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Gourdon Clémentine  sélection avril 2009

elle se présente à vous.


 
  "Prose automatique”:
   Quand ça perce en vous


Ils me battent avec des mots, et c'est trop de marques qu'ils laissent dans ma tête. Dans ma tête ou dans mon coeur. Il faut dire que ça se balade dans tout le corps cette douleur, c'est une humeur, ça vous lancine, ça vous chauffe le sang, ça vous réveille en pleine nuit, quand le bras derrière la tête ne vous appartient plus, qu'il retombe sur le drap cet inconnu, lourd, bruit sourd. J'ai beau leur dire que voulez-vous, je ne suis pas heureuse, il cherche la petite bête qui me dévore, qui pullule sous ma chair, il le cherche ce pourceau, et c'est de ne pouvoir le claquer entre leurs quatre mains qui les jette dans cette fureur, et la bestiole s'enfonce encore un peu plus, à chaque mot dur planté comme une lame, et dans le dos. Ça veut votre bonheur et ça vous assassine, c'est prodigue de promesses et puis ça vous abandonne sur le bas-côté de la vie. Va la chercher ta villégiature! Va! Arrête, tu sais bien que c'est comme un mirage, on l'a toujours en vue mais on ne l'atteint jamais. J'en ai connu des mirages, le plus grand, le plus beau, le plus inaccessible, c'était Jessica. Je n'ai jamais su écrire son nom, mais elle a toujours reçu mes cartes postales. Ermitage. Je l'habitais - comme cette petite bête qui pourrit mon corps - je l'habitais, Jessica refuge pour les déshérités. Ils ont même touché mon visage, Sinaï, leurs mots se sont cristallisés au bord de mes yeux, ça perce parfois, et ça tombe dans le vide. Il n'y a qu'un liquide qui me soit cher. C'est le réservoir d'eau le plus grand qui s'ouvre à vos yeux, si vous vous tenez à la pointe du bout du monde, c'est tout plein de ma vie cette mer, ce qui de ma vie a été perdue. Mer morte. Sevrage précoce, pauvre gosse. T'as perdu ta mère? Et alors, à d'autres, à d'autres c'est arrivé. Cette parole là c'est du poison, mais ça se présente à vous comme un remède, quand vous le recevez des êtres aimés, c'est à éteindre en vous cette musique, celle qui fait danser la vie. C'est fendu à l'intérieur. Que voulez-vous, je ne suis pas heureuse

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Créé le 1 mars 2002

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