Petite
patate deviendra grande
« Que fais-tu petite patate ?
-Je prépare mon
avenir, et je ne suis pas une patate, je suis une pomme de terre.
-Oh pardon. Mais quel est ton
rêve ?
-Finir dans un grand
restaurant de la capitale.
-Tu es bien ambitieuse, il va
te falloir travailler dur.
-Eh, mais j’en suis capable !
Je ne suis pas une pomme à chips !
-Reste calme, petite pomme de
terre, je me soucie juste de ton futur.
-Je te montrerai, gros
poireau, jusqu’où je peux aller ! »
Le jour où la petite
patate
est assez mûre pour entrer dans la vie active, la grosse machine
agricole
la sort de la terre pour la mettre en cagette. Petite patate monte en
camion
à la capitale, et passe une nuit dans les cuisines d’un grand
restaurant.
Elle est stressée et dort mal. Au lever du jour, elle
s’impatiente
et se demande quand, et à quelle sauce elle va être
mangée.
Elle rêve de gratin, de friture, voire de feu de bois.
Sur les coups de onze heures,
le
commis de cuisine sort petite patate de son casier pour la plonger dans
l’eau
bouillante avec d’autres pommes de terre de grande classe.
« Il va faire quoi ? Il va faire quoi ?
Demande petite patate, toute excitée, à ses voisines.
-Ces choses-là ne se
demandent
pas, lui répond la patate placée au fond de la marmite,
notre
rôle est de cuire, pas de réfléchir.
-Mais je veux savoir moi !
J’ai tout fait pour arriver là, j’ai toujours dirigé ma
vie.
-Tu es bien
prétentieuse petite patate.
-Je ne suis pas une patate,
je suis une pomme de terre, et j’ai travaillé dur, en attendant
ce jour. »
L’eau continue de bouillir,
et
les pommes de terre ne discutent plus, elles sont si concentrées
sur
leur cuisson, qu’elles ne voient pas le temps passer. Cinq minutes… Dix
minutes…
Un quart d’heure… Et personne ne vient les sortir de l’eau. Elle sont
déjà
bien cuites, et le rêve tourne au cauchemar.
Oubliées, elles s’inquiètent et se décomposent.
Petite
patate comprend alors, mais trop tard, qu’elle a travaillé dur
toute
sa vie pour finir en purée, c’est l’enfer.
« Tu vois petite pomme de
terre,
lui dit sa voisine, tu as sacrifié ta jeunesse, et tu t’affoles
maintenant
qu’il est trop tard. »
C’est ainsi que la petite
pomme de terre, qui avait de grands rêves, disparut comme une
vulgaire patate.
Moralité : tant va la patate à l’eau, qu’à la fin,
elle s’effrite.
Monsieur Mouch
http://monsieurmouch.free.fr
Texte protégé SCAM Velasquez, dans «
Contes Bios ». Dépôt numéro : 2005100201.
Droits SACEM à déclarer en cas d’utilisation
commerciale ou publique :
« petite patate deviendra grande », de Pierre Combarnous
(monsieur mouch), n°00485 88 18 94.
*
Pierre Combarnous
pour Francopolis mars 2007
Vous voulez nous envoyer des billets d'humeur?
Vous
pouvez soumettre vos articles à Francopolis? par courrier
électronique à l’adresse suivante :
à sitefrancopcom@yahoo.fr.