Liette Juliette Clochelune Schweisguth
Hommage...

 
Juliette, la maison est vide, vide, vide.
Je sais que tu as pris la peine de garder longtemps ta chaleur, ne pas me laisser seule trop vite.
Tu as plus d'amis que je ne le pensais. Cela nous fait chaud au coeur.
Je veillerai bien sur les filles.
Pars tranquille.
Nos coeurs s'apaiseront peu à peu.

Mille baisers

Ta maman


des membres de l'équipe de Francopolis
et de ses amis.

Michel Ostertag

Tu es partie sans crier gare ; tu nous avais pourtant prévenue depuis longtemps que ton temps de passage avec nous serait de toutes façons écourté ; nous étions prévenus mais on ne voulait rien savoir, pour nous c'était paroles de poète ; le réveil a été brutale ; et nous voilà seuls avec notre propre destin, notre propre devenir. Mais sois rassurée, nous saurons nous montrer à la hauteur, à ta hauteur, nous continuerons à rechercher la poésie vraie, le poète authentique, curieux de la nouveauté, celle qui dérange, qui fait avancer  la cause poétique, l’authentique.

Jamais pseudonyme n’aura été aussi bien choisi, une vraie identité, comme une image de marque. : « Clochelune », c'était toi, toute entière dans ce simple mot.

Moi, je ne t’ai jamais vue, en vraie comme disent les enfants, seulement en photos, mais tu as su te faire connaître par tes écrits, tes commentaires, tes « coups de nerfs » mieux – bien mieux –que si je t’avais parlé. C'est ça la force du cœur !

Adieu, on ne t’oubliera pas et si tu peux, toi qui es maintenant dans les étoiles, nous donner une petite « pichenette » d’encouragement quand on faiblira, ça serait rudement bien !


André Chenet


Je ne saurais écrire davantage à propos de Juliette sauf que c'est grâce à elle et Michel O que je suis resté à Francopolis. En effet, lorsque j'avais décidé de tout plaquer, je me suis trouvé en face de deux êtres humains authentiques qui ne recherchaient pas les lauriers que tant de poètes s'attribuent à leur insu ou presque.

Chère Juliette Clochelune, quel beau nom de conte de fée tu t'étais choisi et comme il reflétait bien ton être si aimant. Le chat de Lewis Caroll dans tes bras, avec le lapin devant toi pour te guider tu t'en vas, tu nous fais signe à travers la voix de tous ceux qui te pleurent, ton coeur est sorti de sa cage, ton vrai dans le bleu du ciel, ton coeur qui bat comme les ailes de cet ange tellement humain que ta poésie incarnait parmi nous. Tu avais toujours sur les lèvres ce mot d'amour qui nous manquait lorsque nous nous sentions désemparés... Maintenant, tu cours avec les fleurs des prairies. (facebooK)


Gertrude Millaire

Chère Liette, Que ton âme repose en paix !  Je perds une grande amie et Francopolis perd un membre de taille, toujours très active dans les préparations de  la Revue Francopolis. Ton départ laisse un vide profond et une grande tristesse. Tu nous laisses le plus beau témoignage d'une grande combattante... malgré ta maladie, tu as toujours eu cette joie de vivre et cet amour incommensurable de faire connaître la poésie et les poètes étant toi même habitée par la poésie. Tu seras toujours vivante dans mon cœur chère amie Juliette et tu as toujours ta place au sein de l’équipe  lors des préparations de la Revue, tu as toujours été un peu le pilier central.
Tu étais si près des gens, si près  de la nature et d’une si grande sensibilité que parfois j’avais peur que tu te brises mais non, cette sensibilité devenait ton souffle, ton second souffle.  Oui ton cœur cette fois est allé trop loin et il t’a emporté dans le monde des étoiles. Je regarde le ciel différemment depuis et certains soirs, oui une étoile me fait un clin d’œil. Je te reconnais. Ton corps est disparu mais ton âme vit dans ta poésie. Comme une présence tes écrits nous habitent et tes haïkus, ces petits moments partagés  sont toujours là au fond de ma tasse de thé à travers tes saisons et tes humeurs. Chin chère Juliette

me reste se souvenir de notre rencontre
à Nantes chez Cécile.

"minuit sur le lac
qui coasse : le crapaud
ou la pleine lune ?"

 ici chère amie, c'est le wawaron ou ouaouaron (origine iroquoise)

 
"au bout du chemin
murmures d’une boite aux lettres
lisant l’océan"

 à défaut d’océan ici, ce sont les étoiles qui murmurent les mots de Cloche-lune.

 "neige à la fenêtre
le chat cherche à attraper
son odeur"

l’odeur de nos longs hivers portera ton parfum de vie.



Lilas-Chris

Pour ma chère Liette
 
Comme il est étrange, Liette, de t'écrire alors que l'on vient de me dire que tu étais partie pour longtemps. J'ai cherché aussitôt les messages échangés avec toi, j'ai relu quelques pages du web, survolé revues, pages et photos qui m'avaient introduite, de si loin, dans ton intimité, comme toi dans la mienne, ta famille autour de toi, des amis inconnus évoqués. J'ai relu les pages que tu écrivais avec ce talent qui n'appartenait qu'à toi pour laisser derrière tes vers tant de légèreté, de justesse, de capacité d'évoquer l'indicible ...
 
Voici avec moi, devant moi, Schubert-chat, ta famille, ton chéri, tes amis et amies, ceux si  fragiles et si courageux de Heart and cœur,  ta vie dans l'ancien appartement, le sapin de Noël de l'an dernier, et encore la Juliette gourmande de la tarte aux myrtilles, les menus objets qui t'entouraient, et, surtout, cette image de toi, sur la terrasse, après des moments difficiles…
 
 Et maintenant le vide se creuse plus profond en moi, et ce qui était recherche de ta vie me laisse au bord d'un gouffre, avec toutes ces questions sans réponse que nous connaissons bien.
 
Ma pauvre Juju, comme tu étais épuisée derrière ton sourire …
Il te fallait désormais d'autres voies, légères comme les vers de tes haïkus, des souffles d'air et de lumière.
Peut-être la voie des petites Étoiles.
Je veux croire, si fort,  qu'elles t'ont retrouvée…


Eliette Vialle

Un hommage en quelques miettes à toi Liette, miette de Juliette, lune ayant fuit la cloche qui la plombait sur terre.
Je n'ai pas eu le temps de te connaître, quelques mois de virtualité: c'est si peu ! Je sais que tu aimais les chats, je t'ai toujours imaginée Alice qui avait pas mangé le gâteau qu'il fallait, ni bu la bonne potion pour trouver le pays des merveilles. C'est fait maintenant et nous t'y rejoindrons bientôt.


Philippe Vallet

Tu es
Tu seras
Nous sommes
La trace que tu as

Tu manques d’être parfaite
Sourire d’être et la vie  trépigne
Les mots te désignent
Sensible

Nos pas grincent depuis
Espace perdu d’un regard partagé
Sur ta main le vent glisse doucement
Ses saisons autour du soleil

Tu sais l’immense océan
Je t'écris depuis ma solitude
Tu guettes derrière le nuage
Et l’étoile polaire t’accompagne

Kelig Nicolas

A Clochelune
Elle s’en est allée
A Clochelune
Le cœur s’est arrêté
A Clochelune
Sans jamais perdre pieds
A Clochelune
Cœur sauvage en rappel
A Clochelune
Bat ses ailes la nuit
A Clochelune
Saute de ville en île
A Clochelune
Autour de la grand bleue
A Clochelune
Revoit l’ami en mer
A Clochelune
Arrime à la lune île
A Clochelune
Passe étoile bergère
A Clochelune
Pour une voie lactée
A Clochelune
La poésie a rêves
A Clochelune
Quand enchante l’armor
A Clochelune
Eclair à la bougie
A Clochelune
De trente-huit chandelles
A Clochelune
La brindille à la belle
A Clochelune
A fait feu de tout âge
A Clochelune
Juliette au Cœur Courage !





TÉMOIGNAGE DE SES AMIS


 Claire Gardien

A Juliette, amie de haïkus,

*

chuintement de mer -
Liette tête le miel de la lune
ballet de mouettes

*

doux flots de la Pénerff
les coques en rythme dans le vent
un bol de grand air

*
creux de grandes marées
des marins aux cirés jaunes
les pouffées de rire

 Cilou

Juju, Liette, Juliette...

Elle était vive, créatrice, explosive, remarquable et remarquée!

Philosophe, poétesse, elle maniait les mots malgré ses maux.

Elle était une guerrière au grand cœur.

Elle se battait pour faire connaître et reconnaître les cardiopathies congénitales. ; pour le don d'organes ; pour le statut des adultes handicapés et leurs conditions de vie...

Juliette se délectait de thé au jasmin...

Ses "tchin" matinaux me manquent... ses coups de cœurs, ses coups de sang, ses coups de gueule aussi....

Elle a rejoint les étoiles, libéré de ce corps qui l’emprisonnait.

Brille Juliette aussi fort là-haut qu’ici bas.

Merci d’avoir croisé ma route, je ne t'oublierai pas.


Sylvie Burlot (alias Cerise sur le forum HeartandCœur)

Ce dont je me souviendrais de Juliette : son rire d'abord tonitruant et irrépressible. La première fois que je l'ai entendu j'ai eu peur, peur qu'elle ne s'étouffe et puis Pascal, son  compagnon,  qui était présent à ce moment là m'a rassurée. Il m'a dit : "ne t'inquiètes pas, c'est sa façon de rire !"
Un autre souvenir mémorable est la course poursuite que nous avons faite ensemble au sortir d'un restaurant dans une rue de Paris. Nous étions en groupe, nous allions prendre un café et je la poussais lorsque nous vîmes une personne en fauteuil devant nous. Nous nous sommes regardées et là ça a été plus fort que nous,  j’ai accéléré le mouvement et nous avons dépassé cette personne dans un grand éclat de rire ! Ah quelle joie qu’elle ait pu faire cela ! Arrivées au bout de la rue nous riions encore !

Un dernier souvenir est la danse que nous avons effectuée ensemble lors de la rencontre de l’association HeartandCoeur, lors de la rencontre 2010 à Poitiers. Quelques pas de danse esquissés ; une grande victoire pour Juliette, un bonheur pour moi !

Ce sont des gamineries certes, mais de si bons moments, si révélateurs de sa rage et de sa joie de vivre malgré son coeur abîmé. Juliette  a su avec des possibilités physiques très limitées mais une grande intelligence de coeur et d’esprit gérer sa vie comme elle le souhaitait.  Tous les moments de Juliette, c'est cela que je veux garder d’elle ! Les bons comme les mauvais (de ces derniers, il y en a pratiquement pas !)  Trois ans d’amitié seulement mais si intense ! Cours maintenant Juliette et envole-toi vers un autre univers où l'on ne connaît plus les contraintes physiques !

Agnès Z

Très chère Juliette,
J’aimerai parler de tes fou-rires qui roulaient comme des galets,
de la poésie qui était ton oxygène,

de tes coups de gueule qui te permettaient de surmonter les tempêtes de la dépendance,

de Schubert-chat blotti dans tes bras ou squattant le clavier de ton ordinateur,

de ton courage et de ta gentillesse,

de ta maman admirablement présente à tes côtés,
de l’infini trésor de ton amitié,

de ton indéfectible soutien pendant mon attente de greffe, toi qui ne pouvait être greffée.


Tu traversais le présent à la vitesse de la lumière,

malgré la quasi immobilité que t’imposait la maladie, surtout ces derniers temps.
Tu étais vraiment un phénomène Juliette ! Et ton humour déjanté – parfois incompris –

était la marque de ta Grandeur face à l’adversité

et c'est lui qui m’autorise, aujourd'hui, à citer ces mots de Geneviève Dormann,

sans blesser aucun des tiens, en ces moments de chagrin:

"Voici l’histoire d’un amour.
Dans le langage populaire, le mot phénomène désigne aussi l’être rare, [l’être] exceptionnel,

objet et cause d’une passion à durée variable.
Plus elle est brève, plus le phénomène laisse après soi une trace éblouissante.
Il devient inoubliable.
Autrement dit: la mort est à l’amour ce que le vinaigre est au cornichon,
un conservateur efficace contre les outrages du temps "

Belle route Juliette, ne nous oublie pas !

AgnèsZ

(greffée du coeur... a qui Juliette avait dédié son poème "toi mon coeur"...

" Jolie coccinelle
Posée sur mon " doigt
Prête-moi tes ailes  (Juliette)

Cécile Guivarch


A Juliette

bonjour

comment ça va

est-il encore temps

pour bonjour ça va à bientôt

 

comment va ta nuit

comment va ton soleil

 

ton cœur continue-t-il de battre

quelque part près de la lune

 

si je lève les yeux je vois

le ciel les arbres les oiseaux

puis je vois l’herbe les fleurs

les coccinelles les lucioles

je te sais

 

on me dit d’écouter la mer

à travers les arbres

 

j’entends

 

le souffle du vent avec

ta voix dedans

 

je t’entends

tu me parles depuis les arbres

le vent m’apporte ton rire

 

tu n’as pas fini d’être là


***

Liette Janel (Boucherville-Québec)


Le temps d'une rose
le temps d'une vie
le temps des aurevoirs

 
***

Francis Tugayé

Je ne saurai pas improviser un hommage... sans les mots de Liette

quelques haïkus de Juliette en partage

un petit pas
de l’an passé à l’an qui vient
un peu de thé ?

dans mes bras
le matou s’en va
reste son ombre

la tortue tordue
trace dans sa carapace
des étoiles stables ?

petite araignée
suspendue au fil de nuit
la lune est tissée

du pan de mur jaune
jaillit
mon ombre épaisse et lente

coquille vide
sur le bord du chemin
puis-je t’habiter ?

un pétale
tombé dans ma main
marcher vers quelle fleur ?

au bout du chemin
murmures d’une boite aux lettres
lisant l’océan

un vent de libellules
tremble en rêve reflété
dans les yeux du chat

le vent aussi
a écrit au père-noël
l’enfant rêve

près de l’orchidée
le crocus oublié
fleurit

le 21 juin
humant l’air le chat s’étire
réveillant l’été

fauteuil électrique
en panne !
va-et-vient des vagues

il s'invite en moi
le souffle vert du dragon
mêlé à mon fil

une ombre verte
dans mon bol de thé
le vent fume

la fumée du thé
les cendres de ma grand-mère
ombres familières

la queue du chat
trempe dans mon bol de thé
ne le réveillons pas!

tel le serpent
l’oxygène siffle et souffle
ça crie dans ma tête

le chat
écoute tomber la pluie
lèche mes larmes

nuages, nuages
ma sieste dans le jardin
flotte dans le ciel

minuit sur le lac
qui coasse : le crapaud
ou la pleine lune ?

l’herbe bruisse
le jardin devient chat,
oiseau, océan

il dort
entre écran ou clavier
mon chat usb

un thé sencha
le chat fait ses griffes
sur mon iMac

impromptus du chat
ses griffes matinales, 5 lettres en moins
au dico !

silence de la neige
danse des flocons
sur mon piano

bientôt Noël
un goût de cheminée
dans ma chaussette

neige à la fenêtre
le chat cherche à attraper
son odeur

chemin sur la neige
traces de pas et flocons
s’envolent

dans la cheminée
ce tas de lettres froissées
mes rêves aussi

un homme de l’espace
dans un hamac se prélasse
le vent l’efface

cachées sous le lit
les pattes blanches du chat
guettent le bon rêve

une année s’éteint
dans mon cœur un oiseau bleu
s’ouvre

Clochelune


***

Micheline Beaudry

en apnée

un lys interroge

les étoiles


***

Agnès Péladeau

« Quelqu'un pour veiller sur moi », un clin d’œil de Juju comme je la surnommais.



photo prise la veille de son enterrement

prise un après midi lors d'une rencontre
avec quelques uns de ses amis...



Francine Vervick

(poème à Juliette qui a été lu lors du dernier hommage qui lui a été rendu aux Ulis.)

Ma Juliette
 
Tu nous as quittés trop vite, ma Juliette,
Dans une ultime et dernière pirouette,
Sans crier gare, sans nous prévenir,
Nous laissant, seuls, avec ton souvenir.
 
Il va nous falloir du temps, à l’évidence,
Pour nous habituer à ton absence,
Au fil des jours, beaucoup de patience,
Pour apprivoiser ton éternel silence.
 
Toi qui rêvais de rejoindre nos étoiles,
Quand la vie te semblait dure et te pesait,
Quand des contraintes étouffaient ta liberté,
Te voilà enfin, là haut, libre comme un voile.
 
On ne juge pas la valeur d’une vie
Sur sa longueur, d’après sa durée,
Mais bel et bien sur ce que l’on en fait,
Et l’intensité avec laquelle on la vit.
 
Chaque jour était pour toi comme un don du ciel,
Tu savourais tout instant avec son essentiel,
Le temps, inéluctable, passait et toi tu savais
Qu’il ne fallait pas en perdre … on ne sait jamais !
 
Ils vont tant nous manquer tes mots, tes conseils, ton soutien,
Ton amitié, tes rires, tes écrits, tes poésies, ton thé quotidien,
Sans oublier tes convictions et ton inégalable franc-parler,
Pour un peu, si c’était possible, on en redemanderait.
 
Auprès de nos étoiles maintenant, tu as trouvé ta place,
Avec Schubert-chat, dans tes bras, qui se prélasse.
Sois heureuse, ma Juliette, et de ton beau paradis,
Veille sur ceux que tu aimes, ta famille, tes amis.
 
Ton amie
A jamais
Francine


***

Lelio Brun

Mon hommage à Juliette Clochelune sera limité à quelques lignes.
Je ne la connaissais pas. Je l’ai rencontrée  par l’intermédiaire d’un ami commun Yves Heurté, après qu’elle eût choisi quelques uns de mes poèmes pour la sélection des auteurs de Francopolis au mois de septembre 2005.
Après cela nous échangeâmes quelques courriels dans lesquels nous faisions part de notre amour commun pour la poésie. Quelques fois elle me parlait aussi du combat qu’elle menait pour la récolte de dons d’organes. Je compris alors qu’elle aussi avait été opérée. J’admirais son courage.
Peu après, je visitai son blog où elle relatait au jour le jour son combat victorieux contre la maladie, la compagnie chaleureuse de ses chats et son amour sans bornes de la poésie. Je lisais avec un plaisir immense, ses poèmes et ses haïkus pleins de sincérité et de tendresse.
Elle fut grande ma surprise de découvrir qu’elle avait choisi au mois de juin mon poème hommage bilingue (créole et français) à Aimé Césaire. Ce fut là son dernier «coup de cœur ». Je voulus la remercier. Grande fut ma stupéfaction de lire en bas de page que Juliette était décédée à la fin du mois de juillet de cette année.
En lui disant aujourd’hui Merci Juliette ! j’ajouterai aussi Adieu Liette ! pour qui la poésie c’était avant tout
« faire l’amour avec la vie ».( Barbazan 1/08/2011)

http://www.arzetoile.com/

Jacques Myara

De Juliette, j’ai appris que le hasard est un sacré farceur qui fait se rencontrer ceux qui avaient si peu de chances de se croiser et de s’apprécier,

que le haïku n’est pas un genre poétique réservé à des japonais séniles confits dans le passé, que le goût du thé fait voyager très loin avec un peu d’eau chaude,

que l’abus d’oxygène est recommandé dans certaines situations

et,

surtout,

que le champagne, partagé en si bonne compagnie, a des vertus aphrodisiaques incontestables.      

 

Marie Melisou

Coupon de soleil

A raison sans déraison, j'ai dicté au ciel d'été qu'il devait arrêter de pleurer. Comme souvent tu l'insinuais. J'ai fouillé dans mes coupons, irradiants de couleurs de fêtes, de morts, d'acceptations, d'ongles cramponnés, de vins partagés, de poèmes écoutés, de chants de tous pays ou abritant tant de secrets. En quelques années nous étions passées du champagne au thé.

J'ai trouvé une soie sauvage, d'un jaune particulièrement vif, et comme on lève un verre, comme les feuilles s'éparpillent plus tard dans la saison, comme ton sourire prenait le tournant avec malice. Soudain, dans mes mains, sur cette soie, se dessinait la maison dans les arbres où nous nous sourîmes une première fois en discutant une partie de la nuit avec Yves qui n'était pas parti. Il y avait là tant d'autres  poètes ou autres, des humains dans le temps comme nous les aimions. Puis j'ai vu se dessiner des trains où tu montais, d'où je descendais, des rues toulousaines ou parisiennes où nous marchions à petits pas, en s'asseyant parfois, les mots et les rires étaient profonds, nous ne fîmes jamais demi-tour. Même s'il fallu en rester là parfois. Le premier hôtel ou taxi faisait l'affaire et nous arrivions à en rire. C'était il y a deux lustres. Un lustre. Après ça plus été possible.

Ton coupon de soleil brille, tu sais comment tu faisais pour le faire avancer, de quand, à comment, d'immobile à perceptible. L'humour, la dérision, pour ne pas porter en avant le logo "AAH", allocation adulte handicapée, longtemps longtemps longtemps tu as lutté pour t'y dérober. Pour rester avec les humains qui avancent au pas au trot dans le métro. Tu voulais ta pluie, tu voulais ton vent, tu voulais ton pas, tu avais du coeur. Il t'en a fait voir de toutes les couleurs. 

Aujourd'hui tu as un coupon de soleil, qui éclaire en moi tout ce que j'ai su de toi et que je garderai.

Tu as un coupon de soleil parce qu'il n'y a pas encore de pierre à ton nom où venir se recueillir.

Tu as un coupon de soleil pour voyager loin au "coeur" de la nuit, rejoindre les étoiles, si elles ont été inventées.

 

Marie Mélisou

4 août 2011

Pour Juliette Clochelune.


1er janvier 2009 passé ensemble à boire du thé et manger des... crêpes !

Le questionnaire de Pivot selon Juliette, il y a 3 ou 4 ans :

votre mot préféré : fantaisie
le mot que vous détestez : rentabilité
votre drogue favorite : la poésie
le son le bruit que vous aimez : la marée
le son, le bruit que vous détestez : les coups de klaxon
votre juron, gros mot, blasphème favori : abominable matou de salon
homme ou femme illustre pour un nouveau billet de banque : tintin
le métier que vous n'aurez pas aimé faire : banquier                                                                                                                                                                         

la plante l'arbre ou l'animal dans lequel vous aimerez être réincarné : le lapin blanc d'Alice
si dieu existe qu'aimeriez après votre mort l'entendre vous dire : Alice au pays des merveilles t'attend

 

(extrait d'une lettre personnelle,  courant 2008)

(...) là quelque chose est dépassé, cette peur de la mort se retourne contre moi-même, j'ai à présent très peur de mourir, que mon coeur lâche, je ne sais... peur et envie... 
envie que je repousse mais tous mes espoirs tombent un à un, je suis dans un tunnel et les lueurs sont très discrètes... j'essaie de les voir, mais quelque chose m'appelle aussi d'au-delà de la vie, tous nos morts que je sens si fort en moi... j'ai envie et j'ai peur de les rejoindre (...)

 *

(extrait d'une lettre personnelle, courant 2009)

(...) j'aime beaucoup cette prière amérindienne !

en pensée à nos morts, à nos étoiles...

bises scintillantes (...)

 

"N'allez pas sur ma tombe pour pleurer !
Je ne suis pas là, je ne dors pas !
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d'automne,
Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l'étoile qui brille dans la nuit !
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer
Je ne suis pas là, je ne suis pas mort."

 *

(extrait de lettre personnelle, avril 2011)

 

(...) gros bisous lumineux

je pense à Amélie* et toutes nos étoiles parties trop tôt
souvent je me demande pourquoi je ne les ai pas encore rejoint
par moment je suis fatiguée que je préfèrerai être avec nos étoiles

mais la vie me garde...

bisous marie
un souffle de poésie et de tendresse que je dépose sur ton coeur

mais "je tiens le coup" je reste solide! et je prépare mon premier recueil de haïkus ;-)

(...)

 

*NdA : Amélie, ma fille décédée à 9 ans, qui obsédait Liette depuis 11 années.

 

Marie Mélisou, avec beaucoup de chagrin, et un espoir d'étoiles...

 

 ***

Jacqueline Persini-Panorias

Coquille vide
sur le bord du chemin
puis-je t’habiter ?




Tu habitais ta vie mais pas dans une coquille
cachée sous les ramures, à l’abri des tempêtes
 tu n’étais pas à l’abri, Juliette Clochelune.

Exposée au noir du monde, tu as su appeler l’oiseau
celui qui ouvre l’aube, s’entête à déployer les rêves
et qui, à la terre et au ciel, offre son chant.

Pas à l’abri Juliette, mais exposée à tous les vents
tu relevais la tête, mettait ton cœur, tes pas
dans les souliers de ceux qui t’aiment.

Ainsi tu tenais la route, t’émerveillais du souffle
de ton chat, d’une tasse de thé, d’un goût
de cheminée
, des jours qui flottaient presque.

Pas à l’abri Juliette, et cependant toujours
une main tendue  à ceux que le vent terrassait,
donnant sans compter tes galets doux et colorés.

Dans ta coquille si petite, tu as déployé la force d’un oiseau
géant qui a ouvert ses ailes pour goûter l’air et la lumière
avec l’obstination de celui qui sait l’éphémère.

Aujourd’hui, quelque part, peut-être parmi des poussières
d’étoiles, tu chantes encore, Juliette puisque nous parvient
la voix de ton oiseau géant que nous accueillons, mains ouvertes.



Une année s’éteint
dans mon cœur un oiseau bleu
s’ouvre



Evelyne

bonjour,

je viens partager avec vous MA Juliette.
nos premiers échanges ont eu lieu sur le forum et ressemblaient plus à des joutes écrites.
dès le départ elle m'a testé et nous avons pris l'habitude de jouer avec les mots.
tantôt tendres, ironiques, mordants voire crus.
un rituel.
nous avions même formé un petit groupe et nous en donnions à coeur joie à celle qui sera
la plus rapide dans l'humour et la répartie.
notre amitié a mûri, grandi, tu devenais exigeante et j'avais plaisir à répondre à tes caprices.
tu m'es devenue si chère ; mon amie, ma confidente et comme de vraies amies nous nous fâchions
parfois pour mieux nous réconcilier ensuite.
toujours près de moi, dans le rire ou la peine, à me réconforter.
à qui vais je confier maintenant tous mes petits secrets intimes ?
je t'ai ouvert mon coeur, donné ma tendresse et c'est le tien qui nous a lâché avant que nous ayions
eu le temps de nous revoir.
je ne réalise pas encore, je sais que j'ai du chagrin car mon coeur se serre dès que je pense à toi.
je ne dois pas être égoïste, c'est la mort que tu souhaitais et enfin tu ne souffres plus.
je vais devoir travailler à remplir mon coeur de ta présence, de ta lumière.
je sais que désormais tu m'accompagneras partout (même aux toilettes) et mon plus bel hommage
sera de t'offrir chaque instant de ma vie et de vivre intensément pour nous deux.
je t'aime ma Juliette, à tout jamais.
ton évy, ton hirondelle

je vous offre ses derniers haïkus qu'elle m'avait envoyés au mois de mai et signés Clochelune :

phare des baleines
grimper les 257 marches
Moby Dick en poche

ciel bleu
les nuages ont dévié
vers sa mémoire

impromptus du chat
ses griffes matinales
5 lettres en moins un dico


Frédéric Pauron

À Juliette,

« Le souvenir, c'est la présence dans l'absence
C'est la parole dans le silence
C’est le retour sans fin d'un bonheur passé
Auquel le cœur donne l'immortalité. »
(Jean-Baptiste Henri (Dominique) Lacordaire (1802 – 1861)

Nous t’avons tous en nous.

« Je crois que la beauté, dit Ulrich, n'est pas autre chose que l'expression du fait qu'une chose a été aimée. »
(Robert Musil (1880 – 1942) in L’Homme sans qualités (1930-1932)

Tu étais belle de vie et d’envie.

« L'athlète est un homme qui a décidé de reculer les murs de sa prison. »
(Antoine Blondin (1932 – 1991)

Ô Juliette,
Tu étais une sacrée athlète.

« Je n’ai pas peur de la mort mais je n’ai pas envie de mourir. »
( Laurent Fignon (1960 – 2010)


Nous non plus nous ne voulions pas, avoir encore tant à t’écrire et te dire.

L’air du temps passé
Jamais dit, mais l’air de rien
Tu m’as fait grandir lors de ces soirées déjà si loin
Tu m’as tellement touché par tout ce qui était toi
À chacun sa Juliette, la mienne m’a fait être moi
Je me souviendrai toujours de nos corps-à-corps littéraires
                                                     et de nos fantaisies culinaires
Que tu aies emmené quelques parcelles de moi avec toi, je l’espère
                                                        et merci au temps qui n’en a pas l’air

Encore merci pour tout Juliette…


Camille Case

Quelle drôle d'absence présente que celle de notre Juliette ...
ma fille dit "ça fait comme un trou dans l'air qu'on respire" :
on est restée Loulou et moi une heure les genoux tombés à terre sans
pouvoir se redresser,
immense besoin de prière, de mots à faire résonner au dedans pour
s'apaiser l'âme et tenter de retenir encore un instant la sienne
besoin des mots pour chuchoter nos adieux éperdus comme s'ils ne
pouvaient être par elle qu'entendus...

Je ne me sens plus triste... j'ai le sourire et la force douce de Liette
ancrés dans le cœur.
c'est le cadeau immatériel et tacite qu'elle laissait aux amis qui
aimaient cette drôle de petite sœur
Que Clochelune soit désormais sans douleur, libérée de son fauteuil, de
son bazar à oxygène
et légère comme un ange, me rend son envolée ... aussi poétique que son
rapport au monde - sans gène !

ps : Juju, puisse que tu as pris cette avance, salut infiniment
tendrement Yorgo - de ma part.


Marithé Jouniaux

Je garderai le souvenir d'une jeune femme très sensible et qui vivait d’espoir tout en sachant qu'elle était en sursis. Quel courage !
Qu'elle soit en paix avec elle-même maintenant, tel qu'elle l'écrit si joliment dans son dernier poème.
C'était une bien jolie personne que cette Juliette Clochelune.
Qu'elle repose en paix, elle l'a bien mérité . Elle est maintenant parmi les siens :  les anges à son image...


Maria Tirenescu  (Roumanie)

Soir d’été –
la lune me récite un vers
de Juliette


Patricio Sanchez 

Je viens d’apprendre dans votre portail Francopolis le décès de Juliette Clochelune.
On a échangé quelques mails. Elle m’a contacté pour la sélection de mes textes.
Toujours très agréable et disponible. Récemment elle m’avait sélectionné pour un coup de cœur :
J’ai été touché par son départ.
J’aurais bien voulu faire sa connaissance.
Mes condoléances.

Hélène Soris

A LIETTE

Je voudrais être poésie
brise légère

Voler en tous sens tous pays
y cueillir pour toi les embruns
l'odeur des feuilles,  de l'humus
des violettes des arums…

Je demanderais aux nuages de m'apporter
fleurs de lune et bulles d'étoile
d'un souffle juste un peu plus fort
j'appellerais tous les oiseaux
pour un orchestre multicolore
et des percussions de crickets
harmonisées par un pic-vert

Mers et océans en chorale
te remercieraient en leur chant
d’avoir aimé autant

La Vie

Mireillle
Adieu Juju

Juliette, on a partagé deux petites tortues peintes, achetées à « Himalaya » à Aix, quand elle est venue à la maison. On a bu des chocolats chauds, du vin chaud comme en Hongrie… Elle s’essoufflait un peu en marchant mais à cette époque, elle se déplaçait beaucoup… encore. Juliette, c’était la poésie, ce qui lui donnait les ailes qui manquaient à son cœur. Elle était poète, pour de vrai pour de bon. Elle écrivait…

Je suis triste, vraiment, même si je sais qu’elle ne voudrait pas qu’on sombre dans le dolorisme. Elle aimerait plutôt qu’on ait tous l’énergie, les couleurs qu’elle déployait.

Je suis triste qu’elle n’ait pas pu avoir la greffe qui l’aurait vraiment sortie d’affaire. Maintenant, il vaut mieux ne pas regarder en arrière.

Juliette est morte et ma maman aussi, pratiquement au même moment, dans l’été 2011.

C’est l’absence. On se sent petit et pauvre quand on perd ceux qu’on aime et qui étaient courageux, plein de vie et d’affection. De talent, aussi. Je pense à la maman de Juliette, à sa famille, à tous ceux qui la pleurent.


***

- Voir aussi les nombreux témoignages
adressés à Juliette Clochelune sur la page
Facebook

- et aussi ces textes et témoignages ci-dessous de Christophe sur le site Journal ExTime qui m'ont beaucoup émus, bouleversés même. Je vous les livre, à la mémoire de notre petite fée Juliette Clochelune  (André Chenet) 

                 -  Lettre à l'absente
                 -  Des vieilles et belles amitiés (2008)


retour au Salon

Juliette Clochelune

d
septembre 2011


Créé le 1 mars 2002

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