Comme un peintre dont le modèle unique
Diversement affublé joue la princesse
La bohémienne et son prince
J’ai pris désir de ce poème
Je le déguise chaque soir
Pour saisir au mieux la lumière du jour
A mesure qu’elle s’éteint
Et pour seule trace concède
Ce visage ambigu d’ange voyou.
* *
Avec ses yeux de bête
Un poème tourne en rond
Dans sa cage
Il fixe un instant les passants
Se lèche les babines,
Soupire, a demi soulagé.
Il joue longtemps avec son ombre,
Comme un gros chat.
* *
Un gros poème s’est laissé prendre
Au collet ce matin
Il porte barbe et blouse,
C’est un fabliau champêtre.
Les garrigues se réveillent
Dans l’odeur du soleil ;
Lui déjà perd sa contenance
Toute sa morgue et beaucoup de sa verve :
Il ne se souvient que trop.
* *
L’aquarium est grand d’abord on ne remarque pas
Que repasse toujours ce même gros poème
Insomniaque comme un requin
Et plus vorace qu’un congre.
On prend fantaisie de le suivre
Mais très vite car on se lasse de tout
On reprend son chemin vers les hippocampes
Qui jouent aux samouraï