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de Philippe Vallet, sélection
juillet 2003
JE
NE CROIS PLUS AU SILENCE |
J'use en passant les ombres de mes chemins.
Sur les montagnes sourdes, entrouvert sur le ciel, je veux savoir
où je mets le pied. Je veux de ma bouche avaler l'air qui
tombe des étoiles.
Écoute le rien, perçoit encore la taille béante
du glacier disparu.
Nous les passants, nous respirons les miettes de chaleur d'un soleil
gratuit, puis d'un regard bleu sur un horizon, à l'appel du
temps nous le perdons au peu d'un cri vertical. Il ne trouve que
l'à-pic juste après l'arête pour mourir.
Grimper, descendre entre le jour et la nuit nous devons tenir le
chant de nos pieds, le claquement sur les pierres du chemin où
la chaussure se plante d'un coup sec dans la flaque.
Il nous reste la différence d'un regard, celui que je peux
en partage tendre entre la bas et l'autre, et entre-ouvrir l'éboulis
qui nous sépare. Ecoute le cœur bat-il trop fort ?
Le bonheur n'a pas de frontières, il passe par-dessus les
cols, les sommets et les gouffres noirs qui nous démembrent.
Il nous reste à grimper les lacets, savourer la brume d'un
ciel qui se déchire, à trouver les mots pour dire,
car je veux savoir où demain met sa bouche, porte ses lettres.
Pourquoi là bas est-il si loin ? Suis-je l'enfant sans limite
?
Chaque mot pense comme sautille une jambe en transe sous la musique
de nos comédies : le silence peut-il tenir ses promesses ?
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