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de Philippe Vallet, sélection juillet 2003 :

Eau de matin clair

 

Eau de Matin Clair
J'ai vu le monde à l'envers
le monde et l'horizon bien partagé
le bleu bien marqué.
Après l'orage à l'épine du cynorhodon
un éclair de lumière
reflet comme un feu du dedans
la goutte d'eau attend.
J'ai envie de boire le monde
avec douceur au bout du doigt
elle va rejoindre ses soeurs.
C'est dans l'éphémère que les mots sont bons
comme cette goutte de l'épine au ruisseau
un voyage de gourmande
nourrir de sa transparence nos yeux
un miroir fortuit nous retourne
un ciel et son visage
des arbres et leurs racines
et un peu plus tard le soir
juste avant que le tout périsse
les étoiles apprenties de la nuit paraissent
éclats de larme d'eau suspendue.

Il nous reste quelques fils à tisser
et retenir nos raisons
la limpidité d'un regard l'été
un aperçu de jardin après la rosée
la brillance de l'eau en goutte
bien protégée au foyer de la fleur
une pensée velours.
C'est l'eau de tous les bonheurs
la rosée du matin en est la fille
des dernières gouttes tombées de l'arc en ciel
juste avant la disparition
juste avant de s'infiltrer.
L'eau coule et roule ses vagues
use et abuse
tourmente et entaille
tranche la montagne.
Il pleut : naissance d'un gouffre.
Surgie de l'océan
poussée par le temps
émergée de la nuit
la goutte fuse et glisse
taillant de ses veines de sang
dans le rang des années
le sable grain après grain
trace la ligne d'une naissance à la mer
elle besogne et convertit
et construit son lit d'années empilées
aux méandres l'avenir torturé
elle épuise et enjôle
les faiblesses de la roche
elle burine son origine
ses strates de poussières transforment le temps
figé au fond des océans
elle accorde la naissance aux écailles des montagnes.

Je suis l'eau de ma vie.

Dans le noir surgit le blanc.
Poussée du roc
l'éphémère tombe dans le vide
la goutte construit la saison
élabore des colonnes
des nappes et des oriflammes dans l'éternel gouffre de la terre- mère.

La montagne lentement se transforme en oubli
s'en retournant à l'intérieur
se retrouvant en dedans.

L'eau tourmente ses entrailles
l'eau s'accomplit
du blanc au gris
du noir au clair
du sourd au bruyant
du charbon au cristal
magique au sommet elle explose exalte ses étoiles souterraines
sans bruit dans le silence de sa nuit
l'oubli pour exister.
Elle accumule les infimes débris cueillis au quotidien
au fond de ta mer prépares les sommets que tu graviras.

Sous les arcades de la nuit
les cris de la vie ne rugissent plus

Je marche fragile au coeur de la terre
un témoignage pour guide
marquant de mon talon la douce argile.
Plus loin, l'odeur de pierre me transporte
plus loin, en avant.
vers la fin
le retour.

Un geste accompli ouvre un pas nouveau
avec précaution tire le fil, débobine le sang.
Le seuil du labyrinthe s'ouvre à tes mains
fragments de lumière offerts au monde des ténèbres.

Je réveille les cercles du vent
je remonte le temps sculpté dans le roc.

Les nuages et le ciel
se gravent aux clefs des voûtes endormies.
Je fais raisonner l'écho où se rencontrent la source et la pluie.


Brisant le passé sous les voûtes humides
tombent l'eau des gouttes, brisent le silence.

Mes pas transportent la lumière
le jour du trouble de mes précarités
un répit patient et inflexible se referme derrière moi.
J'existe.

Je crains le froid
du soleil je subis l'appel
le noir et l'inconnu me provoquent
je ne peux résister.



Mon souffle étranger
laissent des notes froissées
mes signatures au dos du temps
tristes histoires rédigées dans l'ombre.


Je sonde l'inlassable de mes suppliques
l'envers du décor.
Je regarde la goutte tomber

*

 

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Créé le 1 mars 2002

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