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Coup de coeur : Archives 2010-2011

  Une escale à la rubrique "Coup de coeur"
poème qui nous a particulièrement touché par sa qualité, son originalité, sa valeur.



 
( un tableau de Bruno Aimetti)


A Francopolis, la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés. Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement. Nous redonnons vie à vos textes qui nous ont séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.

Janvier 2011

Poème Coup de Coeur du Comité


choix de Juliette Clochelune... Thierry Cazals
choix de Gertrude Millaire...... 
Catrine Godin
choix de Lilas...................... Gaston Miron
choix d'Eliette Vialle............. 
Katherine Coucke
choix d'André Chenet................  Umar Tymol





   KATHERINE COUCKE

KATHERINE COUCKE  peintre et poète, n'aime pas parler d'elle. On la trouve à ce nom sur Facebook
J’ai aimé ce poème pour sa simplicité, sa musicalité et la délicate tristesse qui s'en dégage. (Eliette Vialle)

 
CRÉPUSCULE


La ville est déjà loin
Gargouillant sa veillée.
Le crépuscule éteint
La rumeur de l’été.

 

Ombre tu scrutes l’ombre
Qui  dit les petits arbres.
C’est dans la nuit que sombre
La barque au flanc de marbre.

 

De ta voix sans visage
Tu chantonnes le vent
Qui te porte au rivage
Du je ne sais pas quand…

 

Du je ne sais pas quoi…
Sinon cette humble gloire
Que la lune aux abois
Arrache encore au noir.

 

La route est une échelle
Et le sommet ce soir
A replié son aile
Pour mieux te recevoir.

 

Tu marches dans tes pas
Que l’on entend à peine.
On te devine à peine
Qui gravis ton trépas.


   

GASTON MIRON

Ce poème peut parler à chacun et me touche dans une relecture non programmée. (Lilas)

Vérité irréductible


O ton visage comme un nénuphar flottant
et le temps c'est le choeur des aulnes
à regretter continu sur des rives insensées

ton âme est quelque part
sur les collines de chair oubliée
et le temps c'est mon soulier
à creuser contre le ciel

à vivre mon angoisse poudrait
éclairait l'obscure arête de ma transparence
le temps c'est ton visage à aimer blanc

dans cette ville qui m'a jeté ses mauvais sorts
ton passage dure encore creuset de feu
le temps c'est une ligne droite et mourante
de mon oeil à l'inespéré.


(tiré du receuil L'Homme rapaillé)



THIERRY CAZALS

" La neige est blanche de vie ! " s'extasiait Merlin, fils cadet de Thierry Cazals. A partir de cet événement familial, qui touche un père et son fils, puis, d'un événement social, la neige qui a paralysé une bonne partie de la France, un texte plein de poésie et de tendresse est né. Thierry me disait, quand je lui ai demandé si je pouvais le partager sur Francopolis pour vous tous : " Ce n'est pas de la "poésie", mais c'est une invitation à vivre plus poétiquement… " La neige crée des ponts de vie, écoutons-les... (Juliette Clochelune)


Jeudi 9 décembre 2010, des bourrasques de neige s'abattent sur Paris et la région parisienne.
Des passants glissent, s'arcboutent et rouspètent, comme si la réalité n'obéissait plus à leur volonté.
Sur les artères qui entrent et sortent de Paris, des milliers d'automobilistes sont bloqués.
Certains devront passer la nuit dans leur voiture ou un centre commercial transformé pour l'occasion en refuge.
Ses petits yeux interrogeant la danse muette qui palpite dans le ciel, mon fils de 4 ans murmure : « La neige est blanche de vie ».
Oui, ce qui est en train de tomber sur nous en milliards de flocons, ce n'est pas seulement de la « neige », mais d'abord et avant tout : la vie. La vie imprévisible, insaisissable, incontrôlable. La vie pouvant, en quelques secondes, balayer tous nos plans et nos projets, toutes nos habitudes et nos certitudes…

Les humains ont la mémoire courte.
La neige fondue, qui se souviendra de ce moment suspendu où nos trajectoires trépidantes se sont soudain immobilisées ?
Pourtant la vie, elle, ne s'arrête jamais de tourbillonner.
Chaque jour, une neige invisible tombe sur nous, sans que nous puissions la voir, la nommer, la toucher.
La neige de l'imprévu.
La neige de l'inattendu qui escamote les décors, brouille les cartes, déroute nos attentes, parfois de façon anodine et légère, parfois de façon brutale et dramatique.
Que faire quand la tempête de la vie bouscule ou brise notre scénario de vie patiemment élaboré au fil des décennies ?
Rester bloquer dans nos certitudes ? Se recroqueviller dans la coquille de notre peur (la petite voiture de notre ego) ?
Ou au contraire, prendre cela comme une opportunité, une invitation à s'ouvrir, se transformer, découvrir d'autres facettes de l'existence…

Il n'y pas d'âge pour réapprendre à jouer avec la neige de l'inattendu, retrouver cette magie de l'enfance où nous savions instinctivement rebondir sur l'imprévu et nous faufiler dans les failles du décor…
Toutes les épreuves de la vie (licenciement, deuil, séparation, accident, maladie…) sont des moments d'arrêt, de rupture.
Mais on peut aussi y découvrir une possibilité de contempler la « neige de la vie » sous un tout autre angle — sans a priori.

Notre esprit est comme une ville tapissée de routes et de trottoirs.
Le plus souvent, il étouffe sous la grisaille et la banalité.
Pourquoi pas, le temps d'une tempête de neige, y dresser la silhouette, à la fois éphémère et éternelle, d'un bonhomme de vie ?

Thierry Cazals

                                                                    
                       

CATRINE GODIN

En ce matin où tout ce blanc encadre ma fenêtre, je découvre ces flocons de Catrine Godin, ce chuchotement de l'hiver me berce. (Gertrude Millaire)

Neige, amour Neige

attendre que Neige fleurisse des passages des buissons roux attendre les heures que chuchotent la chute lente le glissement des oiseaux aux franges des givres attendre le bleuissement parfait du monde la roulée magnifique dans mille et un ciels de lumière attendre le retour de Neige

forêt chante doucement la même note infinie comme la même aurore toujours redéfinit le dessin et la forme le ruisseau et la branche le mouvement de la bête dans sa foulée preste ou calme forêt chante avant le sommeil dans les draps blancs cristaux flous des plumes de mers

le retour beauté amour la fête des miroitements secrets et rutilantes tes ombres mauves dans l’air orange ce n’est que le retour le même orbe où tu te courbes te vallonnes où tu laisses tes manches aux bas des fenêtres où tu te déshabilles aux seuils des portes et abandonnes tes traînes franches

tous tes baisers de nuits et tes rêves accolés à la vitre

déc 2010
c.le chat botté (Catrine Godin)

découvrir cette auteure dans notre librairie Francopolis

 

UMAR TIMOL

Coupe de coeur : André Chenet   
          

tanguer au fond de soi 

pour extraire de la bitume 

non un quelconque diamant

plus fascinant que tes yeux 

et moins immortel que ta peau 

mais le linceul 

qui servira de recueil 

à mes innombrables funérailles 

car je me meurs 

à chaque instant 

je me meurs de savoir 

que vivre c'est expier toutes les caracoles de l'espoir 

que la beauté est plus précaire que toute nuit

de savoir 

que t'aimer 

c'est parfaire les artifices de la dérision 

de savoir 

qu'on ne peut oser la consolation 

qu'en s'évertuant au mensonge

 (poème inédit)

 

***
Sa biographie sur Francopolis
et Entrevue sur Francopolis par Hélène Soris

Parmi les ouvrages qu'il a publié:
- LA PAROLE TESTAMENT SUIVI DE CHIMIE
  Umar Timol - Préface de Ananda Devi
- SANG Umar Timol
-
VAGABONDAGES Suivi de Bleu, Umar Timol - Préface de Dominique Ranaivoson


coup de coeur de 
  Juliette Clochelune - Lilas - Eliette Vialle 
Gertrude Millaire - André Chenet

  janvier
2011

Pour lire les rubriques des anciens numéros :

http://www.francopolis.net/rubriques/rubriquesarchive.html