
rien marquer sur la poussière des pierres, on marche côte
à côte sans savoir avec qui, avec quelle ombre, avec quel
souffle, avec quelle guerre on marche. Marcher interroge nos jambes et
la tête oublie de rire aux mots qui ne sont pas prononcés.
Il ne reste malgré tout que des mots pour qu'un souvenir
émerge. Aux mois passés pour venir frapper l'écran
d'un présent où le lit défait ne dit plus rien
d'un commun exalté. On traverse toujours pour "aller au
cinéma". Toujours le même film, plus jamais les
mêmes images. L'automne à l'heure d'hiver est encore
là. Rien ne change aux apparences tenues des géographies
dramatiques.
Le film d'hier n'est plus à l'affiche. Les
couleurs se sont mélangées. Temps, pluie, soleil ont fait
leur affaire au titre d'un jour. Je reviens et ma main parcoure
les images animées d'une histoire qui cherche la source d'un
regard. L'envie de sa vie. Le présent de ses larmes , l'oubli
d'une guerre. L'oeil du passé accroché à la peau
et l'été de ma vie qui revient dans la gorge. Part de
l'autre et s'éloigne le temps, en refrain.
Philippe
Vallet
pour francopolis mai 2009