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Notre librairie compte plus de 150 auteurs. Nous vous invitons à venir la visiter. Vous y trouverez des poètes, des nouvellistes et romanciers, des auteurs de pièces de théatre, hommes et femmes, connus et inconnus, venus des cinq continents. Vous pouvez, vous aussi, en faire partie en nous proposant un texte. Dans notre Salon de lecture,
honneur ce mois-ci à Xavier Jardin.
Les mois défilent et passent sur nous comme le font les vagues sur la plage, la fontaine des jours égraine des minutes infinitésimales et nous nous retrouvons déjà en été, en saison de feu, en brûlure, en voyage. La chaleur, les flammes mauves des nuits vont nourrir nos poèmes, nos langues tourneront dans des verres glacés le long d'une table de hasard, d'un bistrot, d'une île impeuplée. Nos peaux seront liquides, on guettera la naissance des ombres, on rêvera aux pluies et aux nords perdus. Il faudra alors trouver des repos dans des cathédrales de verre, des niches polaires au coeur du feu, il faudra bouger par gestes lents, marcher avec la grâce du fantôme, pour ne pas périr par le bouillon solaire. L'été est là et Francopolis s'allonge sur le hamac doré du repos, Francopolis fait sa petite pose estivale mais les lecteurs découvriront le prochain choix du comité en septembre et pour l’instant voici nos auteurs de juin.
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Orlando Jotape Rodriguez C'est en passant par le mot que " Mémorial " ouvre ses portes lourdes d'années, c'est d'un poids d'homme, d'une mémoire humaine, que le poème lève ses piliers d'ivoire, qu'il organise le monde sensible d'Orlando Jotape Rodriguez. Poids du corps, de l'homme: "pieds nus", "poitrine et fesses et ventre et sexe", "tout nus" :
« hommes femmes
la
Corps dans l'humilité, le dépouillement, l'ultra sensibilité, en traces, en points. Les mots deviennent autre chose que des liens vers le sens mais une langue ordonnée, un langage comme peut l'être les pas ou les traces d'un oiseau dans la neige, une fragilité. Mots entre humilité et lumière, pierres précieuses, braises indispensables, sur le support ultime de la page, qui en fait sourdre l'éclat, la magie.
Liette résume ce que contiennent ces mots si peu prolixes et si efficaces: "le peu de mots par ligne fait penser aux mitrailles, aux grenades lancées, à la respiration hachée. Et pourtant, à travers cette douleur sans nom, cette mémoire des cendres, les lucioles viennent comme pour déposer des lueurs, des flocons d'espoir impossible, mais le poème arrive à faire son chemin au travers de cette mémoire là".
« reste sans doute
Teri Alves ajoute: "chaque retour à la ligne semble inviter à la réflexion, parfois la contemplation".
« moins enfer que cet enfer
Le solaire de la langue d'Orlando Jotape Rodriguez se mélange aux facettes sombres, à la noirceur invariable de l'homme, non pas de façon délétère mais comme une donnée mathématique aussi bien dans la mémoire que dans le tragique de chaque seconde.
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Oudadess Mohamed
Sobriété et élan, comme désert et océan, langue et mot, parole et souffle. Pourquoi sobriété ? Après tout le poème n'est rien d'autre qu'une exaltation ou tout au moins une sublimation, pour le coup, ici, on se situe dans un amour fervent envers sa terre. L'amour dont il est question est de ceux que peuvent porter les exilés aux terres perdues et aimées.
« ville d'accueil, Car il existe des villes, des lieux, pour l'exilé comme pour le voyageur, ou même le promeneur, qui rappellent des souffrances et des solitudes, qui renvoient à la douleur, à l'émotion. Des villes, des lieux d'éveil, qui remuent en nous toute une part douloureuse de notre intimité et de notre histoire. C'est de cela dont le poème "Nouaakchott" parle insidieusement, car pourquoi souligner la beauté naturelle des paysage et des matières comme dans :
« tapis d'or
Sinon pour en dévoiler toute l'absence et la mélancolie. Sinon pour en ressentir une dernière fois l'intolérable intemporalité, le puissant degré de nécessité.
« veilleur fidèle,
"Veilleur fidèle", qui est donc celui qui regarde? Qui veille? Le poète lui-même dévoilé, regarde et marque par sa fidélité, par son besoin de poser le regard toujours là où il le doit, souligne en définitive sa condition d'oeil, de veilleur, son besoin de tenir à distance sa douleur tout en y étant inclus. ***
Jean Michel Mayot
Comme le dit Philippe Vallet :
« Le poème est-ce une tentative
De purification ?
Un sourire
Devant la honte d'écrire ?
Un bond d'orgueil
Vertical ? »
De quelle tentative parlons-nous exactement, de quel questionnement ? De quelle poésie ? Une écriture qui pourrait nous éclairer sur nous même tout en étant une tentative et non moins une expérience de vie ? Écrire est loin d'être un bond d'orgueil vertical comme le dit par provocation Jean Michel Mayot. Écrire doit être un acte de foi, une violence, un empire imaginaire, une vision réelle ou mensongère, un ultime hurlement de vie.
« Le poème est-ce une tentative
De purification ? » Sans doute, car il s'agit de dire et d'expulser hors de soi l'émotion, le ressenti. cette expérience de reformulation du réel est le corps même de cette tentative. ***
Sylvain Fetet
Il est toujours difficile de souligner l'originalité d'un texte ou d'un auteur sans prendre un certain parti pris. Nous aimons l'originalité mais lorsqu'elle peut agir en nous vraiment comme de la nouveauté, nous aimons comme le dit Teri Alves :
"Cette façon de créer un monde en quelques vers et l'animer avec talent." « Dans la cité de Nyodé les savants sont si nains que leurs chapeaux ne touchent pas le haut de leurs bibliothèques. »
Pour la part d'ironie ou même d'humour. « Les géants détiennent l'odeur du premier bouc à avoir brouté la menthe. »
Le ciment des poèmes de Sylvain Fetet est à mon sens le fait que le merveilleux est très marqué, où "Les dents des géants sont des livres de guerre", où "Les géants sont lyriques, parfois, ils font craquer tous les os de leurs lèvres pour s'embrasser." « La boutique du pont où dorment des enfants pliés comme des pages. »
Ou bien : ***
Et venez donc découvrir notre invité au salon de lecture, Xavier Jardin. Comment donner un aperçu du travail poétique de Xavier Jardin sinon par le poème lui-même. Parfois lire suffit, pardonne le mutisme, complète nos vies, lorsque le poème est sensible et clair, délicat. Parfois l'eau d'un rêve suffit pour trouver les chemins dont Xavier Jardin nous parle.
espère un rêve
la veine fouille
encore la sève
chemin de pluie
Xavier Jardin
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Créé le 1 mars 2002