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Cathy Garcia,
  sélection novembre 2005

 elle  se présente à vous.


 Mai...
suite de 5 paysages du jardin du causse

I

jardin du causse
la pluie la pluie
des jours
des jours entiers
suçant des bonbons
gelés de grêle
et aujourd’hui enfin
le ciel revient
en tenue de mai
mais comme on dit :
« fait frais pour la saison »

jardin du causse
vert dominant
myosotis bleu confetti
quelques soucis
plus jolis au jardin
que dans la tête
dans la serre couveuse
courges et tomates
font une percée
mais au potager
les radis peinent
les semis
restent cachés
et moi
tête ailleurs
trop d’émotions
trop vives
jardin intérieur
dévasté
trombes d’eau
trop salée
pas assez de rires
de soleil
pour sécher
mon cœur détrempé
nulle éclaircie


II

jardin du causse
écrin de sérénité
l’enfant et moi
toutes deux bercées
terre   mère éternelle
éternelle vraiment ?

jardin du causse
nuque offerte
caresse d’un soleil
consolateur
le chat nous rejoint
Giboulée joueur
bon chat
patience infinie
envers sa tortionnaire
en herbe…
entre l’enfant et l’animal
une connivence vieille
comme le monde
il grogne
elle éclate de rire

jardin du causse
vives palabres
de chiens
l’enfant trébuche
à quatre pattes
passent
des promeneurs
du dimanche
l’enfant réclame le sein
je lui donne
de bon cœur
laissant mes yeux
voguer au ciel
nuages
douces
dodues
peluches

III

jardin du causse
l’air est doux
fine pluie
entre gouttes
de soleil
chants d’oiseaux
goût de paradis
flammes vives
coquelicots
calendulas
jaune effiloché
du laiteron des champs
le mauve plus discret
du géranium robert
de la vesce
dont la signature
s’achève
en langue
de papillon

jardin du causse
petit bijou bleu roi
la fleur de mouron
sertie dans son calice
à pointes effilées
ses étamines roses
dorées de fin pollen
tapis d’aspérules
collerettes étoilées
leurs menues fleurs
en croix pâlichonnes

jardin du causse
beauté
de l’infiniment
simple
simplicité
de l’infinie
beauté

jardin du causse
les roses en secret
se préparent
les pivoines
défroissent
leur robe
bientôt
le bal des abeilles
chaque fleur
unique
grande ou petite
cœur en offrande
délicieusement
impudique

IV

jardin du causse
pris le chemin
qui mène de Varaire
à Limogne
seule
douce saveur
de vraie solitude
pierres
fleurs
en multitudes
le vent
et la chorale des arbres
danse des blés
quelques champs cultivés
dans leurs écrins sauvages
marcher
marcher
respirer
songer à quel point
cela me manquait
marcher
sentir la sueur
m’imprégner
humer le monde

marcher encore
jusqu’à l’oiseau étincelle
l’oiseau jaune
dans les sous-bois
qui lance un cri
pour m’avertir
le moment est venu
de faire une pause
alors surgit
devant mon nez
un écriteau de bois
« dolmen du Joncas »
sourire
passer la clôture
suivre le petit sentier
de terre rouge
atteindre le monticule
bosquet sacré
cornouillers
s’imprégner de la beauté
au centre
le large dolmen
mémoire minérale
je pose mon sac
m’étend
sur la pierre plate
ferme les yeux
picotements dans les bras
corps entier envahi
l’énergie dont j’ai besoin
connectée à la source
immémoriale
puiser la force
mater éternelle
renouer le lien
me faire du bien
loin des hommes
je suis sauvage
je suis …
jardin du causse
sérénité
simplicité
unité
il fait chaud
je suis au cœur

jardin du causse
ou d’ailleurs
à ma place


V

jardin du causse
crépuscule d’oiseaux
journées chaudes
nuits douces
beau mois de mai
les radis
ont les joues bien roses
les salades épanouies
les fraisiers
font de l’œil
patience patience
nouveaux semis
haricots beurre
haricots verts
la tétragone déplie
ses premières feuilles

jardin du causse
palmier yucca cactées
ont regagné à leur tour
les quartiers estivaux
la serre transformée
en casa pastèques
et piments

jardin du causse
paisible solitude
les grillons
se frottent en chœur
les cloches dix coups
le ciel est clair
à l’ouest
il fait encore jour
Vénus y resplendit
deux chauve-souris
en chasse
passent rasant le sol
me frôlent presque

le bourdon sourd
d’un avion
me fait lever la tête
toujours
cela me rappelle
avant
l’autre vie
celle où je ne touchais pas terre
n’en reste t-il
qu’une araignée
gonflable
crevée
dont les pattes pendent
piteusement
hors d’une bassine
orange ?
jardin du causse
tant de douceur
une invitation
à l’amour
ce souvenir nommé
nostalgie
plénitude printanière
juste la chance
inouïe
d'être.


***



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Créé le 1 mars 2002

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