Assez. Déblaie les mouvements pubères, tétanise-les
un à un, dès cette naissance si drue que tu
disais louer, louve puis servante... Car c’est ici que tout
se doit d’être repris, et maintenant : l’ébauche
d’invasion, la sente culminant aux sabliers, le sang nouveau...
Pour nous, se jouant des lisières du fumier superbe,
tes restes : le bec d’un improbable aigle désenclavant
les cils, éperonnant les miroitements. Au bord de l’eau
simple, le venin. Comme toujours. Une main gantée,
le mendiant de tes paysages rouvrent impérieusement
la lèpre. Rumeurs des galets, à la nuit. Reculs,
parmi les gestes des femmes. L’avenir trépané
consume l’ongle, crisse sous la lenteur. Toi tu laisses faire,
comme on s’abouche de blessure à blessure, dans le
feu inversé, là où fument irréversiblement,
épaule contre épaule, tumeurs et rixes, neiges
et fables, sous le couteau de fiel d’une houle encore à
prendre...
L’attente ranimée dans la clôture des paupières,
escalade de rasoirs qui ne délivre pas, cadavres exquis
se vendant bien, merci ! Regardez battre les tempes du silence...
Oblique bonheur, et tu n’en as rien su : plus d’intrus
à ensorceler, repus jusqu’aux souffles criblés
du poison des enjeux, des ambages...
Je suis vieux, je me souviens comme dans la lueur différée,
je sers l’Impatience.
Bonheur d’être qui tu es, qu’il ne te soit advenu
que ce que tu voulus, les levains et les rives, le foulé
et l’avide, le rejet et le clos, les sucs et la soif, les
tièdeurs des confins, l’accru reflué, ce qui
longe et dévie, coupe et tance, t’efface en ce qui
fut mais jamais ne sera : ni ton enfant, ni ta noce, ni ton
gîte, ni ton ombre...
Non pas la coulée cheminant sur le visage désert,
la promeneuse rejointe dans sa faim, et qui te lie.
Non pas le fruit de profil recueillant les soubressauts à
ton insu, ou le partage des meules, sans enjeu, impalpable.
Pas même l’intrus, dedans l’enclave mal taillée,
jaloux du pas de l’épervier sur la dalle, avec sa frayeur
et ses armes, son versant, ses preuves, peut-être, du
côté pacifié des souches.
Mais le jour de mer, innombrable, l’histoire de la mer d’un
seul tenant gravie et repliée : toi, méridien
de ses règnes, n’exigeant pas moins que la mémoire
des rives d’herbes chaudes, et qui sont elle, et plus loin
qu’elle.
La mer, attendue à pleine gorge, qui calcine l’alliance
des mâts, engloutit le dernier tison, son invasion affleurant
l’étrave, loin du matin de ronces et de mésanges
; la mer miroitant aux tempes du bestiaire, la mer qui soutient
ton insémination, te dévêt des confins,
te renverse dans sa tumeur d’écume.
Tu n’en est qu’aux débuts, à la cime des
crues. Car il te faudra nager longtemps, à l’affût
du foyer perfide, résigné au rythme de cette
race des eaux, avant qu’elle ne consente à ta fatigue,
et t’inaugure.