Comment se peut-il
que sans être incurable
on ne veuille pas guérir ?
André Velter
Sortir de sa nuit
après une croissance imparfaite
se réveiller l'âme décolorée
ébouriffée.
Peut-on être nomade du temps ?
Peut-on être
d'une vie à une autre
passant ?
Silence des morts rebelles
qui renforcent les nœuds.
Silence de la vie
au hasard fixée
ou plantée telle une épine
indurée en nos rêves
irritant nos fougues.
Qui peut nous retenir
contre le vertige du dedans
si large si vide ?
Ceux à mi-chemin
arrêtés fébriles
comme des vagues poursuivies
ceux avec leurs mots lourds
tout fripés de tendresse
balancés à contre-temps
ceux boutefeux par désespoir
incendiaires
exacerbés d'espérance
ceux musiciens des songes
qui tâtonnent sans répit
lézardés jusqu'à la moelle
ceux que nulle main n'a guidés
qui s'épuisent à rassembler
leurs brisures
ceux qui mordent à bouche pleine
les pensées fauves
les passions sans remontée
ceux qui n'ont plus de frontières
et qui implosent chargés de sang
et de brûlures…
Qui peut emmurer
le vertige au-dedans
qui peut sceller notre cœur
pour qu'il cesse de s'affoler
pour un souffle d'air
ou d'ange distrait ?
Qui ?
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