Avant, je gueulais
Je gueulais pour là haut
A la face jaune
Je lâchais des mots d'oiseaux, de poux, et de misère
Las...
Je suis devenu aphone
Avec plus rien dans le gosier
Ni la folie ni la force.
J'avais rentré à l'aube, chez moi, toutes les aurores
Je n'avais plus la force à être en bas
Avec les cormorans vainqueurs
Me narguant de leurs fientes, narquois
Saoul
Je m'étais fais un trou avec le mégot
Dans le paletot
Pour laisser passer le vent
Là bas et d'ailleurs
Les vers je ne les pouvais pas
J'avais une tête pleine d'air
Je ne pouvais plus
Je m'étais enfui
J'étais parti nulle part
Comme un courant d'air
Une chimère caduque, défaite
Tombant de mon échec
D'un poing qui s'étant trop levé
S'était ouvert
D'une seule main pendant sous la pluie
A force d'aller crier au vers
Inutile
Je m'étais rayé
Je ne me souviens même plus
Quand la pointe se cassa
La dernière fois en retombant
De l'escalier du temps dégringolant
De mes doigts à liés trop abîmés
Beaucoup trop tôt, haut.
Pour repasser le temps
J'ai mis ma tête à l'envers
Et j'ai déroulé sur mon visage les nuages gris vert
J'ai récité, tout bas
Comme une hirondelle de pluie
Un bateau ivre
Crépitant au grelot d'un palpitant rouge-gorge
Au son des couleurs tango le blues au milieu d'un champ d'orge
Le rythme de mon sang courant tel un cheval fougueux
Sans perdre haleine
Je suis resté étalé, seul, à contempler le vide céleste
J'ai dessiné alors une mouette sur la grève
Puis j'effaçais les traces de mon passage
J'ai rentré ma penn
Et je me suis dis, quand même, tout bas
"J'y fus au moins un jour un instant
Dans le bordel des dieux
Avec leurs grands mots
Leurs grands airs
Qui pour moi sont si beaux"
Maintenant…
C'est silence.
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