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Michèle Metni Gharios
  sélection septembre 2006

elle se présente à vous.


Mon pays

(ce texte à été rédigé en mars 2006, avant les événements récents au Liban)

Avec un passé chargé, et un avenir incertain, la frise chronologique où évolue mon pays est tout sauf droite : tantôt elle serpente, déroutée par les changements et par leur degré d'importance qui soulève les polémiques puis attise le feu lorsqu'un point de non retour est sur le point de voir le jour, tantôt en dents de scie, elle s'amuse des historiens qui, désarçonnés, préfèrent lâcher leurs analyses pour aller se rafraîchir à l'ombre d'un chêne centenaire en écoutant le bruit du ruisseau qui leur murmure des mots doux et apaisants.

Je voudrais vous parler d'un pays de couleurs et d'un pays de bruits. D'un pays de lumière où dorment d'impossibles destins au son d'une musique changeante comme l'air du temps. D'un pays où les fruits ont une saveur ensoleillée, où la fumée des camions empeste les piétons qui marchent sur l'asphalte faute de trottoirs, où s'exprimer nécessite l'usage de trois langues différentes simultanément, où les feux de signalisation abritent les moineaux, où l'agent de la circulation quitte son poste pour aller manger une galette au thym chez le boulanger du coin, livrant les voitures à la providence sous un soleil de plomb ou une pluie battante.

Il s'agit d'un îlot où les cultures s'assemblent dans un chant à plusieurs voix, où le passé accouche de faits qui s'enchevêtrent comme les veines qui irriguent un cœur battant.

C'est ici que les extrêmes se côtoient, où les limites se touchent et se confondent aux confins d'une quête frivole d'identité, puisque chez moi, le voile flirte avec le bikini, le narguilé avec le cigare, l'arak avec le vin et le méchoui avec le saumon fumé.
C'est dire qu'ici, la folie a choisi d'élire domicile sur les genoux de la raison, qui, troublée, laisse faire, surprise par tant d'emphase.

Mes ancêtres qui vivent dans mon sang m'ont appris à aimer ce petit bout de terre où grouille une folle énergie.
C'est ainsi que le matin, lorsque j'ouvre les yeux et que je prends ma première bouffée d'air de la journée, ce petit grain pourfendeur de matière à la déraison envahit ma pensée et me voila partie dans les digressions les plus profondes ignorant la régularité que s'efforce de me rappeler le soleil, le ciel et le quotidien en grattant puis cognant inlassablement sur les vitres et les murs de ma tête, de ma maison…

… Mon pays est celui des possibles.


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Créé le 1 mars 2002

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