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de poètes du monde entier.

"L'Instant démesuré"
de Gertrude Millaire

par Isabelle Servant. 

J'ai envie de lancer ces quelques modestes mots à propos du recueil de Gertrude Millaire, "l'Instant Démesuré", un livre paru en 1996 aux éditions En Marge, Trois-Rivières, Québec. 

L'Instant démesuré, c'est une voix qui parle de loin et qui dit, comme si elle était en moi-même : 

" Comme une mer 
porte sa vague 
je te porterai en moi 
toute une vie 
toute une vie accrochée 
aux heures silencieuses 
nourrie par la présence de ton pas 
quand l'absence délire 

Je te porterai en moi 
toute une vie 
comme folie délirante 
et mes mots emmêlés 
s'accorderont au rêve 
sur un air indompté " 

C'est une voix de femme, comme j'aime entendre les voix de femmes, les voix d'hommes nous entourent, nous pénètrent, nous déroulent,  nous éveillent, mais c'est un autre versant que d'entendre ces autres soi-même parler de ce que nous connaissons  un peu moins mal. 

Ces regards de beauté 

" Elle voyage toujours dans mon regard 
comme un instant démesuré 
ses traînées filantes 
retombées dans le paysage voisin " 

ces regards de nature miroir 

" toute cette brume autour de la lumière 
venue éteindre le phare 
d'une nuit à la dérive " 

ces regards d'amour et de silence 

" dans la démence du cour 
venue rêver son absence 
en ce désert interdit 
quand les étoiles même se taisent 
et se lovent 
au creux du mot amour " 

Gertrude Millaire parle le langage de l'intime, du non-dit et pourtant de l'évidence, de la caresse et pourtant de la passion. J'aime son voyage où  il fait ce drôle de temps ensoleillé des pensées, et pourtant 

" a-t-on idée de se promener 
comme ça sous la pluie ? " 
 

Oui, il y a des nuits comme ça 
 

" Il y a des nuits comme ça 
des nuits sans lune 
où les fleurs gonflées 
dans la chaleur de l'attente 
imaginent une présence 
devant les fenêtres closes " 
 

Isabelle Servant