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elle se présente à vous.
I jardin du causse la pluie la pluie des jours des jours entiers suçant des bonbons gelés de grêle et aujourd’hui enfin le ciel revient en tenue de mai mais comme on dit : « fait frais pour la saison » jardin du causse vert dominant myosotis bleu confetti quelques soucis plus jolis au jardin que dans la tête dans la serre couveuse courges et tomates font une percée mais au potager les radis peinent les semis restent cachés et moi tête ailleurs trop d’émotions trop vives jardin intérieur dévasté trombes d’eau trop salée pas assez de rires de soleil pour sécher mon cœur détrempé nulle éclaircie II jardin du causse écrin de sérénité l’enfant et moi toutes deux bercées terre mère éternelle éternelle vraiment ? jardin du causse nuque offerte caresse d’un soleil consolateur le chat nous rejoint Giboulée joueur bon chat patience infinie envers sa tortionnaire en herbe… entre l’enfant et l’animal une connivence vieille comme le monde il grogne elle éclate de rire jardin du causse vives palabres de chiens l’enfant trébuche à quatre pattes passent des promeneurs du dimanche l’enfant réclame le sein je lui donne de bon cœur laissant mes yeux voguer au ciel nuages douces dodues peluches III jardin du causse l’air est doux fine pluie entre gouttes de soleil chants d’oiseaux goût de paradis flammes vives coquelicots calendulas jaune effiloché du laiteron des champs le mauve plus discret du géranium robert de la vesce dont la signature s’achève en langue de papillon jardin du causse petit bijou bleu roi la fleur de mouron sertie dans son calice à pointes effilées ses étamines roses dorées de fin pollen tapis d’aspérules collerettes étoilées leurs menues fleurs en croix pâlichonnes jardin du causse beauté de l’infiniment simple simplicité de l’infinie beauté jardin du causse les roses en secret se préparent les pivoines défroissent leur robe bientôt le bal des abeilles chaque fleur unique grande ou petite cœur en offrande délicieusement impudique IV jardin du causse pris le chemin qui mène de Varaire à Limogne seule douce saveur de vraie solitude pierres fleurs en multitudes le vent et la chorale des arbres danse des blés quelques champs cultivés dans leurs écrins sauvages marcher marcher respirer songer à quel point cela me manquait marcher sentir la sueur m’imprégner humer le monde marcher encore jusqu’à l’oiseau étincelle l’oiseau jaune dans les sous-bois qui lance un cri pour m’avertir le moment est venu de faire une pause alors surgit devant mon nez un écriteau de bois « dolmen du Joncas » sourire passer la clôture suivre le petit sentier de terre rouge atteindre le monticule bosquet sacré cornouillers s’imprégner de la beauté au centre le large dolmen mémoire minérale je pose mon sac m’étend sur la pierre plate ferme les yeux picotements dans les bras corps entier envahi l’énergie dont j’ai besoin connectée à la source immémoriale puiser la force mater éternelle renouer le lien me faire du bien loin des hommes je suis sauvage je suis … jardin du causse sérénité simplicité unité il fait chaud je suis au cœur jardin du causse ou d’ailleurs à ma place V jardin du causse crépuscule d’oiseaux journées chaudes nuits douces beau mois de mai les radis ont les joues bien roses les salades épanouies les fraisiers font de l’œil patience patience nouveaux semis haricots beurre haricots verts la tétragone déplie ses premières feuilles jardin du causse palmier yucca cactées ont regagné à leur tour les quartiers estivaux la serre transformée en casa pastèques et piments jardin du causse paisible solitude les grillons se frottent en chœur les cloches dix coups le ciel est clair à l’ouest il fait encore jour Vénus y resplendit deux chauve-souris en chasse passent rasant le sol me frôlent presque le bourdon sourd d’un avion me fait lever la tête toujours cela me rappelle avant l’autre vie celle où je ne touchais pas terre n’en reste t-il qu’une araignée gonflable crevée dont les pattes pendent piteusement hors d’une bassine orange ? jardin du causse tant de douceur une invitation à l’amour ce souvenir nommé nostalgie plénitude printanière juste la chance inouïe d'être. ***
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Créé le 1 mars 2002
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