GUEULE DE MOTS -ARCHIVES 2010

Eric Dubois - Hélène Soris - Laurence Bouvet

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GUEULE DE MOTS

Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...
Cette rubrique reprend vie en 2010 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR...
libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie,
de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle
à l'écriture. etc

Ce mois de janvier 2011

  Libre parole à… Dana Shishmanian

Ce mois-ci, Dana Shishmanian se présente à nous, en une longue dissertation personnelle sur l’écriture, sur sa vie intime que l’écriture incite à se faire jour ; les appels au passé qu’elle suscite et la projection sur sa destinée qu’elle provoque. Superbe questionnement mené de main de maître par la structure même du texte, par l’émotion qui affleure sous les mots de la réflexion et par une écriture de très grande qualité.
Que cette auteure soit remerciée de nous offrir une telle qualité de pensée  dont le mérite est de nous faire réfléchir, à notre tour, sur notre propre destinée et ce que représente l’écriture dans notre vie.
(Michel Ostertag)

 

 Dana Shishmanian : les différences


Avec le temps, on commence à apprendre à voir les similitudes et les différences entre vous et vos semblables. C’est une lente, très lente émergence de conscience. Nous vivons la plupart de notre vie comme confondus dans un liquide amniotique, tels des poissons rouges dans un bocal ; nous n’avons pas la perception intérieure des autres, pas plus que de nous-mêmes, et encore moins, des créatures qui nous regardent au travers de la vitre. Le doute qui apparaît quand, une fois arrivés à nous sentir conscients de nous-mêmes, nous commençons à nous demander : « Elle, lui, ressent-elle, ressent-il pareil que moi ? » nous plonge dans une confusion encore plus grande, mais fertile. Par tâtonnements, par à-coups, nous oserons nous répondre : « oui, non, pas tout à fait, parfois, peut-être… » Commencer à savoir, quelle arrogance ! Et pourtant, la confusion se décante de plus en plus, à force d’y regarder.


Alors je sais à ce jour ce que j’embarque comme contenu, en quoi c’est différent de mes proches, en quoi c’est commun, à l’espèce humaine comme à l’univers ; sans doute le saut que je ferai un jour, désormais pas si lointain, dans la mort – cet espace-temps inconnu dont aucune expérience n’est jamais partagée – m’apprendra plus. Mais déjà en ce jour d’hiver où j’entame ma septième décennie de vie, je sais où j’en suis : oui, je vous regarde, êtres sans noms, du dedans de mon bocal à moi, comme de derrière la vitrine d’une librairie. Celle de mes livres virtuels, que j’écrirai encore ou peut-être pas, cela dépendra du temps qu’on me laissera vivre ; ma seule certitude, que personne ne peut désormais m’enlever, est qu’ils sont là, indélogeables, en moi-même, avec une prégnante réalité, tels les fruits mûrs qui ont le savoir de pendre, fragilement mais incontestablement, aux branches des arbres d’un jardin inconnu, indépendamment du fait qu’on les cueille un jour, ou non. Cela n’est pas leur affaire. Et moi, je ne suis en fait pas autre chose qu’un arbre. Un arbre qui porte des livres à écrire.

Arriver à cette compréhension m’éclaire d’un seul coup des pans entiers de ma vie. Surtout, ce sentiment que j’ai toujours eu – et que j’ai constamment vu contredire par tout le monde autour de moi – que le temps ne passe pas. Jamais je n’ai ressenti, intérieurement, que mon enfance, que ma jeunesse, que ma maturité sont révolues ; tous mes âges vivent, sans aucune distinction, dans une simultanéité parfaite en moi, avec une sélection de souvenirs qui a parfois très peu à voir avec celle de mes proches ayant vécu avec moi les mêmes événements – c’est quoi un événement, d’ailleurs ?

Parfois je confronte mes souvenirs avec ceux de mon frère, nous n’avons jamais réussi à nous les synchroniser, sauf pour une seule fois, et encore, par déduction. Mon petit frère, 5 ans, et moi, 10, malades tous les deux de toux convulsive, réveillés en pleine nuit par la fièvre, mais aussi par l’inquiétude pourtant bien cachée de ma mère, toutes lumières allumées dans l’unique chambre que nous occupions tous les quatre à titre de partage multi-famille d’un appartement nationalisé à une vieille propriétaire, l’angoisse de l’absence du père se faisant couper au couteau dans l’air, tant elle était épaisse. « Où est papa ? » « Il a dû partir en délégation en province pour quelques jours, ne vous inquiétez pas… » Mais ce furent des jours et des nuits d’atroce attente, avant que le père ne revienne, avec un visage ravagé, on dirait, d’insomnie, et un air d’heureuse fierté intérieure, muette. Et en recoupant les témoignages bien plus tardifs de ma mère, y compris d’après la mort de mon père, juste avant que je ne quitte définitivement le beau pays de ma naissance, à 33 ans, j’ai compris que ces jours et ces nuits-là, mon père les avait passés dans un centre de détention de la Securitate, sous la torture au manque de sommeil et à l’injection de produits chimiques qui vous transforment normalement en légume ; il en est resté avec des crises d’irritabilité incontrôlables, que nous ne comprenions pas, mais ma mère, elle, savait. Lui ne m’avait jamais rien raconté, il m’avait juste dit, une fois : « Si l’homme ne veut pas faire quelque chose, rien et personne au monde ne peut l’y obliger ». En effet. Le cerveau en bouillie et sous l’hypnose même, il n’avait pourtant pas parlé.


Mes poèmes rendent compte de cette simultanéité. Des bribes d’images mélangées comme dans un caléidoscope où le plafond blanc aveuglant que je fixais cette nuit-là de veille fiévreuse dans mon enfance, et l’eau noire de la rivière qui traverse la capitale roumaine où j’ai voulu me noyer une nuit de grand amour contrarié, à la fin de mes années de fac, s’entrecoupent. Le temps ne passe pas, parce que le temps se fait écriture. Même si non produite encore, même si je n’arrive jamais à la produire, elle est là, latente, présente, fidèle, inconnue, discrète ; elle m’a portée et accompagnée, enveloppée et sauvée, amenée ici, ce jour, sur un rivage nouveau, pour comprendre que oui, ce que j’ai toujours voulu devenir, ce que je ne désespérais pas d’attendre de devenir, tout en sachant que je ne l’étais pas, je le suis en fait devenue. Par petites touches, par accumulation de morts et de résurrections quotidiennes. Des événements intenses, déchirants, qui m’ont faite, défaite, refaite de nombreuses fois et de différentes manières, que j’ai subis voire provoqués à l’encontre de tout bon sens et sans raison aucune sinon parce que, oui, je le sais maintenant, ils devaient s’inscrire dans la densité de la quenouille dont je commence à tirer, indéfiniment, indestructiblement, mon tissu.


J’écris depuis toujours, en fait. Pas beaucoup, je sortirai à peine un volume d’une centaine de pages de mes poèmes roumains, sans doute posthume, si j’arrive à m’en occuper un jour. De mes poèmes français, qui ont commencé à me venir sur la langue depuis une vingtaine d’années, j’ai un petit recueil publié, grâce à Emmanuel Berland qui les a extraits d’un volume plus ample, Exercices de résurrection ; il en reste trois recueils, à ce jour en recherche assidue, sans succès, d’éditeur. Un autre volume s’accumule lentement, au gré de mes méditations, d’une part, de mes croquis dans le métro, d’autre part : entre spiritualité et causticité, entre colère et ataraxie, entre découverte mystique et engagement politique.


Oui, un engagement paradoxal. Toujours contre. A rebours. A l’encontre de tout « -iquement » correct. Là-bas, dans mon pays d’origine, qui trois ans après la mort de Staline, quand je commençais ma scolarité, était, lui, encore dans le culte du « grand ami » soviétique, et qui en fait n’est jamais vraiment sorti du totalitarisme. Ici, en France, où je vis depuis 28 ans maintenant. Partout, l’hypocrisie du discours et le cynisme du système m’horripilent. Les similitudes sont de plus en plus nombreuses et je me sens, hélas, de moins en moins dans le « monde libre », depuis l’unification de l’Europe… Oui des murs sont tombés, mais pour élargir la cage ; des murs sont tombés, mais pour que d’autres se bâtissent, si non visibles bien perceptibles, pourtant, car cela touche au pognon. Un grand « marché commun » de dupes pour le petit peuple et les idéalistes et démocrates impénitents, rêveurs d’« intégration européenne », puisque les idéologues et les tireurs de ficelles politico-financiers en sont seuls les profiteurs ; ils s’entendent si bien entre eux… pour simuler, qui le libéralisme, qui le nationalisme, qui le socialisme, qui le populisme, selon les couleurs électorales à arborer un jour ou l’autre, afin d’avoir le plus de voix leur permettant de mieux et pour plus longtemps s’incruster dans les avantages du pouvoir, apparent ou occulte. L’Europe – une « zoojungle », comme je l’ai appelée dans un long poème inédit, impubliable, indicible même sur une scène publique ; une « zoojungle » à l’intérieur de laquelle on ne peut, malheureusement, plus choisir, comme pouvait encore l’espérer – car le choix, même entre deux maux, est encore un espoir – Jean Ferrat, cet ami de cœur, inconnu pour moi avant que je ne le découvre lors de sa mort… Oui, je suis une militante. Mais sans utopie, sans modèle alternatif. Seules valeurs qui comptent : l’humanité, la solidarité, l’écoute, l’honnêteté. Mon écriture s’en nourrit aussi.


Quant à « pourquoi écrire » ceci est une question qui pour moi ne se pose pas : bien sûr que ce n’est pas efficace – rien ne l’est ; bien sûr que cela ne rapporte pas d’argent ni de notoriété – je n’aspire pas à des best seller ; bien sûr que cela reste une affaire personnelle. Mais il y a les autres poissons du bocal… et j’ai une dette envers eux. Si le temps ne passe pas, l’espace ne se parcourt pas non plus. L’espace de vie, je veux dire. Au lieu de me mouvoir entre les pays, parmi les gens, dans des villes, dans des rêves, ou à l’intérieur des mondes littéraires – tous ces espaces, « réels » ou « fictifs », que l’on expérimente dans une vie, sous le mode du mouvement y contenu – moi, au contraire, sans les figer, sans me figer non plus, je les ai englobés. Ils vivent en mon dedans comme dans un immense, unique récipient dynamique, sans parois car mon extensibilité est infinie. Colocation sans distances de tous ces mondes vécus qui s’entrelacent en mon être, en vertu de la même puissance de l’écriture : elle régit communément le temps qui ne passe pas, et l’espace qui ne contient pas. Or cet espace que j’ai avalé, qui est contenu et non contenant, il est fait aussi de dizaines de vies, de personnes que j’ai connues, aimées, recherchées ou fuies, détestées ou admirées, méprisées ou ignorées, qu’importe ; elles sont toutes en moi, tels des personnages muets réclamant leur droit à la parole. Je leur dois cela, puisque j’ai absorbé leurs contenus, leurs fluides vitaux, je m’en suis nourrie, j’en suis toute remplie : il faut que cela ressorte… comme le lait d’un sein trop plein, douloureux d’attendre la tétée d’un bébé boulimique. Ce lait, je dois le restituer à mes semblables, puisque je le tire d’eux. Un roman est pour moi rien qu’une telle restitution.


Et paradoxalement, le roman restitue plutôt de l’espace vécu que du temps, bien que le narratif semble si intrinsèquement lié à ce genre littéraire : ce n’est en fait qu’un procédé créatif permettant à l’écrivain de « promener le miroir » de différents côtés et de diverses manières dans l’espace unique de l’œuvre qu’il porte en lui, pour mieux susciter l’intérêt du lecteur et créer cette impression de surprise, de tragique changement dans le temps... La meilleure preuve, et la démonstration la plus évidente, de cette vérité cachée de l’écriture dite « épique » est Le quatuor d’Alexandrie de Durrel. Mais Balzac, Tolstoï ou Dostoïevski ne cachent-ils pas le même secret, pourtant tellement évident qu’il devient justement, peu perceptible ? Le vrai modèle du roman c’est L’odyssée : l’apparent déroulement dans le temps du mouvement cyclique d’un espace indéfini mais fermé, rentré en lui-même, unique. Ulysse semble déambuler 10 années alors qu’il est toujours dans le même espace-temps. Achille et la tortue, c’est cela le secret du roman. Alors que la poésie, elle est au contraire à la découverte toujours émerveillée de l’espace, qu’elle ne contient pas, et la vraie maîtresse du temps, qu’elle soumet à une simultanéité absolue : cet autre apparent paradoxe qui fait du genre dit « lyrique » le sommet de l’expérience musicale, « narrative » par excellence… car inscrite forcément dans une linéarité temporelle. Que la poésie, la vraie, l’orphique, permet justement d’abolir.


***

Trois jours de la vie d’une femme


Dana Shishmanian

(pour Francopolis)

 

La salle d'attente
 

Une fille accompagnant sa mère
une mère accompagnant sa fille
deux copines
deux cousines
deux (belles) sœurs
deux consœurs
une par une
elles s'assoient sur les chaises alignées le long du couloir
tels des oiseaux au commérage
sur les lignes de télégraphe
(cette métaphore est depuis longtemps
obsolète)
elles papotent
elles crochètent
elles feuillettent
elles enquêtent
elles grignotent
elles pianotent
même sur leurs ordis
y a que moi qui n'ai pas à faire
qui ne s'ennuie pourtant pas
qui n'est pas là
qui écoute à l'intérieur
d'un fil de télégraphe invisible
les conversations des anges
tandis que de l'eau coule d'une fontaine
inaudible
à grands flots

 
***

Le salon de chimio
 

Plongée dans un fauteuil-lit
réglable
comme en soi-même dans un rêve
modulable
avoir la faculté de changer légèrement
d’assise d’inclinaison de l’axe
de ta planète terre intérieure
de perspective cosmique
se laisser pénétrer par la jugulaire
d’un sang nouveau
qui déboulonne dans ton cœur
intempestivement
qui se répand instantanément
dans chaque terminaison capillaire
sous ta peau
des bouts des onglets des orteils
aux racines de tes cheveux
tu es remplacée
renouvelée
c’est une passation de pouvoirs
une initiation
une cérémonie du thé
t’es une tasse
ci-gisant sur la terrasse d’un solarium – bizarre
je me sens comme rentrée dans le livre
au sanatorium de la Montagne Magique
et toutes ces femmes devant moi
sur les bords de ce carré miraculeux
une vieille dont je devine clairement le visage
de jeune fille blonde paysanne à seize ans
une trentenaire cadre d’entreprise
au portable accroché à l’oreille
sous son casque réfrigérant
une bonne mère de famille
endormie
qui ainsi
se repose pour une fois
une coquette sexagénaire
sexogène
à la belle perruque
qu’elle prolonge sur sa nuque
d’un foulard étendard
savent-elles toutes quelle chance elles ont
d’être avec moi aujourd’hui
au salon de beauté
de l’éternité
on va nous rénover
et on n’aura plus jamais plus jamais
peur de tomber

 ***

Le grand départ
 

Le cœur gonfle tel l’étendard
tibétain
portant une prière universelle au grand vent
le souffle s’allonge de la terre au ciel
la pensée se grise
c’est le grand départ
l’unique voyage attendu espéré
depuis toujours jamais pressenti ainsi et pourtant
si reconnu
elles jacassent toujours les femmes d’à côté mon lit
elles parlent boulot
(je n’aurais jamais cru
que cela allait un jour me paraître
aussi ridicule)
en fait elles s’y accrochent
elles bavardent comme si de rien n’était
petites intrigues de bureau
problèmes de messagerie
changement de logiciel
une remarque désagréable du chef
une rivale
un collègue qui s’est jeté par la fenêtre (oui après tout

un fait divers comme un autre)
le mari qui l’a quittée (sans seins à 36 ans

cela sert à quoi après tout
et désormais sans utérus…)

les enfants chez sa sœur
et moi avec mon grand départ dans mes entrailles
ce sentiment marin
cette joie immense enivrante
du destin qui vous porte
libéré de toute contrainte toute responsabilité
enfin rendu à votre désir profond
qui ouvre tout devant vous
rien n’est plus jamais fermé couvert caché réduit limité
le monde n’est plus c’est moi le monde
le moi n’est plus je suis tout
je pars de partout
la grande aventure les grandes vacances
Dieu comme c’est grisant
seuls mes orteils ronchonnent comme des petits chats
eux qui savent revenir sur mes pas.

 

Poèmes extraits du recueil inédit Poèmes de l’avent





Née en Roumanie, diplômée de l'Université de Bucarest avec une thèse de maîtrise en littérature comparée, Dana Shishmanian (née Popescu) vit et travaille en France depuis 28 ans. Avec son mari, le poète et historien des religions Ara Alexandre Shishmanian, elle a quitté la Roumanie suite à des années de persécutions pour avoir signé un appel au respect des droits de l’homme, sous la dictature de Ceausescu ; ils furent des réfugiés politiques, avant d’acquérir la nationalité française en 1997. Elle a fréquenté l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, IVème et Vème section, et l’Institut Catholique (études et recherches sur les origines gnostiques du catharisme). Suite à une reconversion professionnelle, elle exerce depuis 20 ans le métier d’architecte du système d’information, en tant qu’ingénieure informaticienne.

L'écriture et en particulier la poésie l'ont accompagnée avec intermittence au travers des expériences de la vie. Membre de l'association de poésie Hélices, elle a débuté dans la revue sur le net Le Capital des Mots d’Éric Dubois et publié ensuite dans plusieurs revues, sites, et anthologies de poésie (Comme en poésie, Arpa, Décharge, Esprits poétiques, Francopolis 2008-2009- Le matin des Magiciens, Flammes vives 2010, RAL,M - Le Chasseur Abstrait éditeur, Les cahiers du sens 2010, …).
Elle est parmi les auteurs publiés sur Francopolis.

Un premier recueil, représentant une sélection, due au poète Emmanuel Berland, d’un volume plus ample intitulé Exercices de résurrection, est paru en octobre 2008 dans la collection « Poètes Ensemble » d’Hélices.
Présentation de ce livre sur Francopolis par Michel d'Oste

Plusieurs autres livres sont en chantier (des recueils de poésie, des romans).

Elle a animé en 2010, avec l’écrivain Khal Torabully, la collecte de poèmes Poètes pour Haïti ; ce volume collectif, dédié à l’aide au peuple haïtien, est en cours de publication à l’Harmattan.


Dana Shishmanian

Décembre 2010








         pour Gueule de mots janvier 2011
recherche Michel Ostertag


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