![]() |
|
Poésie du monde
:
brindilles choisies... suite
vitrail qui représente un quetzal, l'oiseau presque magique des mayas par Aaron
POÉSIE RUSSE
IDA ET HÉLÈNE SORIS : Poésie russe avec Marc Chagall
|
J’ai vu hélas dans la vie un cirque ridicule : Quelqu’un tonitruait pour effrayer le monde, et Un tonnerre d’applaudissements lui répondait. J’ai vu aussi comment on se pousse vers la gloire et Vers l’argent : c’est toujours le cirque. Une révolution qui ne conduit pas vers son idéal Est, peut être aussi, un cirque. Je voudrais toutes ces pensées et ces sentiments, Les cacher dans la queue opulente d’un cheval de Cirque et courir après lui, comme l’autre petit clown, En demandant la pitié afin qu’il chasse la tristesse Terrestre. Marc Chagall |
Comme un barbare Marc Chagall (1930-1935), Poèmes. Là où se pressent des maisons courbées Là où monte le chemin du cimetière Là où coule un fleuve élargi Là j'ai rêvé ma vie La nuit, il vole un ange dans le ciel Un éclair blanc sur les toits Il me prédit une longue, longue route Il lancera mon nom au-dessus des maisons Mon peuple, c'est pour toi que j'ai chanté Qui sait si ce chant te plaît Une voix sort de mes poumons Toute chagrin et fatigue C'est d'après toi que je peins Fleurs, forêts, gens et maisons Comme un barbare je colore ta face Nuit et jour je te bénis |
quelques pensées aussi de ce peintre poète :
L’amour de ma mère pour moi était si grand que j’ai travaillé dur pour le justifier. Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. L'amour est la vraie couleur, la vraie matière de l'art Le vitrail représente la cloison transparente entre mon coeur et le coeur du monde La poésie a-t-elle besoin de tout ce bruit ? Marc Chagall
|
JULIETTE : Poésie française par un poète d'origine chinoise avec François Cheng |
Suivre le poisson, suivre l'oiseau. Si tu envies leur erre, suis-les Jusqu'au bout. Suivre leur vol, suivre Leur nage, jusqu'à devenir Rien. Rien que le bleu d'où un jour A surgi l'ardente métamorphose, Le Désir même de nage, de vol. *** François Cheng, A l'orient de tout, Poésie/Gallimard |
Cette lune sur l'eau est-ce toi Cette lune dans l'eau est-ce toi Est-ce toi reflet et éclat à toi-même inédits En ton unique mémoire Tu regardes et tu t'éloignes Tu souris et tu t'éloignes A jamais proche inaccessible dans l'au-delà d'ici Dans l'au-delà de toi *** François Cheng, A l'orient de tout, Poésie/Gallimard | Entre le nuage et l'éclair Rien Sinon Le trait de l'oie sauvage Sinon le passage Du corps foudroyé au royaume des échos Entre *** François Cheng, A l'orient de tout, Poésie/Gallimard |
NARIM : Poésie kurde avec Emir Kamuran et A. Bedir-Khan |
LE SILENCE... A mon très cher ami Bernard Dorin Silence... silence... Sur les cimes, dans les vallées, Sur la neige immaculée, Dans les parcs, dans les plaines... Le monde retient son haleine. Les ruisseaux ne murmurent plus Comme dans les caves, Comme dans les vignes C'est le silence, c'est le silence Le ciel se tait... Le vent se tait Comme si c'était un jour d'été... C'est le silence, c'est le silence Mais ceci n'est Qu'une apparence! ... Interroge-le ! Est-il muet ? Ecoute-le bien Entends-le bien |
Il te dira combien je t'aime Sous ma poitrine mon coeur se tait De nostalgie et d'espérance... Dans le bonheur, dans la souffrance Le mot sublime est le silence, C'est le silence, c'est le silence, C'est l'ivresse de l'espérance ! ... Puis-je espérer ? tu seras mienne ? C'est un mot vain, Je le sais bien... Le désespoir dans l'espérance C'est le silence, c'est le silence Mais ceci n'est Qu'une apparence Interroge-le ! Est-il muet? Ecoute-le bien Entends-le bien Il te dira combien je t'aime *** Emir Kamuran e Amazigh - Les mystères des chants Ahidous |
LA CARAVANE
La caravane passe Entourée d'une cadence, D'un silence, D'un rythme sans écho. Cherchant des sources des coteaux
Comme sur les mers, sans routes, les bateaux. Sur la page blanche du désert Où la lumière fond comme le plomb sur la flamme, Les gazelles regardent de leurs yeux de femme. La caravane passe Liant les pays et les races, Laissant sous leurs pas Des mesures égales. Le soleil est blanc, un morceau de cristal Escortée par des ombres vives et berçantes,
Pensant à la nuit aux fraîcheurs caressantes La vie a le rythme du pas des chameaux. Tel un ciel hivernal par ses astres, les hameaux. Des visages maigres et des regards sombres, Leurs nuits sont longues et leur fatigue brève, Cultivant la lumière et récoltant l'ombre. Ils consolent leur espoir sur l'oreiller du rêve. *** A. Bedir-Khan |
LEÏLA CHERRAT, JEAN-MARC LA FRENIÈRE ET AARON: Poésie suédoise avec Tomas Transtömer |
Quelques minutes Le pin bas des marais tient haut sa couronne : un chiffon noir, Mais ce qu'on voit n'est rien à côté des racines, du système de racines disjointes, furtivement reptiles. Immortelles ou demi-mortelles. Je tu il elle se ramifient aussi. Au delà de ce qu'ils veulent. Au delà de Métropolis. Du ciel laiteux de l'été il tombe de la pluie. C'est comme si mes cinq sens étaient branchés à un autre être se déplaçant avec autant d'obstination que ces coureurs vêtus de clair dans un stade où ruisselle la nuit. Tomas Transtömer, poète suédois. Extrait de Baltiques et autres poèmes, éd. Le Castor Astral (France) et Les Écrits des Forges (Québec) ********** À DES AMIS DERRIÈRE UNE FRONTIÈRE 1 Je vous écris une lettre si sèche. Mais ce que j'ai pu écrire s'est gonflé et gonflé comme autrefois les dirigeables pour finalement partir dans le ciel de la nuit. 2 Ma lettre et maintenant chez le censeur. Il allume sa lampe. Dans son éclat, mes mots s'envolent comme des singes sur une grille, ils la secouent, se figent et montrent les dents. 3 Lisez entre les lignes. Nous verrons dans 200 ans, lorsque les microphones seront oubliés dans les murs de l'hôtel et qu'ils pourront enfin dormir, devenir trilobites. * "Etrange de sentir mon poème grandir à mesure que je rapetisse. Il devient de plus en plus grand prend ma place me presse contre moi-même. Me jette hors du nid le poème est fini." T. Tranströmer (traduit à la vite de l'anglais par Aaron) |
CÉCILE GUIVARCH : Poésie libanaise avec Salah Stétié |
MÉDITATION SUR LA MORT D’UNE FIGUE Fiançailles de la fraîcheur, Imprimerie Nationale, 2003 Les oiseaux sont de jour Les oiseaux sont de nuit Figue puissante et belle Et de peau blanche et de peau noire es-tu Selon ta race étrange A peine ouverte avec du sec avec du lait Et dans ton corps d’infante Fendu sous le duvet Le feu de ta féminité nature Attire écarte épuise Les oiseaux fous de la lumière de la lune Aux pièges de l’Angelico Fermés, réels * Beauté saveur l’éclat des étamines Tes fibres tes fibrilles Quand tu t’ouvrais cela qui savait rire Était bouche avec bouche La couleur de ta chair chargée de lèvres Et ta langue profonde Déchirait les tissus et retissait Le corps comme une langue ou flamme Ou langue Profanatrice, langue de profanation * La mamelle est ridée L’outre du vent splendide A libéré le ciel de tous ses pleurs Il y a eu le soleil et il y a eu la lune Pour aider la plus figue à devenir si ronde Pour aider la plus fille à devenir suave Pour aider l’une et l’autre à mélanger leurs pleurs A mélanger leurs peaux d’amour jusqu’aux sucs *** Salah Stétié |
CÉCILE GUIVARCH ET ALI IKEN: Poésie belge avec Geo Norge |
Les vagues
prisonnières ne respirent pas facilement sous un toit. Elles se décolorent,
elles perdent leur chevelure d'écume et jusqu'à cette façon
de ployer le torse.
Mais malheur à qui fut assez adroit pour capturer une jeune vague, non point assez vigilant pour l'endormir. Un coquillage oublié dans la maison, quelque forme de vaisseau, lui rend l'instinct de sa race sauvage et voici qu'elle se gonfle, élève sa fureur et se précipite, emportant tout à la mer, où elle recommence une vie d'une grande beauté." Geo Norge, Poésies 1923-1988, Poésie/Gallimard n°237, 1990. Sur Norge: http://www.lamediatheque.be/CENTAUTEURS/html/norge.html http://franceweb.fr/poesie/norge2.htm |
Et toi, que manges-tu?
Et toi, que manges-tu, grouillant? -Je mange le velu qui digère le pulpeux qui ronge le rampant
Et toi, rampant, que manges-tu? -Je dévore le trottinant, qui bâfre l'ailé qui croque le flottant. Et toi, flottant, que manges-tu? -J'engloutis le vulveux qui suce le ventru qui mâche le sautillant.
Et toi, sautillant, que manges-tu?
-Je happe le gazouillant qui gobe le bigarré qui égorge le galopant.
Est-il bon, chers mangeurs, est-t-il bon, le goût du sang? -Doux, doux! tu ne sauras jamais comme il est doux, herbivore! Norge |
UNE PASSANTE: Poésie québécoise avec Gilbert Langevin |
Lettre pour la vie en pleine nuit
Ta soif la plus claire se noie dans mon verre désirable désirante jamais indifférente à tout ce qui brûle à tout ce qui hurle souvent bienveillante au plus faible murmure dans l'éclos dans l'ultime voilà pourquoi je vénère ton nom comme on respire sans savoir s'il s'agit tout à l'heure de mourir ou de vivre autrement sur un autre versant. (Le dernier nom de la Terre, éd. l'Hexagone, 1992) Gilbert Langevin, |
POÉSIE ANGLAISE
JULIETTE : Poésie anglaise avec William Blake et Francis Thomson |
Voir un univers dans un grain de sable,
Et le ciel dans une fleur des champs. Tenir l'infini dans sa paume, Mettre l'éternité dans une heure. William Blake |
Toutes choses
Proches ou lointaines, Secrètement Sont reliées les unes aux autres, Et vous ne pouvez toucher une fleur Sans déranger une étoile. Francis Thompson |
POÉSIE ROUMAINE
CÉCILE GUIVARCH ET JEAN-PIERRE CLÉMENÇON : Poésie roumaine avec Ghérasim Luca |
LA FIN DU MONDE
prendre corps Je te flore tu me faune Je te peau je te porte et te fenêtre tu m'os tu m'océan tu m'audace tu me météorite je te clef d'or je t'extraordinaire tu me paroxysme tu me paroxysme et me paradoxe je te clavecin tu me silencieusement tu me miroir je te montre [...]" Ghérasim Luca, extrait du recueil Paralipomènes (1976) cité par André Velter, "Ghérasim Luca passio passionnément", éd. Jean Michel Place/poésie, page 89. Lire la fiche de ce livre sur zazieweb |
QUART D'HEURE DE CULTURE MÉTAPHYSIQUE (extrait) "Allongée sur le vide bien à plat sur la mort idées tendues la mort étendue au-dessus de la tête la vie tenue de deux mains Élever ensemble les idées sans atteindre la verticale et amener en même temps la vie devant le vide bien tendu Marquer un certain temps d'arrêt et ramener idées et mort à leur position de départ ne pas détacher le vide du sol garder idées et mort tendues" [...] Ghérasim Luca, in André Velter, Ghérasim Luca, passio passionnément, Jean-Michel Place Poésie 2001, P. 72 |
19 novembre 19.. Monsieur, Eh bien! une espèce de réponse n'a pas tardé à se faire entendre et j'en trouve la confirmation dans la perception aiguisée d'une sorte d'émission de voyelles que je viens de capter et qui m'a été signalée comme provenant de vos lumières. Il semble vraiment que vous avez trouvé une nouvelle et délicate manière de faciliter nos rapports. Cet envoi éclairant, qui dans ma solitude à deux prend un rayonnement particulier encore jamais atteint, n'apporterait-il pas la parole seconde? Cet envoi qu'il serait absurde (puisque l'occasion, la précieuse occasion est enfin là) de refuser..... Ainsi, vous restez pour moi le seul interlocuteur possible quand je tente de me dérouter. Ce but je ne l'atteins pas en m'ouvrant à vous, à moins qu'il ne soit une voie détournée qui, si elle en est une, est infranchissable. Être en route, chercher et même trouver une clef, ce ne sont là que des passe-temps de serrurier. Vous devez donc vous justifier. Et précisément, c'est impossible. Ghérasim Luca Lettre du 19 novembre (une des 23 lettres écrites jour par jour à un destinataire inconnu) ces lettre sont expédiées chaque jour à un anonyme par son amie qui tire une adresse au hasard |
MARY TELUS : Poésie polonaise avec Tadeusz Rozewicz, Miron Bialoszewski et Wizlawa Szymborska |
Cercle
la vie quel beau cercle parfait parfaitement rond faibles malheureux les jeunes gens essaient de s’y dérober d’y échapper ils tentent de briser de casser de changer le cercle en un carré noir ne t’enfièvre pas ne te presse pas ne désespère pas il ne faut pas ! attends patiemment n’accélère pas ne porte pas la main sur toi la seule la vraie sortie de ce cercle c’est la mort attends ! ça viendra tout seul sans démarches sans larmes sans gestes inutiles sans lettres d’adieu par la naissance ensanglanté aveugle criant tu es tombé dans le cercle enchanté ton cercle de craie plein d’ombres et de lumières idéal parfaitement clos c’est le dernier Dieu à être vivant par la mort tu en sortiras donne-moi la main Tadeusz Rozewicz |
Autoportrait réjouissant Ne pensez pas que je sois malheureux Soyez content que je pense Pensez que je me réjouis. La conscience est une danse de joie. ma conscience danse devant une aura de pluie devant un pan du mur devant une épicerie couronnée de choux devant les lèvres des amis parlants devant ma propre main qui me surprend devant la sculpture de la réalité - dans la splendeur d’une suprême soirée dansante et dans la noblesse du service religieux indifféremment ma conscience danse. Et quand la danse se déchirera selon l'habitude de chaque pelote, j'irai au paradis - où on ne sent rien où j'étais au début avant d'être où je resterai jusqu’à la fin là-bas - la joie indescriptible .................................................. .......................... C'est tout. Miron Bialoszewski (1922-1983) |
Le vin
D’un regard il me fit plus belle et je pris cette beauté pour moi. Heureuse, j’avalai une étoile. Il m’invente telle mon reflet dans ses yeux. Et je danse, danse ailes déployées La table est table, le vin est vin dans un verre qui est verre
solidement posé sur la table. Mais moi dans tout cela je ne suis qu’une illusion illusion sans limites illusion jusqu’au sang. Je lui parle de ce qu’il veut entendre: des fourmis mourant d’amour sous l’étoile du pissenlit. Je lui jure que les roses chantent quand elles ont bu du vin. Je ris, je penche la tête prudente comme si je faisais une expérimentation et je danse, et danse dans une peau étonnée d’être à moi dans des bras qui me donnent forme. Eve de la côte, Vénus de l’écume
Minerve du front de Jupiter furent plus réelles que moi. Quand il ne me regarde plus je cherche mon reflet sur le mur et ne voit qu’un clou sans tableau. Wislawa Szymborska (Traduction par Mary Telus) ... étonnant. Wislawa parle d'elle-même dans ce poème. mais toujours avec cet humour du bout des doigts pétillant comme le crémant d'Alsace. (écrit dans sa trentaine) pour découvrir d'autres poèmes de Wislawa Szymborska traduits par Aaron et Mary Telus, ainsi qu'une présentation de l'auteur, rendez-vous sur francosemailles... |
JULIETTE : Poésie allemande avec Rainer Maria Rilke |
Qui te dit que tout disparaisse ? De l'oiseau que tu blesses, Qui sait s'il ne reste le vol ? Et peut-être les fleurs des caresses Survivent à nous, de leur sol. Ce n'est pas le geste qui dure, Mais il nous revêt de l'armure D'or, des flancs aux genoux, Et tant la bataille fut pure, Un ange la porte après nous. Rilke Poème écrit en français |
C'est de la côte d'Adam
Qu'on a retiré Eve ; Mais quand sa vie s'achève, Où va-t-elle, mourant ? Adam serait-il son tombeau ? Faut-il lorsqu'elle se lasse, Lui ménager une place Dans un homme bien clos ? Rilke Poème écrit en français |