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Mars-Avril 2020

 

 

Note de lecture de Monique W. Labidoire :

Les non-êtres imaginaires, de Ara Alexandre SHISHMANIAN

Poème dramatique

 

(Éditions L’Harmattan, 2020, 19 €)

 

 

Dans un précédent recueil « Fenêtre avec esseulement » Ara Alexandre Shishmanian se posait déjà en auteur tragique. Il suit donc sa quête en nous proposant un poème dramatique au titre qui amène à la réflexion : Les non-êtres imaginaires. Qui mieux qu’un certain « personnage » au nom de « Personne » qui apparaissait dans ces précédents recueils pourrait prendre forme sous l’appellation de non-être ? Ara Alexandre Shishmanian est souvent de l’autre côté du miroir.  II ne se pose pas la question de l’être et surtout pas le fameux « être ou ne pas être » mais la question du non-être.

 

Si l’on accompagne Ara Alexandre Shishmanian dans sa proposition : « L’homme veut être Dieu pour l’homme » proposition qui nous interpelle fortement, on peut également adhérer à ses créations imaginaires, non achevées parfois comme le GOLEM dans la tradition juive créé pour aider son concepteur à combattre le mal. Créature inachevée et sans âme, le Golem parvient à s’échapper de la tutelle de son créateur pour attiser le mal. 

 

En lisant les textes poétiques d’Ara Alexandre Shishmanian, on pense au Gregor de la Métamorphose de Kafka, ce « monsieur tout-le-monde » qui un beau matin se retrouve dans le corps d’un monstrueux insecte. N’oublions pas le vécu du poète qui nous parle d’un espace de non-être qui va du « zéro totalitaire à l’infini de la liberté ».  Un espace dans lequel Ara Alexandre Shishmanian libère son imaginaire maléfique pour dénoncer l’être humain inhumain capable d’imaginer un monde de chimères, un monde où le mal est la puissance ultime qui s’abat sur cette race humaine coupable de tous les péchés, porteuses de toutes les tares et qui tend à oublier la beauté, la bonté et la paix.

 

La très grande culture d’Ara Alexandre Shishmanian nous entraîne à relire les textes anciens, à creuser la mythologie, l’ésotérisme, la philosophie, les religions. Les poèmes sont à lire à petite dose tant l’auteur se laisse emporter par un lyrisme qui se trouve sous les vents opposés à sa fonction. Mais, peut-être, faut-il en passer par là. Ne pas se voiler la face, imaginer, voir, décrire, poétiser une nature humaine maléfique même si l’on sait qu’hélas, la réalité peut dépasser la fiction. De Lilith, la « nuisible » que l’on trouve dans ce recueil à Sulamith l’ange de miséricorde que l’on trouve chez Paul Celan quelque chose d’opaque se noue qu’avec patience nous pouvons décrypter. Accueillir cette écriture de la douleur et du mal dans laquelle les oiseaux ne chantent pas, les sources sont taries, les forêts dévastées et l’autodafé instauré pour toutes les bibliothèques. Accepter le péritio aussi bien que la licorne. Et retrouver, peut-être, un savoir-être heureux.

 

                    Monique W. Labidoire

    

 

Monique W. Labidoire, Francosemailles
Mars-Avril 2020

recherche : Dana Shishmanian 

 

 

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Créé le 1 mars 2002

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