"La Femme est un loup
pour l'homme, et la femme"
Vue du dehors
Il paraît qu'une femme, après
les enfants, c'est pas pareil. C'est pas sympa, ça veut plus
s'habiller sexy, ça se laisse plus faire l'amour. Avant,
c'était une femme. Après, c'est un loup. Pas une louve,
un loup. Pas féminin, masculin. L'expérience de la
maternité aura donc "virilisé" une femme.. Devenir
mère lui aura donné un pouvoir qu'elle n'avait pas,
avant. Il paraît. Si mes chroniques s'appellent "vue du dehors",
c'est que je ne suis ni mariée, ni maman, et j'aimerais penser
que tel Montesquieu qui écrivit "Les Lettres Persanes" pour
parler de la France, c'est précisément parce que j'ai une
"vue du dehors" que ma vision pourrait avoir de l'intérêt.
Peut-être.
Mes amis, donc, se plaignent souvent des
transformations physiques et morales de leur compagne après
qu'elles soient devenues mères. Peu d'entre eux se demandent
s'ils ont changé, eux, après la naissance du
problème, pardon, du bébé. Comme un spectateur
devant un film, ils regardent le scénario changer,
l'écran se troubler, et se retournent vers le projectionniste,
impuissants, l'air de dire: "mais, euh, il se passe quoi, là?".
La lèvre inférieure tremble, les yeux s'emplissent de
larmes. On vient de leur faire un sale coup auquel ils ne s'attendaient
pas. Pardon messieurs, mais même moi qui suis plutôt
"chienne" que "de garde", les bras m'en tombent. Vous n'êtes pas
des objets. A moins que… Justement. Vous vous sentez humilié, on
vous a berné, pris pour un vulgaire reproducteur et maintenant,
vous ne trouvez plus votre place… Question simple: est-ce que votre
regard sur votre femme a changé une fois qu'elle est devenue
mère? Que ceux qui répondent "non" s'étouffent de
honte, ils mentent.
Mais comme je l'ai dit, je ne suis ni
mère, ni femme. Tiens, tiens. Que viens-je de dire? Attention,
une chienne aboie: grande injustice!! En "masculin" on
différencie "mari" et "homme", le rôle et le sexe, alors
que nous… femme et femme…Tout dans le même tiroir.
J'étouffe. Ni "mariée" (je préfère ce
terme), ni maman, donc, je ne sais pas encore ce que je vais devenir,
comment je serai. Je ne jetterai donc pas la pierre. Mais, ce que je
peux dire, au jour d'aujourd'hui, c'est que mes amies qui ont fait le
grand pas et "donné la vie" ne sont plus mes amies. Car en
"donnant la vie", elles n'ont de cesse à présent de
"donner leur avis". Ah, vit, quand tu nous tiens! "Tu verras, toi
aussi, quand tu seras maman….". Une réponse me brûle les
lèvres: TA GUEULE!! Pardon, j'ai l'aboiement facile…
Pour exemple, prenons Agnès. Avant,
Agnès savait lire. Elle savait écrire, aller au
cinéma, boire des coups, elle m'écoutait quand je parlais
et savait se montrer démunie et perdue dans les circonstances
difficiles de la vie. Plus qu'une femme, c'était un être
humain. A présent que sa vie a été
illuminée par ses deux enfants, c'est fini. Agnès se la
ramène. Elle sait tout, sur tout, tout le temps, mieux que tous.
Maintenant qu'elle est mère, elle sait.
Savoir=pouvoir=savoir=pouvoir… Une équation sordide dans
laquelle l'amitié, avec moi du moins, n'a plus sa place. Tout
simplement, Agnès me prend de haut. "Tu te rends pas compte…
Lire c'est vraiment un luxe… tes études aussi… T'as vraiment une
vie de bohème… Quand passeras-tu à l'age adulte?"
Franchement, si c'est pour te ressembler… Jamais. Et la goutte d'eau a
été: "Y'a vraiment des mères irresponsables qui
laissent leurs enfants rentrer tout seuls à la maison le soir….
Une bonne maman est une maman présente… ". Sauf que là,
c'est ma mère et mon enfance qu'elle décrit et son
intelligence préalablement "charmante" est devenue source
d'urticaire. Si Agnès était une ampoule, elle serait une
20 watts. Pire, un briquet! La pièce où elle vit est bien
sombre. Son mari doit être une taupe.
Reste la question: "qu'est-ce qui change EN
SOI quand on devient maman?" Je ne répondrai pas, je ne sais pas
encore. J'espère savoir. Et si Dieu existe, je pourrai
être mère sans devenir moraliso-castratriste. Avec l'aide
de l'homme qui sera à mes cotés et la nature du regard
qu'il posera sur moi….. Je resterai ce que je suis et pourrai continuer
à aboyer gaiement, waf waf. Je ne veux pas louper ça.
Nancy Reid Knezevic
pour Francopolis mai 2006
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