A qui appartient la
langue ? Elle pourrait être couleur femme ? Quel est ce besoin de
mettre en nom, de nommer des identités singulières.
Désigner ? Identifier ? Montrer ? Séparer ? Colorer ?
L’homme de la femme alors qu’humains ils sont ? Que langue nous sommes
dans nos échanges intimement mélangés. Que serait
un monde sans l’un ou sans l’autre : possible aujourd’hui. Est-ce le
côté animal inclus dans notre histoire, dans nos dents,
dans nos griffes dans nos poils, le prédateur, le responsable
masculin projette sur le monde son ombre à l’arborescence
compulsive, protéger son territoire et tenir bon champion SA
femme dans SES branches, assurer ainsi à tout prix la
descendance de la possession, il est debout sur son tronc fort et
rugueux, immuablement.
Elle de son aire au repos et viendrait poser ses plumes dans le nid construit ?
A nos mains la caresse
à nos mots la tendresse.
voici une anthologie
petite petite
sortie de mon clavier
le sourire des printemps
les mères enfantent
le monde de nos élans
Philippe Vallet
***
Odile Caradec
Avoir un sac à dos plein de pierres
plein de feu
une couronne d’aérolithes
La femme se débarrasse de sa besace
dans l’arrondi de la campagne
elle met bas ses chaussures
fourre deux oiseaux dans sa gorge
du vieux moulin ne fait qu’une bouchée
Tourne le soleil avec l’ancolie
la mauve je la réserve pour le retour
le long des sources dévalantes
Hume le noyer sans noix futures !
(il a gelé à pierre mordre cet hiver)
Vive le vent ! la vieille sous son chapeau
mesure la détresse de ses pieds très abîmés
par un monde sans pitié
Elle se souvient du nouveau-né
dans la corbeille près du puits
de l’âne extrêmement naïf auprès de l’âtre
de la pipe fumée, lente sous les solives
le monde est un citron pressé
Le monde est une olive..
les moines solaires ( éditions associatives Clapas)
Jaqueline Saint-Jean
On cherche un mot, comme une arche,
où passerait le fleuve.
Un mot, un lit profond, syllabes de limon,
langue à relier la source à l’estuaire.
Un rivage surgit dans la lumière blanche.
Puis le sommeil nous couve de ses mains d’écumes
Amina Saïd
tous les chemins
ramènent au même lieu
le voyage est cheval d’illusion
les braises du monde
noircissent son pas démesuré
elles brûlent
nos langues inquiètes
en lui-même
le poème cherche
il est cette eau noire
qui nous éblouit
lorsque nous lui restituons
une lointaine lueur d’étoile
Jacqueline Risset
PRESAGES
Va-et-vient pendant le jour
riant et -
appelant
à travers les informes présages
le lion rugit
tu reste
en silence sur le lit
par la fenêtre
regardant le vent
dans l’arbre
on a
un peu peur
Paule-Elisabeth Oddero
Le prieuré
Estuaire sans liberté
J’ai appris le nom de ce fleuve
Qui ravageait le petit bois
Des incendies d’été sans nuit
Maintenaient la souffrance intacte
L’espace s’amusait au bout de tes crayons
Et là sous le cerisier
Tu donnais un droit au parcours
Nous jouions une carte claire
Pour l’impatience d’un accident.
Isabelle Pinson
Je suis recroquevillée dans mon fauteuil comme une vieille pomme
tombée d’un vieux pommier. En train de mourir. Tandis que mes
cheveux s’animent plus que de coutume, cinglent mon visage,
déchirent le papier.
Dans un ultime effort je rassemble la matière grise et l’entortille autour d’un printemps.
Françoise Lison-Leroy
Nous n’aurons pas tout dit
quand reviendra la pierre. Mon guetteur,
amour des limbes et des roches, je suis le désert
où tu rues sans résoudre les signes.
L’écume jaillit de ces pistes livides
où s’ensablent des pas : de nous,
les plus durables.
Très loin, notre légende rauque
aura des sanglots dans les poches.
Anise Koltz
COMMUNE ORIGINE
Chaque cours d’eau
connaît par cœur
le chemin vers la mer
Ainsi que mon sang
qui revendique
une commune origine
Même mes poèmes
sont peuplés
de monstres marins
engloutissant les dieux
qui marchent sur les flots
* extraits issus de
Les Femmes et la Poésie
Poésie 1 vagabondage Trimestriel de septembre 2004 le cherche midi