LECTURE  CHRONIQUE


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Regard sur l'écriture - Soleil et Cendres - Au coeur du cri... et plus


... de sel et de pain

de

Paul Badin

par Michel Ostertag


Voici le dernier opus poétique de Paul Badin, auteur que nous connaissons bien à Francopolis, relire la chronique « Libre parole à... »  qui lui était consacrée en octobre 2010. 

Ici, il s’agit d’un ouvrage en forme de récit de voyage en Russie, entre Saint-Pétersbourg et Moscou effectué en juin dernier. Sous une forme classique en Vingt-six sonnets, il nous donne ses impressions de voyage, ses émotions ressenties au contact du peuple russe. Mais aussi ce sentiment de profonde misère du peuple à-côté de ces églises admirables, certes, mais regorgeant d’un luxe exagéré. Sans oublier ces nouveaux riches et leurs limousines démesurées.

Mieux qu’un reportage télévisé, les poèmes écrits sur le vif respirent une instantanéité qui me vont droit au cœur.
Ce travail d’écriture me fait aussitôt penser à tous ces textes du XIXe siècle où les artistes, les écrivains (Victor Hugo), les peintres (Delacroix et sa série de dessins élaborés au-cours de son périple en Algérie) n’ayant à leur disposition ni caméra ni appareils photos (ils n’étaient pas inventés !) avaient comme seules ressources la feuille de papier ou la toile pour transcrire leurs émotions. Devant l’ouvrage de Paul Badin, on ne peut être qu’admiratif. Je me doute qu’il a dû partir, comme tout voyageur d’aujourd’hui, avec caméra et appareil photos (c’est ce que j’aurais fait) mais aussi, et c’est là l’essentiel, cette envie « d’écrire-décrire » ce qu’il voyait, son ressenti au quotidien d’un pays si différent du nôtre.

Bel exemple à suivre où poésie et voyage s’accordent si bien.


Rendons hommage aussi à Michel Cosem, son éditeur qui a su créer une « Collection Lieu », à-côté des collections « Encres Vives » et « Encres Blanches », où des auteurs que nous connaissons comme Marie Melisou et son Carnet d’un voyage nordique viennent nous raconter sous forme poétique leurs pérégrinations à l’extérieur de leur pays. A ce jour 246 recueils sont disponibles.


Parmi ses sonnets (je suis envieux de cette idée de sonnet mis à l’heure du modernisme où la rime est retirée et qui nous offre une qualité visuelle que j’apprécie particulièrement et dans le cas présent un descriptif concis comme un tableautin expressionniste), voici quelques passages significatifs :


Celui-ci, descriptif comme un peintre saurait le faire :
Au couchant

Au couchant quand les flammes s’abaissent

à converser avec le clapotis des ondes

elles babillent, tressaillent à l’unisson

évoquent l’étrange immensité des forêts et des lacs


La vie simple, laborieuse :
Brave jument

Brave jument enfin libre se repait de printemps

d’ivresse vertes ponctuées par les pépites d’or

ce sont les pissenlits. Le maître n’est pas loin
laborieux, attentif mais son geste est soucieux.

L’enfance meurtrie :
La petite fille
Les choses se font chères, il faut pourtant manger
on ne discerne pas de diplôme pour l’espoir
il meurt le pays à qui manque son enfance.

 
La grande ville, démesurée :
Saint-Pétersbourg

Ville de décor, vaste fronton des apparences
débauche de palais, longues Perspectives…
Capitale mondiale du bâti, parade monumentale
de frontons, chapiteaux, portiques, colonnades de marbre

 
Un poème intensément descriptif :
Fièvres de banlieues

D’abord au loin de lourds panaches noirs
fumée toxique à se brûler les yeux
des cheminées, immenses déversoirs
des grues, lourds dinosaures, des portiques métalliques


Et cette foi, présente à chaque moment de la vie :
Le peuple russe et la foi

Elles et ils sont de plus en plus nombreux
adultes, qui préparent de nouveau le Saint Baptême
et proclament publiquement leur amour du prochain
par immersion, par aspersion, selon les rites.

 
***

Dans le n° de ce mois, à la rubrique « Coup de cœur » vous pouvez lire un poème dans son intégralité, poème intitulé : « Aveugles palais »

Amis lecteurs, n’hésitez pas à vous procurer cet ouvrage, il vous indiquera une autre manière de voyager plus en harmonie avec ce que nous aimons, la Poésie.

* (Prix du recueil : 7 euros (frais d’envoi compris)
Editions Encres Vives dirigées par Michel Cosem 2, allée des Allobroges 31770 Colomiers)

 

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Quelques Liens :

Francopolis : L'angle et le Zénith de Paul Badin
                  Poèmes dans la librairie
Terre à ciel : quelques poèmes

 

... de sel et de pain : Paul Badin
Francopolis novembre 2011
par Michel Ostertag


Créé le 1 mars 2002

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