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Ernest Pepin
  sélection octobre 2007

il se présente à vous.


Texte 2

La nuit ouvre son île comme un oiseau de proie. Portée par le bec des pluies, elle s'est changée en jardin afin d'honorer ton pubis.
Nulle sépulture de conques roses n'a autant appelé les parfums dessinant au fond de ton corps les syllabes de l'outremer.
Le défi c'est d'inverser le sablier de l'insomnie sensuelle quand s'allongent les vagues du plaisir.
Possessive comme un haïk la nuit nous enferme dans le ciel tout entier. Dissimulés dans sa gousse, nous inventons de nouvelles boussoles. Grains de beauté désorientés...
Sa voix semée en nous trace un vêvê sur nos tambours de possession et sur le front des hédonistes fait naître la carte de l'Invisible.
Battant pavillon de haute nuit, la piraterie est notre science et c'est noblesse de nos prises que l'eau rituelle au creux de ton essaim.
Et c'est dans nos yeux fermés que la nuit tisse sa tapisserie. Lorsque nous ne voyons que nous.
Nous avons mis à sécher nos regards sur la corde tendue de la nuit blanche. Depuis longtemps nos yeux appartiennent à nos rêves.
C'est dans le coffret de la nuit que nous gardons nos cris comme des âmes emmêlées qui ont oublié l'alphabet de leur corps.
Quand la nuit démêle ses cheveux surgit ta lumière à la proue des fleuves. L'accouplement mesure la distance entre la terre et l'au-delà. Coupole ou calice tes seins sont des poteries que la nuit déterre sous le chantier de ses fouilles. Ils racontent à mes doigts l'histoire des cloches du rivage.
Comme une caste d'adorateurs nous revêtons notre vraie peau et les rouages de nos reins remettent en marche le moulin de la nuit.
Dans nos ailes l'île s'envole comme un refrain de pleine lune, hausse sa parole péremptoire à la brûlure de l'éclair. Jamais oiseau n'a tant donné à la mangue fraîche de la nuit.
Toute nuit explore nos veines, découvre les royaumes enfouis sous les figuiers maudits, brûle ses vaisseaux pour ne point retourner et construit en nous sa forteresse et sa ville.
Toute nuit mène à ton port, à ton poème de coui sonore, au lagon charnu de ton île.

Faugas
Le 27 juillet 07


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Créé le 1 mars 2002

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