GUEULE DE MOTS -ARCHIVES 2010-2011

   Jean-Pierre Lesieur - Serge Maisonnier - Juliette Clochelune... et plus

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GUEULE DE MOTS

Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...
Cette rubrique reprend vie en 2010 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR...
libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie,
de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle
à l'écriture. etc.

Ce mois d'octobre 2011

  Libre parole à… Pierre Kobel

Pierre Kobel est un enseignant, amoureux de la poésie et qui devient ce qu’il appelle un « passeur » de sa passion des mots de poésie, en créant un blog et en s’intégrant au groupe formant l’association Hélices poésie. Il nous raconte sa vie personnelle adossée à la poésie et à l’étude des grands de la poésie, ceux-là même qui savent ouvrir les portes de leur monde personnel, si lointain et si proche de nous.
Son activité de poète qu’il nous décrit dans son texte est devenue pour lui primordiale. Au sein de l’équipe Hélices poésie de Nogent-sur-Marne la poésie est plus que jamais vivante en sachant se faire aimer d’un public qu’elle a su convaincre et donner goût à tous d’avoir en soi « une certaine part de poésie » Les hommes comme Pierre Kobel animateurs et poètes eux-mêmes sont indispensables à rendre vivante la culture poétique dans notre monde voué à l’argent et au profit. (Michel Ostertag)

Autant que je me souvienne, je me suis demandé très tôt pourquoi deux et deux font quatre et si cette interrogation ne m'a pas conduit à faire des études de mathématiques, elle m'a emmené sur les chemins de l'imaginaire et fait passer pour un enfant dans la lune. Aujourd'hui le rêve se poursuit tel que l'exprime Claude Roy : «Il faudrait essayer de ne pas accorder trop de réalité à la réalité.

Le monde a grand besoin que nous doutions un peu de son existence. »

La réalité c'est celle d'un enfant de banlieue à Villejuif dans le Val de Marne, petit-fils d'émigrés et de provinciaux venus à la capitale pour des raisons économiques. Milieu modeste d'ouvriers et d'employés. Vie entre école communale et famille : Serons-nous deux encore / dans les jeux de l’enfance / à semer de rires le jardin / Long après-midi de l’espoir. Très jeune l'amour du lire et  des livres. Les livres, fenêtres ouvertes sur l'imaginaire, autre jardin d'évasion et d'impossible à rêver.

La poésie j'y entrerai plus tard, avec le plaisir des récitations et cet instituteur qui me félicite durant le passage du Certificat d'études de ma façon de dire Fantaisie de Nerval. Anecdotes, lectures, découvertes grâce aux professeurs (Le Plume de Michaux si loin de mon univers d'alors !) et aux ami(e)s. L'un d'entre eux fait un exposé sur Éluard, je saute le pas de l'écriture. Premiers textes totalement empreints de ceux que je lis, poésie d'adolescent qui a tout à apprendre.

Entrée dans l'âge adulte. Mariage, une compagne sans inhibitions qui me fait sortir de l’œuf et m'emporte dans une existence qui fait feu de tout bois. Textes publiés dans la revue Résurrection et une fidélité réciproque qui durera 30 ans jusqu'à la disparition de Jean Cussat-Blanc dont la confiance fut un encouragement. Éblouissement immédiat quand je lis Thierry Metz qu'il met en exergue dès leur rencontre. Partage entre l'écriture poétique et la tenue d'un journal personnel qui dure aujourd'hui depuis 40 ans. Admiration de Char, fraternité avec l’œuvre de Claude Roy.

Rupture, autres amours, paternité. Vie de famille, ses bonheurs et ses aléas. Au fil des années, constitution d'une culture poétique entre classiques et poésie contemporaine. Chaque lecture renvoie à une autre, à un autre auteur. Chaque part acquise de ce continent donne envie d'en découvrir d'autres, dans le temps et l'espace, me rend plus exigeant quant à ce que j'attends. Me manque le partage.

Je le découvre à la suite d'un déménagement et en me mêlant aux activités d'un groupe de poètes et d'amateurs de poésie constitué à la médiathèque municipale de Champigny sur Marne, autour d'une bibliothécaire enthousiaste. Quand celle-ci part à la retraite, je prends sa succession pour l'animation du groupe et l'édition de la revue qu'il publie. Apprentissage fructueux qui, à une échelle humaine, me permet de progresser dans mes savoirs et d'envisager d'autres projets. Autre rencontre importante avec l'association Hélices Poésie de Nogent sur Marne et son meneur Emmanuel Berland qui m'offre le grand plaisir d'éditer un recueil de textes.

Activités multipliées dans l'univers si petit de la poésie mais si chargé de force et d'espérance. Au delà des difficultés rencontrées, des ego chagrins, conviction renforcée que la parole poétique est essentielle au cœur de la culture, qu'elle est le creuset de toute création littéraire, qu'elle peut dire, dénoncer et s'engager. Liens actifs avec l'association des Amis d'André Laude, autrefois croisé et dont l’œuvre garde toute sa verdeur.

Voilà pour ce parcours en poésie qui franchit aujourd'hui, avec la création du blog La Pierre et le Sel, une nouvelle étape, celle du passeur que j'ai toujours souhaité être, de l'animateur d'un travail collectif que je préfère à la solitude cependant nécessaire. C'est avec cet outil supplémentaire que la poésie peut trouver de nouvelles attentions, porter sa voie, faire éclore des voix jeunes et s'inscrire dans la lutte pour une société à hauteur d'homme.

Pierre Kobel

***

Quelques Liens :

Visiter son site personnel : Dans la lenteur du temps

Le blog de poésie : La pierre et le sel

Son écriture sur le site Hélices Poésie


Publications  : Le poids des ailes, Hélices, mars 2008

Extrait :

Il reste de mémorables paroles
Insondables généalogies de la lenteur passée
Immobiles regards, armes figées

Guerriers, chasseurs,
Indicibles faiseurs du monde
À quel lieu discret
Adresserez-vous vos derniers embrasements ?

    Ne reste que la mémoire des rites
Ne restent que les signes des corps


Traces figées de votre quête
On bâtit des divinités sans chair
Sur des croyances de sable


Quel sont ces chants détournés de l’histoire ?

Guerriers chasseurs
Je rêve du puits insondable
Des lieux de votre esprit

J'incline le secret de mes jours
À la magie pérenne de vos voeux
 


         pour Gueule de mots octobre 2011
recherche Michel Ostertag


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