Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








 


LAURENCE DE SAINTE MARÉVILLE



 JE NE LIS PAS SUR TES LÈVRES LE S0URIRE ESTAMPILLÉ
MAIS L'ENCRE DE MES PAUMES



Was it just the season ?

- Musica ! -



- Comment va ta vie ?



Je vais jusqu'à plus faim, en lambeaux de couleurs affranchies, cueillir nos mariages volés à la pluie ; le vert de tes yeux met mon incandescence dans une valeur autre.
Je vais où tu vas et où tu ne vas pas ; au coeur des arômes orangers et des sonorités fluides sur le sentier de ta vie. Je vais de ce pas m'accoler aux cordes de tes notes, exprimer ta résonance, là où ton souffle s'évapore.
Je vais, langue primale, tatouer sur ton front l'océan du lendemain, son relief de rides et de photophore ; je prends ta main passée puis cerclée dans la mienne. Je vais, je circule dans tes petits papiers à l'heure des âmes brassées ; je traverse la page des retards et des "juste avant".

Tu marques les ramures à l'encre myosotis... de nos têtes d'enterrement ? J'exhume tes notes de tête.

Je m'en vais, ou...

"I sit and wait"



- Comment ta vie... va ?



" L'humide à ras-bord, le geste gauche [...]
Les yeux au ciel,
le regard voilé "
Le journal d'un fou, Jean-Pierre Clémençon

Je vais, malgré les flèches des assaillants, brandir bien haut l'étendard des titres saugrenus et baroques. Je vais comme tu vas ; ni mieux, ni plus mal. Je vais comme un garde-fou, je "vent-e" et m'évente au sein de tes recueils ; je relève le mot égaré sous le lave-pont ; je prends mes repas sous ton crayon qui file au grand large, je gomme ta triste mine d'un geste las ; j'annote notre portée avec une clé de main gauche ; je signe - La virgule - sur les rotules du temps.

"I waited 'til I saw the sun" (Jesse Harris)

 


- Ta vie... va comment ?



Je pique un fard et tu me dérobes un artifice. Je me réconcilie avec tes échafaudages, ta pile de mots rangée sous l'arcade. Tu remontes mes bas à l'aide de tes crocs, je descends à l'antichambre de tes hauts. Ritmo di una danza.

"Full of dream ?"

Je croise l'homme au parapluie ; tu effeuilles mes peurs nocturnes ; je glane mes premières syllabes de toi en moi.

 


"Strano ma vero,
è proprio un pianoforte da concerto,
dal suono avuto dal mistero,
un pianoforte a coda lunga, nero..."
Paolo Conte


(Strange but true,
It's a grand piano,
With a sound a mysterious origin
A black concert grand piano...)


© L. de Sainte-Maréville (Août 2004)

 


- À Océane, l'enfant envolée ou en envol... -

OCÉANE


Les voiliers lentement clignent des paupières
ondes de crêpe et d'argent
dans les draps en sueur d'Éole
les hérons volent à reculons.

Tu glisses ta main pâle
vague légère,
tiaré
en mon premier visage.

Les oreilles sensibles à la lueur sous ta peau,
en ton sommeil de sable,
je pose, sur ta lèvre d'enfant sage
à colorier de craie vive,
un bonbon de l'âme,
une histoire salée que se racontent les coquillages.

Au ciel de ta marelle
tu souris,
l'humour tiré de la douleur même,
lancinante,
étale.

Océane
le silence jusque dans les gestes,
liquide.

Ta silhouette pénètre dans la lune de lait
lisse et fraîche,
la nuit doucement se renverse,
je chancelle.


La clarté reflue à l'horizon
avec elle ses confettis d'orage
ses escarbilles.

La lumière...

Issue ni du soleil ni de miettes d'étoiles
aquarelle
sans bords

la lame de fond
de tes yeux de corail,
et la rose cardinale de ton corps


L.dSM © extrait du recueil - Lumières - éditions ZÉRO HEURE, 75002 Paris.




CERCEAU


Derrière mes yeux de coussins d'eau, nos mains qui souffrent sur la pause,
derrière mon voile tanné de nous, gémissent nos pas qui s'abandonnent...

Je vis ton ombre sur mon cou, tes mots frissons étreinte folle
c'est l'éternel baiser d'épaules, sourire larmes.

Safranée, ta peau ruisselle sur mon âme entrouverte,
enivre l'aube des splendeurs de la nuit,
ta vie touche ma vie,

tes lourds battements me contiennent,
m'épuisent d'invincibles parfums,
sanglots sous le porche de l'effluve éperdue,

mon corps, pressé, sourcille dans l'air qui étouffe,

le dos à la lune,
le nez sur l'aile mordorée, tu ensorcelles le bonheur,
nous résonnes sous le chant timide de l'exubérant feuillage,
espaces les syllabes,

et plus fort qu'une saveur,
j'offre mon âme captive,

en pétales,

et nous remets au monde...


L.dSM © publié en revues


L'AVERSE


Elle ne se laisse deviner
ni même ne renvoie,
arpente une pièce invisible.

Lorsque s'éteindra
le cliquetis des heures affolées
ne persistera qu'une flaque de sédiments :
la mémoire molle.

Je reste interdite
oscille et me distords ;
une litanie imprimée
entre mes hanches qui hoquettent.

Dans la pénombre
les lignes sursautent en segments.
Elle,
pivote, exulte,
s'extirpe des effilochures,
tisse un langage fluide.

Tout se dilue... ?
Le percevez-vous ?

Le martèlement
sur la colonne vertébrale
se prolonge,
le vide devient plein
tout recueilli dans l'attente,
effaré,
haletant.

Arc-boutée et incisive
la pluie débaptise.
Elle balise le vent puis les joues collées au ciel,
elle désinfecte et étourdit
débande ses mains
entre les troncs aveugles.

L'avrillée concasse :
grenaille en spasmes lisses.

- Je rêve de griottes ou de coulées de mûres -

L'ondée puise la force, grommelle ;
scandée de nouveau
pose un oeil torve, éloquent

dégringole hagarde,
charrie ses épaves,

et applique alentours,
policé :

le sommeil.


22-02-2002
L.dSM © publié en revues




SOUS LA BRANCHE D'ORANGER ...  



Sous la branche d'oranger,
au hasard et peaufiné de nuit liquide
le geste s'empare des pleins et des reflets,
diffuse en autant de paroles muettes
que d'archipels poussés à la volée.

Le poignet, froissé tout contre un autre
percussionniste entêté
enjoué, lucide
tout au long de sa fragilité
pénètre par effraction le grain des murs
les poches d'ombre.

*

Les silhouettes s'élancent
de bas en haut
à l'oblique
défit de gravité
le mouvement planté dans le creuset
la scansion
magie endiablée peuplée d'acrobates.

Le surplus, le sable des semelles est versé à l'intérieur de coupes à empreintes,
la chapelle rebondit liée aux bouffées de sens.

Quelques virgules attisent les migrateurs,
nous remontons les couloirs où valsent les signes et les symboles, aux portes du vertige
tandis que les tronçons de rues réinventent le Caravage,
provoquent la rencontre des transparences.

*

L'âme charnelle évoque le don
jusqu'à notre abandon, pétri d'eau et d'auvent
rompant les échos déchirés au plus clair de soi.

La plénitude n'est pas dite,
mais juste et avec simplicité, par delà les écrans...
infiniment vécue.

Convergent vers le pôle :
des scénographes à bras-le-corps,
leurs collages à la feuille d'or d'espaces réels et familiers ;
la chorégraphie de miroirs des hommes-pinceaux
leur mouvement vers les années-lumière,
enfin des instruments prélevés dans l'aléatoire des couleurs de la rue,
lambeaux de poésie arrachés aux vitrines !


Sous la branche d'oranger,
maximal et peaufiné de nuit limpide

le geste,
souple... libéré des-vagues-de-pierres...


...........................................lier
..................................ca
.......................l'es
remonte


© L. de Sainte-Maréville (mi-juillet 2004)

 


Créé le 1 mars 2002

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