Wislawa Szymborska,
polonaise, poétesse, née en 1923. Cette
génération sacrifiée: jeunesse dans les
ténèbres hitlériennes, puis sous la patte bourrue
du grand frère socialiste. Elle a peu publié. Environ 300
poèmes. Un seul défaut : le Prix Nobel en 1996.
En écrivant, Wislawa n'appuie pas sur les mots,
n'ébourriffe pas le papier. Sa plume ne laisse qu'une ombre
douce, un peu sépia.
Avec sa plume, elle cherche des questions.
-Furète dans le fond des tiroirs.
-Sous l'écorce des arbres.
-Sous la peinture d'un tableau.
Elle cherche les questions dans les petites choses de l'existence. Dans
toutes
ces choses quotidiennes qui trottent sans chemin, sans maître.
Toutes
ces choses saugrenues et dérisoires qui mortifient l'existence
ou
l'égaye.
Pourquoi les pierres ne nous répondent pas quand on leur parle ?
Pourquoi
faut-il rembourser la vie jusqu'au dernier sou ?
Qui mettra le lait dans la jatte du chat aprés ma mort ?
Pourquoi le personnage d'un tableau antique vous regarde-t-il d'un air
vivant
?
Toutes ces questions libres de réponses. Toutes ces questions
qu'on
ne pose jamais parce qu’il est plus facile de vivre avec des
réponses
qu’avec des questions.
De ces choses, Wislawa
nous en parle avec tendresse et modestie, douceur et ironie. Tellement
qu'en
la lisant on a presque le sentiment (très fugace bien sûr)
d'être
intelligent et de comprendre, ne serait-ce qu'un moment qu’un fragment
d'éternité,
pourquoi la terre est ronde.
Je vous présente 7 poèmes de Szymborska parmi mes
préférés.
Ils nous montrent les facettes de la poésie de cette auteure,
son
humanisme, son ironie, et la profondeur de sa réflexion. On peut
lire
ces poèmes et les interpréter comme on veut. Mon opinion
ne
serait qu'une opinion parmi les autres. Mais j'avoue avoir un penchant
pour Conversation avec la pierre, petite
autoroute satirique de réflexion
philosophique et Dans le fleuve d'Héraclite, léger comme un cachet
effervescent
qu'on jette à la mer
Il est évident que toute traduction n’est qu’approximation. La
subtilité
du langage original disparait. Le poids des mots, l’atmosphère,
la
résonance, l’histoire du pays, la culture.... Cela est
inévitable.
Il faut donc lire en utilisant sa propre vision poétique et la
projeter
au delà.
Sans oublier que la poésie elle-même, dans sa langue
mère,
sous la plume de son poète n’est qu’un traduction de choses
elles-même
difficilement intraduisibles....
Je remercie Mary Telus pour les corrections et commentaires. Mary elle
aussi
est une fervente de Wislawa.
* A la mémoire de Eva Sadowska, une collègue et amie.
C'est
elle qui m'a fait connaître W. Szymborska, juste avant
qu'elle
ait eu le Nobel, en me donnant le livre de sa poésie en
polonais-anglais.
Plus tard on s'est mis à traduire quelque uns de ces
poèmes
en passant par notre langue commune, le finnois. Ces traductions ont
été
interrompues brutalement.
* On peut lire Wislawa Szymborska en
francais,
traduction de Kaminski, dans deux receuils:
De la mort sans exagérer et Je ne sais
quelles
gens, Poésie Fayard.