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Valérie Bezard, sélection janvier 2004
Il se lève et laisse une vague empreinte au creux du lit. Il est de ces êtres à la présence légère comme une volute de fumée qui s’évapore subrepticement vers les nuages. À chaque instant, j’ignore dans quel univers il a décidé de séjourner. C'est quand il n’est pas vraiment là qu’il parle le plus, pour masquer son absence. Telle une étoile éteinte depuis des millions d’années qui continue de diffuser sa lumière. Dans la rue, il passe, son regard s’attarde sur des riens. Il reste en bordure du monde et l’observe soigneusement de son air détaché, laissant glisser sur lui les bruissements de la vie. Puis il dessine ces ombres dans un recoin de son esprit, avec en pinceau sa vision décalée. Sans jamais s’impliquer. Etre désincarné, de marbre, presque frigorifié. Rien ne l’entache, rien ne le touche, tout s’efface. Est-il issu d’un monde parallèle ? Il croit être là, mais déjà il est ailleurs, jamais marqué plus de quelques heures. Il effleure la terre de son apesanteur. S’est-il barricadé, retranché dans son univers intérieur pour protéger de la pollution extérieure une vieille blessure, pour éviter que les rayons du soleil révèlent une effrayante cicatrice ? Il est un mystère, une énigme non résolue, un rébus d’une écriture inconnue, un puzzle disloqué. Mais la clef aussi est dans une autre galaxie. Sa légèreté est contagieuse : je m’envole, aspirée par un néant. La trace de ses pas en moi s’efface doucement. A ne pas vouloir être pesant, il ne s’imprime nulle part, ne m’imprègne pas, léger comme un souffle d’air qui s’enfuit vers le firmament. Sans bruit, doucement, insidieusement. Je me retourne, il n’est plus là, et je ne m’en souviens déjà plus. Il s’est transformé en fantôme, égaré dans les labyrinthes de mon inconscient.
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Créé le 1 mars 2002
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