Ressentiriez-vous ne serait-ce qu’un peu de cette nostalgie qui transpire des
assonances internes en L2, “blême/emblème”,
et des échos
éloignés “en/an” et “eyrou/ayrou” ?
L’Instant de Guerlain,
appeau vaporeux – ma peau
d’automne opalin.
Trois
assonances allitératives en “apo”
et un imprévisible retournement en “opa”.
Un kigo, la pâleur de l'automne reflète ma peau pâlichonne et évanescente…
Notez que
les sonorités collent à chaque scène et sous-tendent une ambiance appropriée.
Attention, la rime peut mener à l'artificiel – et je ne suis pas sûr d’éviter
un tel écueil.
La seule chose que je sais, c'est qu'il s’agit d’un reflet d’une profonde
sincérité.
Francis Tugayé
Tarbes, le 9 janvier 2010
* Quelques retouches
les 11 mai et 21 juillet 2010
notamment
dans l'expression “essais haïkuesques” en lieu et place de “tentatives”
Première version publiée dans Ploc revue n° 11 (janvier 2010)
éditée par l’Association pour la
Promotion du Haïku
(accès
gratuit aux lettres et aux numéros de la revue Ploc)
un haïga
NOTES
(à l’attention des lecteurs qui découvriraient le
“haïku”)
Généralement
un haïku s'articule autour de « deux expressions » qui se renforcent
mutuellement : ambiance appropriée, contraste, paradoxe, redite...
Tentez
d'articuler vos haïkus autour de « deux expressions » et donnez-leur un coulé
naturel. Évitez trois expressions qui dispersent l'attention du lecteur.
Un haïku est
un peu comme un éventail où les branches se raccrochent à un seul rivet.
Mis à part
les traductions/interprétations sujettes à caution, les haïkus japonais “ en
phrase repliée ” ont souvent « un effet de zoom » pas évident à cerner. Par
exemple (en simplifiant), des cimes des montagnes jusqu'au menu galet – dans un
sens ou dans l'autre.
Un haïku est
« un instantané » à l'instar d'une photo bien composée ; il est bien d'en faire
ressentir l'espace entre avant-plan et arrière-plan (ou vice versa).
C'est
l'espace dans lequel le lecteur est susceptible de se glisser..
La forme
5/7/5 est (relativement) plus facile à atteindre dans la langue française,
toutefois cela devrait nous éviter toute contorsion ou cheville inutile.
À proprement
parler, il n'y a pas de « vers » dans un haïku qui, en fait, est un monostique.
La
disposition, le plus souvent en trois lignes, est une convention occidentale
pour en faire percevoir la rythmique.
Au Japon les
haïkus s'écrivent sur une seule ligne (verticale), la rythmique est le plus
souvent dictée par la forme 5/7/5 ancrée depuis des millénaires dans les
oreilles nippones.
Certains
phonèmes jouent le rôle de la pause (kireji) sans avoir un sens bien précis.
En conclure
que les haïkus occidentaux n'ont pas de « vers » et que les retours à la ligne
n'impliquent pas forcément une majuscule s'il s'agit de la suite d'une
expression.
Personnellement
– un entendement qui ne s'impose qu'à moi-même –, je tends à me contenter de
« perceptions concrètes » issues de nos seuls « cinq sens ».
Le haïku est
l'art de suggérer une impression sous-jacente, une impression plus ou moins
déductible par le lecteur sans la lui imposer explicitement.
Il est
difficile de faire ressentir une impression, une sensation, une émotion ; au
lecteur de ressentir selon sa perception des choses et son humeur du moment.