Le cœur a des couleurs que le plus vif des regards ne peut même apercevoir ;
Ce sont les couleurs de l’ombre, l’ombre des mots, ceux qui restent et manquent à l’appel, quand la peine étrangle le cœur, quand la gorge serre, comme prisonnière de mains assassines, quand les larmes ravalées sont un liquide amer, un poison gluant…
Ces mots, ceux qui font mal de les dire, de les entendre…
Ces mots qui s’évadent de nos lèvres, courent aux oreilles de l’autre et baignent les yeux de larmes…
Couleurs des ombres de temps, passé, présent, souvenirs enfouis,
Peine, joies, chagrins entremêlés tapissent notre cœur de sombres nuances, le griffent et le déchirent pour que la vie, torrent bruyant et sauvage, palpite dans nos veines…
La vie, impressionniste talentueuse, applique et module par touches successives empreintes d’émotions, traces de sentiments, qui défilent ainsi sur l’écran de la mémoire, teintes éclatantes et fortes qui illuminent le regard…
Mais elle n’oublie pas l’indigence, les défaillances des pensées, des actes…
Noir et lugubre ce clair-obscur recouvre alors notre cœur qu’il égratigne, qu’il écorche même, acte volontaire et cruel au but ultime de notre avènement afin d’accepter de vivre sans subir…
Aujourd’hui mon cœur obscurci et souffreteux nourrit la noire mélancolie qui m’habite, glace mon sang et vide mon être de toute réjouissance physique ;
Parfois cependant l’odeur de calme sépulcral et l’entrelacs de mes doigts à celui de tes mains déchirent l’ombre qui l’ensevelit.
Toi tu sais que c’est au fond du cœur qu’est…

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