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de Philippe Vallet, sélection septembre2003 :
philippe.vallet@libertysurf.fr

COMPTES

 


PREMIER

J'ai vu le monde à l'envers
le monde et l'horizon bien partagé
et le bleu bien marqué

Après l'orage à l'épine du cynorhodon
un clair de lumière
reflet comme un feu du dedans
la goutte d'eau attend.

C'est dans le provisoire que les mots sont généreux
comme cette goutte de l'épine au ruisseau
un voyage de gourmande
nourrir de sa transparence nos yeux
un miroir fortuit nous retourne
un ciel et son visage
des arbres et leurs racines
et un peu plus tard le soir
juste avant que tout prisse
les toiles apprenties de la nuit paraissent
éclats de larme d'eau suspendue.

Il nous reste quelques fils à tisser
et retenir nos raisons
la limpidité d'un regard l'été
un aperçu de jardin après la rose
la brillance de l'eau en goutte
bien protégée au foyer de la fleur
une pensée velours.

C'est l'eau de tous les bonheurs
la rose du matin en est la fille
des dernières gouttes tombes
juste avant la disparition de l'arc-en-ciel
juste avant de s'infiltrer

L'eau coule et roule ses vagues
use et abuse
tourmente et entaille
tranche la montagne.

Il pleut : naissance d'un gouffre.
surgie de l'océan
poussée par le temps
la goutte fuse et glisse
de ses veines de sang elle taille le rang des années
le sable grain à grain
trace la ligne d'une naissance à la mer
elle besogne et convertit
et construit son  lit d'années empiles aux méandres d'avenir torturé
elle puise et enjôle
les faiblesses de la roche
elle burine son origine
ses strates de poussières transforment le temps figé au fond des océans
elle accorde la naissance aux cailles des montagnes.

Je suis l'eau de ma vie.
Dans le noir surgit le blanc.
Pousse du roc
l'éphémère tombe dans le vide
la goutte construit la saison
élabore des colonnes, des nappes
les oriflammes de l'éternel gouffre de la terre mère.

La montagne lentement
se transforme en oubli
s'en retournant à l'intérieur
se retrouvant en dedans.

L'eau tourmente ces entrailles
l'eau s'accomplit
du blanc au gris
du noir au clair
du sourd au bruyant
du charbon au cristal
magique au sommet elle explose
exalte ses toiles souterraines
sans bruit dans le silence de ses ténèbres
l'éloignement pour exister.
Elle accumule les infimes débris glanés au quotidien
Sous les arcades de la nuit
les cris de la vie ne rugissent plus
au fond de la mer prépares les sommets que tu nourris.
Je marche fragile au coeur de la terre
un témoignage pour guide
marquant de mon talon la douce argile
plus loin l'odeur de pierre me transporte
plus loin en avant.
Vers la fin : le retour.

Un geste accompli ouvre un pas novice
avec précaution tire le fil, débobine le sang.
Le seuil du labyrinthe s'ouvre à  tes mains
des fragments de lumière s'offrent au monde de la nuit.

Je réveille les cercles du vent
je lève le temps sculpté dans le roc.

Les nuages et le ciel
se gravent aux clefs des voûtes endormies.
Je fais raisonner l'écho où se rencontrent la source et la pluie.
Brisant le passé des coupoles humides
l'eau  tombe
des gouttes brisent le silence.

Mes pas transportent la lumière
le jour du trouble de mes précarités
un répit assidu et inflexible se referme derrière moi.
J'existe.

Fragile je suis l'incertain
le pauvre homme bref
je crains le froid
du soleil je subis l'appel
le noir et l'inconnu me provoquent
je ne peux résister.

Mon souffle étranger
laissent des notes froisses
mes signatures au dos du temps
tristes histoires rédigées dans l'ombre.

Je sonde l'inlassable de mes suppliques
l'envers du décor.
Je regarde la goutte tomber.




 *

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Créé le 1 mars 2002

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