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Sever Miu 

Des pas sans traces

(extrait 2)

(Illustration Sever Miù)

 

 

 


Le reste de la cour, parmi des mauvaises herbes, ferrailles et pierres était mon royaume et celui de mes amis. La communication se faisait tout comme les tribus africaines, par des cris de guerre où des coups. D’où ce tam-tam dans le faubourg Mihai Bravu?
Une telle bagatelle, pourrait –elle nous faire renoncer? Il y avait beaucoup de tôles sur le toit des remises, il y avait
des planches pourries dans les palissades d’alentours, devenues de plus en plus "fragiles". Et tout cela arrivait
au malheur des voisins, quin’appréciaient pas le charme de la jungle africaine, s’obstinant à croire qu’ils vivaient dans la civilisation…

Je traversais la porcherie, ravagée après le traitement des cochonnets morveux, j’escaladais un mur qui, au
début, avait été "orné" par des tessons en verre que j’avais coupés en morceaux à l’aide d’un tuyau en fer, "facilitant mon chemin" et j’arrivais sur le toit des voisins.
La tôle -brûlante comme le feu. Il serait mieux d'avoir à coté de moi Gerila.
Sautant d’un pied à l’autre, me protégeant, je traversais dans la cour voisine. Seulement moi et le matou Morcovila, nous pourrions nous vanter de cette performance, mais chacun de nous ayant d’autres buts.


Le jardin de l’église de vis- à – vis était un territoire "privilégié".
Là , morts et vivants, dans un désordre commun, se croisaient sur les allées du cimetière, "en résolvant" à la
minute des situations qui grisonnaient les philosophes.
C’étaient les endroits où je jouais avec les enfants du prêtre Paslaru qui habitait la maison paroissiale, derrière
l’église. Il n’y avait rien de plus tonique que notre vacarme à l’entrée du cimetière! Nous défiions, inconscients, l’empire de la mort, comme des dissidents d’une éternité illusoire.
Nous ne savions pas que, derrière les buissons, la balle du destin était dans le tuyau du fusil…..
Les fossoyeurs et les sonneurs de cloche chassaient souvent les petits "profanateurs", qui rompaient la tristesse
en riant aux éclats. Quand le fils du prêtre était avec nous, nous trouvions l’immunité! Nous nous cachions dans le clocher, en y troublant le sommeil des hulottes, ou nous encerclions, à la danse du fuite, l’église…..

L’homme était le même que son ombre.

Le soleil se frottait le visage d’une nuage, tout surpris…..

Puis, tout était comme au début…

Silence et solitude!

Le soir, les tilleuls et le jasmin nous enveloppaient dans leur odeur commune. Comme si pouvions sentir autre chose à ce moment? Grimpés sur les dossiers des bancs de la rue, nous nous reposions, après les longs ébats du jour mort, dressant le plan pour celui qui allait venir…

L’automne, était signe de sagesse.

Un doux soleil, un peu triste, souriait à un souvenir.....

Sous mes pieds, la tôle sur toit ne brûlait plus, la terre était devenue paisible….

Puis, comme un enfant gâté, qui montrait son faible …
Il badigeonnait à la va vite le ciel en gris.....
Il fondait le bleu du ciel…
En y fermait le soleil, démaillant le noeud des nuages.

La flânerie avait fini....

Je regardais à travers le ciel qui ne cessait cribler des gouttes froides, embarrassant mes plans.

Je collais mon nez à la fenêtre dévoré d’ impatience.
Une brume légère brodait son voile.
Le seul appui de l’existence était là ce froid écran.
Les gouttes s’écrasaient à son éclat.
Je regardais leur glissement continu, en pariant l’une ou l’autre.
Les grenouilles sautillantes de "Calavaros" me manquaient , mais j’avais mes "athlets".

Plus tard, lorsque parmi les gouttelettes se mêlaient les duveteux flocons de neige. J’étais sûr que là - haut, dans
l’alcôve de l’Eden, les anges mettaient leurs ailes fraîches…
Je dessinais une moustache à Pinocchio et une barbe à Blanche Neige et …je déménageais en Afrique, en
voyageant avec le ballon de Jules Verne.
La sonnette tintait longuement.
Je courais accueillir maman, qui arrivait avec des achats d’Obor.
Dans la cuisine, sur la table, les piments-tomates fières et les tomates vertes étaient enfermés dans les cachots
des pots. Après y être longuement restés, eux aussi, ils en avaient assez et devenaient…..pickles !
Les tomates avaient un destin plus cruel…..Bouillies dans la chaudière de grand-mère, elles finissaient par être
transformées dans une lave rouge, enfermées dans des bouteilles, les couvercles verrouillés au goudron
Papa était dans la chambre à coucher, en éclairant ses "éternels " problèmes..
Autour du lit , les feuilles de papier blanc volaient comme des pigeons, en reposant sur le plancher.
J’essayais de les aider , en leur mettant des bâtons dans les roues.

Une voile chaude m’accablait l’âme!

Je sentais le bonheur de les avoir tous auprès de moi….

C’ était l’harmonie.



Maman chantait….

 

 

Sever Miù

 

(un dessin d'enfance de Ioan Sever Miù)

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Créé le 1 mars 2002

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