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Silvie Piacenza
    sélection novembre 2005

 elle  se présente à vous.


 L’agape

Il est encore des soirs, Anatole, où je m’entête à marcher jusqu’aux jasmins. J’en porte un bouquet à mon front. Puis lasse, de mon coeur torturé, j’échoue au pied des oliviers, et regarde mourir les cyprès.
Je lutte à votre absence.
Il est aussi des soirs plus simples, Anatole, aux promesses de nuits chaudes et liquoreuses.
Des nuits de souvenirs éventés. Ces soirs là, Anatole, je ne souffre pas, non, je creuse en silence, mes rides jusqu’à l’oubli.
Des soirs, où je suis vieille. Vieille et paysanne.
Où mes mains de sel ramassent les pierres où, inlassablement, je construis des murettes et peigne les montagnes, engrangeant le vain espoir que vous puissiez en faire une lecture céleste. Mais ce sont là des soirs de vaillance.
Parce qu’il est des soirs où je vacille, Anatole, à la lueur de votre autel, une bouteille d’huile à la main, ne sachant plus ce qu’il me faut alimenter. Et c’est encore moi, Anatole, qui reste, et m’oblige à garder, aux lèvres, la couleur des bougainvilliers.
J’ai les yeux chardons. Et des larmes de cistes.
Les soirs de salive, je retourne sur le pont dominant le canal, et surveille les bateaux qui promènent leurs Anglaises. Et là, je crache. Comme une adolescente. Et ris de les imaginer sortir leurs vieilles dentelles.
Et mon rire ruisselle, le long des parois, sperme au fond de son isthme.
Oui, je m’étreins encore, Anatole, ces soirs de ruine, tout doucement, sous la caresse des feuilles d’acanthe.
Je vous respire du fond de mes résines avant de m’assoupir.
Et me réveille à l’aube de jours qui ne se résignent pas à mourir.


***



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Créé le 1 mars 2002

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