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"Un an , quarante-sept vendredis"
de Francine-Guréghian Salomé

aux Éditions Associatives Clapàs, Millau (France), 2001

par Stéphane Méliade




"Vendredi. C'est la fin de. Le début de.

Le prolongement de tout"

25 août 2000



Est-ce un pur hasard si l'auteure de ce recueil porte un nom qui ressemble un peu à celui du cinéaste de "Marius et Jeannette" ?

On peut se le demander en parcourant, dans l'ordre ou bien en picorant, les vendredis de Francine. Rien qu'à lire le titre, on a déjà lu tout un livre, superposé à celui de l'intérieur des pages.

C'est que nous aussi, nous avons nos vendredis.

Nous avons vécu les mêmes qu'elle, à se demander si elle ne nous raconte pas tout autant qu'elle se raconte, elle.

"Vendredi. Les lettres sont postées le ménage est fait.

la solitude permet de chanter aussi fort que je sais

la caddie est prêt les courses vont ressembler

à un ballet fantastique

je me fiche de mon genou qui croit m'impressioner

je me fiche de lui qui fait partie de moi".

26 janvier 2000


Entre le 17 mars 2000 et le 16 mars 2001, Francine Guréghian Salomé est morte et née de nombreuses fois. Et elle l'a écrit, quelques lignes seulement chaque semaine, comme s'il ne fallait pas aller trop loin dans la révélation d'un secret.

Chaque vendredi, elle a "trouvé la vie", comme on dirait "elle a trouvé la mort".

Parfois, c'était glorieux, parfois c'était dérisoire. Cela dépendait de l'espèce du jour, de la qualité de vendredi qui se présentait à elle, et de sa qualité à elle face à ce vendredi.

Elle a changé des draps, respiré fort, tué des rêves, assemblé des choses séparées pour qu'elles deviennent jointes, et elle a même coupé ses cheveux :


"Vendredi. j'ai dit à l'homme qui embellit les femmes

j'ai très mal au dos.

mon corps ne me ressemble plus

(ça, j'aurais aimé le lui dire)

mets tes ciseaux dans mes cheveux pour me faire croire que

je suis à l'endroit

et ce ne furent que quelques cheveux tombés

au sol"

29 septembre 2000



Ce recueil est le contre-CNN, l'antidote à Fox News. C'est une vraie vie à appliquer sur ses yeux, un produit de beauté imprimé. Parce qu'il est modeste, parce qu'il ne parle de rien d'autre que de ces escaliers à descendre et remonter sans cesse, de ces tissus jamais tout à fait coupés pour nous.

Et de ces corps qui ne se tiennent jamais tout à fait droits.


En refermant le recueil, je reviens instinctivement à "Marius et Jeannette" et j'entends très disctinctement Ariane Ascarides dire "Quand je me tiens droite, j'ai mal".

Francine Guédighian-Salomé le dit aussi à sa manière :



"Vendredi. mon amour me dit

tu vois tu perds ton sang froid

moi je crois que je perds mon sang


je me fiche de mon genou qui croit m'impressioner

je me fiche de lui qui fait partie de moi".

5 mai 2000



Que rajouter, sinon que ces 47 vendredis de femme possèdent toute la puissance d'évocation pour nous faire imaginer en plus les jeudis qui les ont engendrés et tous les samedis qui naîitront d'eux.

Stéphane Méliade

Un an, quarante-sept vendredis, Francine Guréghian-Salomé, collection "Les ami(e) à voix", Éditions Associatives Clapàs.









 

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Créé le 1 mars 2002

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