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Patricia Romanet-Faucon
  sélection juin 2005

elle se présente à vous.


 La lune est morte
et on dirait
que tout le ciel va naître

Il avait dit : « Viens, la lune est morte et on dirait que tout le ciel va naître »
Elle avait baissé les yeux depuis l'horizon gris-bleu jusqu'à la terre là-bas, et de la terre lointaine jusqu'à celle d'ici, obstinément sienne, fermée à double tours sur les pieds, comme un couvre-fond pesant le poids de tous les marbres de tous les cimetières.
Elle avait fixé son regard aux rives ocres d'en-dessous elle. Sa mémoire déroulait l'anarchie des senteurs humides, lourdes, profondes, des émanations d'orages à faire ployer les coquelicots, des poudres lisses à s'y frotter les lèvres, à s'y meurtrir le cœur, des saveurs d'opacité douce-amère d'amandes et d'écorces.
Elle aurait pu réciter dans un souffle la géographie veineuse de cette terre-là, ses blessures pourpres aux sillons de larmes de boue. Elle avait dans ses yeux le murmure plaintif de ses épuisements, ses cris de vie à ouvre-ventre, à pousses tendre vert, ses brûlures et ses glaces arrogantes.
Elle avait fixé son regard sur l'assaut barbare de la folie des hommes contre sa terre sacrée, ce point de sang trop rouge pour qu'elle ne le voie pas.
Un sourd battement martela ses chevilles, remonta le long de ses jambes, de ses cuisses, jusque dans ses secrètes moiteurs de femme.
Alors elle leva vers lui ses yeux d'ébène.



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Créé le 1 mars 2002

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