Billet d'humour -aphorismes-pensées
Ici dire vaut mieux que se taire.
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OCTOBRE 2011
Prononcer vingt-cinq aphorismes par jour et ajouter- : [Tout est là]
(Jules Renard)


par Aaron de Najran


GLANURES de Léo Ferré -  BENOIT MISÈRE
recherche Lilas

de l'art et de l'artiste

Un poète, ça devrait se tuer au bercail, sans rémission. Il resterait les philosophes, les savants et la tourbe. Un sottisier, une fonction algébrique et un auditoire. (19)

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Dans une foule un poète, c'est comme une paille dans l'œil, c'est comme un kilo de sucre dans un réservoir d'essence, c'est un impedimenta, c'est un empêcheur de manger sa soupe tranquille, c'est l'ennui lyrique des révolutions. (Bouc, prof de mathématiques)

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Les artistes, cette confrérie de la solitude. (71)

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La raison, c'est toujours celle des autres, comme la morale. L'artiste vit dans l'irraisonnable.

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L'homme créant est une mer interne. Les mots s'en vont et puis reviennent après s'être lavés au large de l'inconscience. La formulation se passe à pleine conscience. Les mots sont des poissons.
Il suffit, pour les prendre, de se mettre au bon endroit. Quand la mer est basse, la pensée s'éternise : c'est la paresse de l'artiste. (249)

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Le beau est intransmissible. Ce qu'on nomme le génie, ou plus simplement le talent, n'a pas entrée à cette fête du silence, ce devoir solitaire où la musique chante seule un unique chant, où ni les couleurs ni les sons ne se répondent tellement l'indifférence du conteur les immole dans leur rectitude spectrale, où la plus humaine des sculptures ne se finit qu'à force d'inhumaine absurdité. Le plus beau dessin de Rembrandt est celui qu'il n'a pas fait. (72)

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L'art n'est qu'une vision subjective et (…) les chefs-d'œuvre nous arrivent dans les yeux avec des chances diverses. Un tableau ne se regarde pas à dix heures du matin, dans un musée, comme le peintre l'a regardé, sur son chevalet, en pleine création. Le tableau que je regardais ce jour-là, c'est moi qui le peignais.(139)

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L'ennui que l'on se fait soi-même se regarde du dehors et n'est pas communicable. Au reste, rien n'est communicable que des bribes. (237)

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IL y a toujours dans une œuvre d'art le moment capiteux -comme un vin- qui vous met à merci du non-dit, du vierge, du mystère. La forme est serve de la fantaisie. Je travaillais déjà dans la marge. L'auteur est son premier public. Rien n'est vrai et tout est vrai. (…) Une pièce qu'on lit n'est pas née. Dans la parole et dans le geste elle prend sa place.
L'écrivain est dans la typographie. L'acteur dicte au sublime ou à la boue, mais c'est lui seul qui nous manigance et nous traîne dans les chemins de ronces ou de neige qui nous font prendre le théâtre pour un pays de magie alors qu'il prétend n'être qu'une désolation empoussiérée, un soliloque costumé, un cri de carton-pâte parmi les cris d'oiseaux, de soleil , d'ordures grandioses. (246)

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Les détails emportent toujours l'adhésion élémentaire et provisoire du lecteur. Ils l'égarent, le distraient. Le lecteur est un gibier, il suffit de le fatiguer bien à propos et de le cueillir, au détour d'une phrase. Je n'ai jamais chassé qu'avec des armes propres : mes plumes. (252)

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Le style, c'est le sourire de la grammaire. (271)

Le style c'était cette frange d'âme, un peu comme une lampe derrière un parchemin, et qui soulignerait l'enluminure sans trop l'éclairer, aussi discrètement que l'eût fait une vestale modeste. (278)

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Regarder entre c'est ça la vraie littérature. (273)
La coulisse ce corridor des vanités où meurent les vedettes. 

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Les grandes vocations sont occultes. Il faut savoir lire autour de soi, tout est inscrit, même dans un violon de la rue [touché par] un mendiant qui jouait du violon comme on joue avec une serrure rouillée. (79)

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Les pensées les plus ténébreuses doivent éclairer les rues des hommes en cas de panne de secteur. (172)


                                                    De la solitude


 … l'instinct de conservation (…) fait les hommes vraiment seuls au monde. (157)

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Je hais la foule et son odeur de berlingot, ses chagrins de bastille, sont rictus quatorze-juillesque, son poids de sueur.

… la foule patronyme, la communauté, ce qu'abusivement l'on vénère sous le nom de famille, le puzzle d'imbécillité concrète que l'on nomme l'école, le bureau, la caserne… ce doit être cela l'enfer, un enfer terne comme un lendemain de jour de l'an, un enfer sans le Diable, un enfer mûr pour le ciel…

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Quelqu'un qui vous regarde, ça peut être terrifiant, il faut s'accrocher, L'oeil est une magie et un vide insondé.

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J'avais horreur de la place publique, où qu'elle fût, même dans un coin de zone…. je suis né sur un lac solitaire et rien n'a jamais fait que je puisse aborder à quelque rivage sans me cacher, même des fleurs ou des oiseaux.

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Les solitaires se peuplent eux-mêmes, C'est ce qui leur donne cet air multiple  au bout duquel  on ne les connaît jamais tout à fait parce qu'ils ne se ressemblent jamais. On ressemble à celui de la veille, voire. On ne ressemble pas à celui de demain.

*

Les révoltés ne sont jamais seuls. [Ils se sentent] dictés, appris.
D'autres, dans leur paradis à cravates, donnaient des coups de chapeau. Moi, j'allais tête nue, debout, dans cette marge que je m'étais construite à force de passionnantes recherches dans le refus. (250)

*

Quelle horreur ces ivresses toujours recommencées de la discipline quand elles ébahissent le flic, quel qu'il soit, père, prof, chef de bureau, et que monte à la face de ces commanditaires de l'alarme le rouge du plaisir de battre, de soumettre, d'intercepter le bonheur de l’autre. Je hais l'autorité, qu'elle pointe chez le petit garçon chef de bande, ou qu'elle se prélasse à la gueule d'u règlement d'administration publique. (248)

*

Solitude et anarchie :
Dans une communauté, il faut passer comme un frisson, il faut s'extrapoler, s'interdire, se carapater de l'âme, se dédoubler de la bille de clown. La société c'est de la dynamite, prends ton passe et déchire les lourdes, rien qu'en y pendant ton frais museau, et les champs d'herbe folle seront tiens. Au blé qui dresse sa gueule toute jaune dans les plaines des hommes je préfère l'ortie anarchiste.  (157)


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Glanures de Léo Ferré
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     pour Francopolis octobre 2011
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Créé le 1 mars 2002

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