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Spécial mai 2009


impact du film par Philippe Vallet
Flower in the pocket
Liew Seng - Tat 97'




Il y a le temps dans notre poche, le temps des liens, le temps d'un fleur si petite. Le monde est un parfum au regard d'enfant, doucement à l'attachement simple la trace invisible des attentives pensées. Petites mains du lien, demain je serai là, fleur offerte à ton réveil, à toi mon père, que je ne rencontre guère. Demain sera. Que ton regard s'arrête, prennent ma main, touche la fleur que mon coeur a caressée, demain que ton regard s'arrête. Où est notre printemps ? Où est la fleur perdue ?

Le temps ne dit rien. Combien de temps pour sortir du nid ? Si l'enfant de l'homme tombe du nid sans savoir se nourrir ? Il rit ? Cela suffit ? Il vit l'enfant de son regard sans fenêtre chaque instant est un présent auquel il suffit de sourire pour ne pas savoir que le temps passe. L'enfant ne sait pas raconter des histoires, sa mémoire s'envole sur des chemins de bonheur, son aventure le rassasie. Notre monde est un labyrinthe. L'enfant dans la nuit cherche l'étoile guide de son chemin, il lui faut des regards par paires, deux paires!

Mannequin dans la vitrine tu nous regardes. Bien habillé, jamais tu ne clos ton regard, nous, on passe sortilège agité, tu restes impassible face au soleil sans que tes paupières ne clignent, statufié tu défies le temps de tes méditations solitaires, le pas, le geste figé d'une danse offerte aux passants. Stoïque, muet, parfait. Connais-tu le moule dont tu viens ? Les mains dosant la chimie de ton plastique ? La pression silicone ? Le ponçage attentif ? Il faut bien que douce soit ta peau au néon des passants.

Mercredi 19 novembre 2008
"aller au cinéma" un soir souvenir attachés au film " danse avec bachir"
Le temps est passé sur la pluie. L'ombre des arbres borde la rive gauche ducanal des Grands Moulins, parking zone bleu le long du trottoir, les même traces grises sur le sol, rien n'a changé. 19h30, il fait nuit, c'est l'automne bien avancé des horaires d'hiver, le soleil se couche tôt, dernier film.
Dernier temps qu'on ne connait pas. Si on savait que dans l'infini de nos pas, il arrivait un moment qui prend racine sous vos yeux, peut-être on ne voudrait pas savoir, peut-être ne serait-on pas "aller au cinéma". Ce soir là. Affronter la pluie, la vie nuit d'un gris pluie. Où traverser ? En coupant d'obliques la chaussée. Personne à cette heure pour passer ! Comment peut-on savoir quand l'idée qu'on se fait de l'avenir recoud rejoint l'idée toute faite du quotidien. Ça avance sans rien marquer sur la poussière des pierres, on marche côte à côte sans savoir avec qui, avec quelle ombre, avec quel souffle, avec quelle guerre on marche. Marcher interroge nos jambes et la tête oublie de rire aux mots qui ne sont pas prononcés. Il ne reste malgré tout que des mots pour qu'un souvenir émerge. Aux mois passés pour venir frapper l'écran d'un présent où le lit défait ne dit plus rien d'un commun exalté. On traverse toujours pour "aller au cinéma". Toujours le même film, plus jamais les mêmes images. L'automne à l'heure d'hiver est encore  là. Rien ne change aux apparences tenues des géographies dramatiques.
Le film d'hier n'est plus à l'affiche. Les couleurs se sont mélangées. Temps, pluie, soleil ont fait leur affaire au titre d'un jour. Je  reviens et ma main parcoure les images animées d'une histoire qui cherche la source d'un regard. L'envie de sa vie. Le présent de ses larmes , l'oubli d'une guerre. L'oeil du passé accroché à la peau et l'été de ma vie qui revient dans la gorge. Part de l'autre et s'éloigne le temps, en refrain.



Philippe Vallet
pour francopolis mai 2009

Créé le 1 mars 2002

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