Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








 


 MICHEL OSTERTAG



Nommer l’innommable ; montrer l’invisible ; caresser l’irréel ; entendre la parole muette et ne rien faire jamais qui ne soit blâmable ; se prononcer au milieu des foules pour des choses insoupçonnées et marquer du regard les limites à ne pas dépasser ; ne courtiser que soi-même pour atteindre les buts fixés ; ne pas rêver seulement la nuit mais aussi à des heures différentes ; montrer son délire poétique comme un genre à imiter.
Et ne jamais avoir peur d’être soi-même au-delà des autres.




Quand bien même la ligne droite serait courbe et le ciel muet, et la couleur de ta peau noire et tes yeux rieurs subitement tristes et la joie d’être ensemble rejetés aux calendes grecques…mon cœur reste ouvert à toutes propositions du destin, à tous signes de toi lancés de l’horizon, sémaphore découpé à la clarté de ma mémoire.
Quand bien même je serai seul, dans un an ou dans dix, Ici ou au loin, de toi séparé pour jamais, un pied dans la vie et l’autre…Chaque moment de mon existence pesé à l’aune de mon plaisir est comme pierre précieuse enfouie au gousset de mon âme.




Je faisais de mon mieux, Je m'étais coulé dans le moule Je riais quand il fallait rire. J'applaudissais à toutes les propositions qu'on me soumettait. Je jouais la carte du bonheur et de la satisfaction de soi. La poésie que j'avais en moi avait été mise sous le boisseau, bien calée entre les frustrations et les espoirs déçus. Les mots n'avaient plus les mêmes couleurs, la même portée ; la même signification. Le réel avait tout accaparé, imposé ses lois, ses exigences, ses règles. Quelques choses en moi mourraient, chaque jour un peu plus, tandis qu'un feu intense me consumait, le feu du Mot-poésie, des mots qui chantent la douce chanson et qui laisse entre les mots choisis un espace de liberté à votre propre imagination. Ne souriez pas! C'est ainsi que les poètes vivent.




Pierre à pierre mon rêve s’échafaude l’irréel s’achemine lentement sur des chemins dégagés de la brume. La douce musique glisse hors du chaotique discours symphonique La sagesse perfectible répand sa douce parole pour des cœurs apaisés.
La nuit comme le jour mêlés en une tendre union redonne à l’homme la quiétude dont il rêvait depuis l’origine des temps. C’est le moment tant attendu où passé et présent se fondent pour mieux s’illuminer dans un avenir serein.




Petite chose à ne pas dire, à s'efforcer d'oublier, à enfouir au fond de sa mémoire, à gommer, à fracturer, éparpiller, émietter, à rendre insignifiante, à décolorer, à brûler, à froisser…Petite chose qu'on garde en soi, pour soi, qu'on cache et qu'on redécouvre, au hasard d'un rangement, d'un classement et qu'on voudrait jeter, qu'on jette et qu'on reprend aussitôt, qu'on défroisse, qu'on relit, qu'on pèse, soupèse et qu'on garde discrètement comme en fermant les yeux, en le glissant, entre deux livres, l'attention détournée, le regard arrêté, le souvenir en hiatus, pour plus tard, bien plus tard, quand je serai vieux, bien vieux, enfin, si j'y pense !




Michel Ostertag    
pour francopolis octobre 2007

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer