Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








 

 

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Cinq poèmes

de

Philippe Vallet

 

 

 

 





sur les lieux de nos écarts

chaque parcelle argentine est un silence posé en aveugle de nos limites

de ces signes feuillages agités de nos corps

l'histoire échappée des stèles de nos ancêtres



aux gravures de nos regrets quelques chagrins

moissonnés sur les collines de nos regards



chacune de nos mascarades est rongée

nos sommeils, nos nuits d'abandons où nos rêves courent sous d'autres
horizons nos mains accrochées aux lambeaux de quelques enlacements 
s'agitent
bouffonnes de l'instant elles chagrinent leurs muscles en des gestes
troublants leurs danses dessinent les contours de notre souffle



regret de ne pas tout voir

secret d'absence qui se tisse à l'orée d'un silence

où la chair garde l'écho d'une tendresse

comme le miroir préserve la mémoire perverse d'un reflet



05.09.2003


 








une immortelle voix douce

souffle cuirasse qui m'enserre

m'accompagne braise dans ma mémoire

protéger l'étonnement

effleurer l'obscur du chuchotis

s'abandonner

peut-être se laisser engloutir



au voyageur mille colères ne peuvent déchirer l'immobile coquille

son coeur

un gel protecteur

son épaule en appui sur le ciel



il avance au refrain du chant minuscule

ce vent sifflant dans l'ombre souvenirs

entre ses doigts s'écoule le poème

trace sur la buée de nos yeux

trouble dans nos ténèbres où notre salive se distille

se cristallise l'étonnement ardent vous aspire

les mots nous accompagnent



vacarme du sourd

ou fragile douceur qui nous dévêt à chaque syllabe

l'invisible nous joue des tours

ne pas l'entendre est un désastre

la mort anodine de nos rêves

il nous reste à hurler notre soif d'existence

notre stupeur d'exister



nos doigts gonflés disparaissent aux plis de nos rides repues

notre masque pose l'hermétique réponse d'une humanité rompue à la 
violente
survie

nos lèvres humides de l'eau

étouffent aux cris grinçant des étoiles

elles promettent des horizons vides

des squelettes bienheureux

en leurs sépultures

de l'indicible effacer l'ardent et se perdre en servitude blafardes

une paume desséchée essuie d'un revers triste

les traces d'une caresse ancienne

d'une naissance où se retrouver



01.10.2003




 

 

 







de nos tendresses abandonnées

déchirer le voile lourd



apprendre à marcher

de ses lèvres prononcer les mots de nos déconfitures

les regards sont des épingles à clouer les mots

tenus en observation puis bouger le squelette

reconstruire l'invisible



l'étonnement accueille les bavardages du coeur

personne ne peut savoir l'ombre construite sous nos paroles

nos rêves poussent sur la liberté de notre langue

voyage



ne t'évanouis pas homme de coeur

aux jardins des hommes debout

les mers sont agitées de houles semblables

un coquelicot du rouge pose quelques bornes vers une étoile

les mots sont nos vêtements de l'âme

être seul



il ne reste que cela



03.10.2003




 

 





je cherche une palpitation

au delà du silence

présence jaillie d'une mémoire d'enfant



mon histoire au monde recueille une empreinte fugitive

juste quelques mots bouleversent l'instant

tiennent la rupture cette réalité qui nous aveugle



sur les jardins de nos caillots séchés

le sang tombe encore

goutte à goutte

os d'ombres



les reliefs ne consolent pas nos indifférences

les réponses se terminent par un "pourtant !"

il nous reconduit

enfant sage d'une sorte de secret

un vertige sans impatience cette fois

où la demande est bien de blessures



aux chairs fragiles arrachées

aux angles aigus des tactiques pesantes

notre jardin est un immense désert

labyrinthe improbable des pas

je déambule

trop vaste.



02.09



 

 

 






Rouge songe nocturne



D'un feu vers le ciel

l'exhortation

témoin vulnérable d'une voix qui se hisse

ténue

droite et raide comme un cri

une naissance

promesse nouvelle sonde l'air.



Le vent

parole du parler sa vie

et tenir debout comme le feu un soir d'une nuit propice aux sermons

chacun est peut être le dernier ?



Un cri à chaque fois ?

Pour vivre a-t-on le choix ?



Chaque jour sans regret est une borne

l'ultime ?

Elle succède à la précédente

fils du père ou fleur du fruit



Perle sur le fil du temps

chaque heure tient son sang dans nos mains.



La mémoire sommeille

nous tient au mirage d'une réalité inventée au passé

l'inconnu se dit sous les mots

cet ignoré doit nous maîtriser

et briser la cagoule rigide de nos habitudes.



 

 

 

 

 

Créé le 1 mars 2002

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