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  PIEDS DES MOTS
Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...

DÉCEMBRE 2016

Paris-poèmes

de Michel Ostertag

PARIS,DRAGUE

Ici, là, ailleurs, dans une rue, une place,

Devant une fontaine, une église

Un bock bien frais,

Une belle fille qui te fait les yeux doux.

Sous le soleil ou la pluie,

Les jours de froid ou de neige

Paris que j’aime.

Qui m’étourdi

Me rend malade de tes pierres

Tes monuments, tes places,

Tes ponts, ton bruit aussi,

Tes terrasses, tes bousculades,

Ta mauvaise humeur.

Jusqu’à l’idée qu’on se fait de toi

Paris, tellement bien installé

Dans tes monuments

Que tu te fous pas mal de tes amoureux.

Aurais-tu tendance à te regarder le nombril ?

**

PAS LE SOU

Je n’avais pas le sou

Et pas de quoi manger

Ce jour

Ni les jours précédents

Je n’avais pas le sou

Mais les fois précédentes

Oui.

Mais j’ai tout bu et aussi tout mangé

Et aussi aimé des filles

De rencontre, celles peu farouches

Qui pour un ou deux billets savent

Se déshabiller et montrer leur corps

Et caresser le vôtre.

J’aimais cette période de ma vie.

Elle me donnait à fabriquer des

Souvenirs, de ceux qu’on garde

Bien au chaud au creux de ses rêves.

***

RUE EGINHARD

Je me tais

Je me cache

J’ai peur

Je tremble

J’écoute

Toute la nuit

Sans dormir

Je veille

Au moindre bruit

J’ai peur

Mon cœur

Saute dans la poitrine

Serais-je encore libre

Ce matin

Quand le jour se lévera

La nuit dernière

Il y a eu une rafle

J’ai entendu la voix

De la voisine

Descendre l’escalier

Des gendarmes sur ses pas

Serait-ce à mon tour cette nuit

Ou demain soir

Ou le surlendemain

Je voudrais échapper à cette

époque, ne plus être ici,

Mais loin, ailleurs

dans un autre pays.

Le jour se lève

Ils ne viendront pas

Je vais pouvoir m’allonger

Somnoler quelques heures

Demain, sera-t-il un autre jour ?

****

PONT DES ARTS

Au pont des Arts, j’ai accroché un cadenas

Comme les autres, pour faire comme les autres,

Tout seul j’étais, les autres étaient en couple,

En couple d’amoureux, mais moi, j’étais tout seul

Tout seul comme un con

Si seulement j’étais accompagné

D’une fille, belle ou pas, laide ou pas

Quelle importance ? Aucune

Ne pas être seul

C’est tout.

Derrière chaque cadenas

Une histoire d’amour

Derrière chaque cadenas

Des milliers de baisers

Et autant de caresses

Et autant de Je t’aime

Sous le reflet du soleil couchant

Chaque cadenas étincelait

De mille feux

Comme autant d’étoiles

Dans le ciel de Paris

*****

LA FLEUR DU PARC MONCEAU

La fleur était jolie

Il l’a coupé pour l’offrir à son amante

Elle l’a piqué à son corsage

Et la fleur s’est fanée

Demander son avis, à la fleur

C’eût été préférable !

Non ?

Mais les fleurs ne savent pas répondre

À ce genre de question

Elles ne savent que s’épanouir

Ou se faner.

MICHEL OSTERTAG
(J.Fleuret)

FRANCOPOLIS
décembre 2016

Le principe des Pieds des mots,
est de nous partager l'âme d'un lieu,  réel ou imaginaire,  où votre coeur est ancré... ou une aventure.... un personnage...

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