Dana Shishmanian,
Néant rose
dans la lecture de Gertrude Millaire

(éditions
de L’Harmattan, collection Accent tonique,
2017)
Néant rose, oui mais il n’y
a pas juste le Néant qui est Rose, la couverture du recueil est rose… et
même l’illustration, Va nu pied tête haute par Da
Cruz (graffiti dans Paris 19e, rue de l’Ourcq
(photo prise par l’auteur en 2012).
Et je ne sais si cette couleur nous lie
plus facilement à cette poésie de l’auteure mais on y entre doucement Au
JOUR LE JOUR, en plein lundi, nous le
suivons et c’est là que nous apprenons que le sommeil profond est
dépourvu de rêve et que c’est là aussi que la puce intervient… et nous
traversons le mardi et on y retrouve l’aurore boréale du jour d’avent… et
le mercredi c’est la bouteille de Klein…le jeudi, on se questionne mais
l’ange à vélo s’acharne à se taire et le vendredi est jour de passion,
oups, on devine un peu que l’auteur veut nous conduire à ce samedi à la
découverte de la plus belle fille qui, de grâce remplie chante un
noël de jadis dans le métro de ma vie et le dimanche,
c’est la lucidité… les lumières de la ville clignotent … et on
recommence une autre semaine…puis une autre.
Mais ma section préférée est BALADES
URBAINES, oui , on y rencontre
L’homme à la serviette : bien sur sa mission est de
veiller sur la serviette qui contient les secrets des chefs, les
sentences du Bon Dieu … etc. et puis, Homme
debout : il critique, engueule harangue… nous sommes
responsable de tous : les massacres, les crises, les guerres etc. et
nous arrivons sur la Jeune fille aux écouteurs dans le métro,
J’ai vu ses yeux entr’ouverts me regarder, aqueux,
visqueux , Les filles en noirs, aux
grands sourires conquérant confiant, chevelures qu’on devine nouée en
conques, Femme assise, frêle,
nerveuse, alcoolique. Femme de pouvoirs, elle bosse - Femmes couchées, fauteuil
de chimio – Le joueur d’échecs du métro,
il en est drogué… et tous les autres… Hors du chemin, Sur la
berge, ect.
Oui une belle variété d'émotions et de rythmes...
Et ce recueil se
termine sur ces pages :
Cent et un haïkus en quête d’auteur
qui noue emmène aux quatre saisons
Oui, un très beau recueil... mais on sent
toujours chez cette auteure, et pas juste chez cette auteure, chez les
Français et certains européens, une blessure, un chagrin, un manque,
une absence ou je ne sais trop... mais le bonheur tout simple, ne se voit
pas, cette légèreté de vivre... cette légèreté de l'être, cette
douceur qui nous enveloppe parfois... ces moments courts de plein
bonheur... ces fou-rires qui éclatent... ces rires étouffés...
Oui il y a de
belles pousses... plus
joyeuses :
Laisse pousser l'arbre
de la racine de ton corps
des oiseaux viendront
Tu ne peux voler
plus loin que ton aile. Pourtant
tu peux l'agrandir
Ils sortent du marché
se dandinent dans le même rythme
une vieillesse heureuse
Une belle générosité, l'auteur nous offre en prime, de très beaux
haïkus à découvrir…
et le dernier est mon préféré mais à vous de
le découvrir.
Gertrude Millaire
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