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Valérie Bezard, sélection janvier 2004
Le vide s’étendait, là, droit devant, dépassant l’horizon. Immense plaine de néant. Gouffre inexorable au souffle froid qui aspirait jusqu’aux bordures du monde. Le monstre allait tout dévorer si elle ne s’enfuyait pas. Elle recula en vain, il avançait toujours. Alors elle s’agita pour lui échapper. Elle courut sur les contours de la planète, absorba des visages, des sourires, des larmes, des gravats, des ruines, des gestes symphoniques, des grâces suspendues le temps d’un effluve, des parfums mélodieux, des accords mineurs, s’embrasa au coin de ruelles à la nuit tressaillante, dessina des mots, des odeurs, décrivit des échos, des couleurs, chanta les songes dispersés par le vent, sculpta des fantômes crucifiés par le néant. Elle avait presque oublié le vide, qui la happa au détour d’un chemin : il s’évaporait d’une faille béante en elle, et l’absorba totalement.
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Créé le 1 mars 2002
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