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DE LA POESIE 
par Evelyne André-Guidici

 

La poésie existe. Elle n’est pas morte comme l’annoncent déjà certains oracles. La poésie se crée de nos jours encore. Une poésie profonde et travaillée, même si certains considèrent la poésie actuelle comme trop lyrique ou trop libre ou trop accessible. Quoi ? L’art serait-il destiné à être lointain de soi, à entrer dans un moule, à demeurer réservé à une élite ?

A l’heure actuelle, pas plus que dans le passé, le lyrisme ne se détache de la notion de travail. Si l’image du génie romantique a bien engendré l’idée selon laquelle il suffisait de se livrer au vertige de l’inspiration pour écrire un poème (idée qui sévit parfois encore), le lyrisme n’est pas pour autant synonyme d’un manque d’efforts. En effet, il est possible de mettre en valeur les sentiments vécus grâce à une expression harmonieuse. Par exemple Hugo, le déniaiseur d’alexandrin, utilise pourtant la métrique pour communiquer des émotions : « Je cesse d’accuser, je cesse de maudire, Mais laissez-moi pleurer. », traduit un élan tumultueux qui vient se briser dans l’hexasyllabe qui succède à l’alexandrin. En conséquence, le lyrisme ne dispense pas de travailler le poème. Au contraire, c’est un défi lancé au poète qui doit conformer ses écrits aux élans de son cœur : inventer un langage « assez souple et assez heurté pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience » (Lettre à Arsène Houssaye - Baudelaire). Le lyrisme n’exclut pas le travail sur le vers, même si ce denier est dit « libre ». A la rhétorique classique a suppléé une rigueur sur le rythme et une recherche infinie d’images évocatrices dans les poèmes lyriques ou non.

Le vers libre n’est pas synonyme d’absence de travail ou de méconnaissance. La plupart des poètes utilisant les vers libres, savent pour autant parfaitement leur rhétorique classique, de même que Picasso savait peindre dans le plus pur réalisme. Il faut connaître la structure pour pouvoir déstructurer ! Il ne faut pas confondre la rhétorique classique avec le travail : un poème en vers libre est « travaillé », ciselé même puisque son existence en tant que poème doit passer par autre chose que par la forme fixe. Ainsi le poète insuffle à son texte un rythme interne qui lui est propre et qui, par là même est peut-être plus proche du chef-d’œuvre puisque la perfection de forme ne saurait être donnée par un moule préétabli. La simplicité du vers libre n’est qu’apparence de simplicité puisque sa création implique un processus complexe, l’intériorisation par le poète de ce qui est « poésie » et sa capacité à aller au-delà du manuel de rhétorique.

Comme le vers libre peut avoir l’apparence de la facilité, la poésie peut être aisée à la lecture. Ce n’est pas le degré de complication ou de sophistication qui fait le poème. Un beau poème n’est pas forcément un poème que l’on ne comprend pas. La poésie n’est pas morte : elle est malade. Elle n’est pas en manque d’auteurs mais de lecteurs parce que ces derniers croient qu’ils ne vont pas « comprendre » la poésie comme si sa lecture était réservée aux seuls initiés. La poésie (comme tout art) a plusieurs niveaux de lecture et on ne lit pas un même poème de la même façon à vingt ans, qu’à trente, quarante, cinquante… Évidemment un poème recèle des sens secrets, des références, du non-dit, de l’inexprimable mais même si, d’aventure, on comprenait tout ce que l’auteur a voulu dire, cela ne signifierait-il pas que le poète a trouvé la quintessence du langage réverbérant au millième près la lumière de son esprit ?

Pour conclure, il faut prendre en considération les multiples revues de poésie qui paraissent chaque jour dans tout le monde francophone et font découvrir les poèmes d’aujourd’hui et de demain à des passionnés de plus en plus nombreux, les maisons d’édition qui publient de la poésie par amour de l’art et non du commerce, ces milliers de poètes qui taillent leurs œuvres comme des pierres précieuses. Un tel constat n’amène qu’une phrase : « La poésie est vivante, vive la poésie ! »


Evelyne André-Guidici

http://alter.texto.free.fr/
http://ultraviolette.over-blog.com/

(N’hésitez pas à me répondre car la joute est une aventure et un jeu. Par ailleurs, vos avis contradictoires et/ou intéressants pourraient faire l'objet d'un autre billet d'humeur. )



recherche Hélène Soris
pour francopolis septembre 2005




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Créé le 1 mars 2002

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