Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe surgis aux hasard de nos rencontres...








 

 

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TEMPS À AUTRE par Orlando Jotape Rodriguez

il se présente à vous

 

 


Notre seul désir était - Orlando Jotape Rodriguez


9x9 TERRE. Ici, ailleurs.

Il y a des barbelés, des murs pour que ceux d’ailleurs ne viennent pas ici.C’est pourtant bien ma terre : mon jardin, mon pays, ma planète.Frères humains, qui près de nous vivez, n’ayez les cœurs contre nous endurcis…Ils parlent eux aussi. Ils ont une littérature, une poésie, une langue.

Est-ce qu’ils ont une littérature, une poésie, une langue ? Il y a des barbelés, des murs pour que ceux d’ailleurs ne viennent pas ici. On voit des gens qui perdent tout, ils ont tout perdu, leurs parents, leur maison, leur terre. Puis ils continuent à tout perdre en perdant leur poésie, leur langue,

et ils se perdent eux-mêmes, ils tombent en morceaux. Il y a des barbelés, des murs pour que ceux d’ailleurs ne viennent pas ici.Leur terre, leur poésie, leur langue, c’était ce qui faisait tenir les morceaux ensemble. Il faut de la force pour assembler les morceaux et les faire tenir. Une force qui s’exerce avec séduction parfois, avec violence souvent. Est-ce qu’il faut botter le cul à quelques-uns pour les forcer à vivre ensemble,

à unir leurs forces et à être heureux, ou s’il vaut mieux les laisser s’entretuer, ou crever dans leur coin ? Il y a des barbelés, des murs pour que ceux d’ailleurs ne viennent pas ici. Ta terre, ta langue ne t’apportent pas le pain et la liberté sur un plateau. Il faut gagner le droit de marcher sur la terre, il faut se battre et quelquefois être battu. Mais on continue à se battre pour la terre, pour la poésie.

Ici, tout va bien. Ailleurs, on meurt de faim, le sida, la misère, les haines tribales. Ici on a trois voitures, cinq téléviseurs, un appart en ville et une maison de campagne. Ailleurs, on vit dans des huttes, des bidonvilles, des grottes, des décharges. Est-ce qu’ils ont une littérature, une poésie, une langue ? Ici on mange trop,


et à chaque repas il y a des restes.On les donne aux cochons. Non, on les jette.Les cochons européens ont une santé trop délicate. Ailleurs, on fait les poubelles, on déterre des racines. On se bat, on s’égorge pour un croûton de pain, la vie humaine n’a aucune valeur. Est-ce qu’ils ont une littérature, une poésie, une langue ? Ici, on pose son gros cul dans un


fauteuil moelleux. Ailleurs, on dort et on grelotte en boule sur un trottoir. Ici, on vote des lois pour exclure de l’école des filles voilées. Ailleurs, on condamne une femme violée par son oncle à la lapidation. Est-ce qu’ils ont une littérature, une poésie, une langue ? Ici, on a perdu la poésie

par le haut. Ailleurs, ils l’ont perdue par le bas.Il y a des barbelés, des murs pour que ceux d’ailleurs ne viennent pas ici. Est-ce qu’ils ont une littérature, une poésie, une langue ?


 


Je savais que le voyage - Orlando Jotape Rodriguez

 

9x9 TERRE. Vague

fleurs         s’arrondissent en fruits         des fauves chassent   ces matières   grondement sur grondement d’épouvante         des bourgeons s’ouvrent en racines plongent à la recherche de matières nourricières         des vivants se transforment en blancheur sur blancheur aveuglante                         de beaucoup d’oiseaux continuent à chanter                 à voler vers le soleil les rouleaux accumulent   est toujours en veilleuse   l’imminence mortelle se referme autour du petit être    l’étendue de galets gris bleu                         la lune en moins de temps qu’il n’en faut à la terre pour un tour     à mesure qu’on approche de souffert         chanté l’escalier interminable descend dans l’ombre fraîche vers la plage son papa         la maman suit avec un panier ayant parlé                  aimé                  ayant               engouffrées dans l’ombre aux côtés de ceux qui dorment pour toujours il est dans les bras de      surplombe         d’une rue en corniche         –le temps y manquant-         sont    recul de terreur des populations entières         sans épouvante la ville     fascination de lumière      de mouvoir spasmodiquement l’épaisseur tendue de leur cuir     les nuées bourdonnantes et suçantes     un rouleau de blancheur et de tonnerre      vague éclatante         les ruminants ont cette façon sismique         pour chasser       la terre s’ébroue la terre se secoue         se dénoue      la première image est celle d’une         la terre s’ébroue         la terre se secoue         se dénoue                         les ruminants ont cette façon sismique         pour chasser les nuées bourdonnantes et suçantes         de mouvoir spasmodiquement l’épaisseur tendue de leur cuir                         des populations entières                 sans épouvante                 –le temps y manquant-                 sont engouffrées dans l’ombre aux côtés de ceux qui dorment pour toujours                 ayant parlé aimé                 ayant souffert                 chanté                         en moins de temps qu’il n’en faut à la terre pour un tour                         l’horreur est pour ceux qui restent                         la lune est toujours en veilleuse                         beaucoup d’oiseaux continuent à chanter                 à voler vers le soleil un réseau serré                 universel             de racines plongent à la recherche de matières nourricières                 des vivants se transforment en ces matières                 des bourgeons s’ouvrent en fleurs                 s’arrondissent en fruits                 des fauves chassent                         la première image est celle d’une vague éclatante                 un rouleau de blancheur et de tonnerre               fascination de lumière                recul de terreur                         la ville surplombe                  d’une rue en corniche                 il est dans les bras de son papa                la maman suit avec un panier                 l’escalier interminable descend dans l’ombre fraîche vers la plage                         à mesure qu’on approche de l’étendue de galets gris bleu                 l’imminence mortelle se referme autour du petit être                         les rouleaux accumulent blancheur sur blancheur aveuglante              grondement sur grondement d’épouvante la terre s’ébroue                 la terre se secoue                 se dénoue               la première image est celle d’une vague éclatante                                 les ruminants ont cette façon sismique                  pour chasser les nuées bourdonnantes et suçantes         un rouleau de blancheur et de tonnerre                 fascination de lumière                 de mouvoir spasmodiquement l’épaisseur tendue de leur cuir recul de terreur                                 des populations entières                  sans épouvante la ville surplombe                 d’une rue en corniche                         –le temps y manquant-                 sont engouffrées dans l’ombre aux côtés de ceux qui dorment pour toujours il est dans les bras de son papa                 la maman suit avec un panier                         ayant parlé                 aimé                 ayant souffert                 chanté              l’escalier interminable descend dans     l’ombre fraîche vers la plage                 en moins de temps qu’il n’en faut à la terre pour un tour      à mesure qu’on approche de l’étendue de galets gris bleu l’horreur est pour ceux qui restent                         la lune est toujours en veilleuse      l’imminence mortelle se referme autour du petit être                                 beaucoup d’oiseaux continuent à chanter                 à voler vers le soleil les rouleaux accumulent blancheur sur blancheur aveuglante                 un réseau serré universel                 de racines plongent à la recherche de matières nourricières                 des vivants se transforment en ces matières grondement sur grondement d’épouvante                 des bourgeons s’ouvrent en fleurs                 s’arrondissent en fruits                 des fauves chassent

 

 


Je ne reconnaissais personne - Orlando Jotape Rodriguez

 

9x9 NEIGE. Étoiles.


aux frontières du froid et de la nuit                 des hommes entre les forêts les plaines                 et petit homme                 serre bien fort dans ta menotte la main de ton papa                 de ta maman                         les rocs                 ont assuré leur existence durs et résistants                 sous les sapins                 eux savent                 un peu                 lire leur chemin dans les astres                 et d’un pas sûr                 les bouleaux             dans les crépitements étoilés des feux de genévriers         aussi sûr qu’il est possible                 t’emmènent jusqu’au seuil de ton destin                         tu lèves le nez                 il y avait la chasse la guerre                 et la lutte à mort contre les fauves                 l’amour             les vers la voûte céleste                 puis tu reportes ton regard vers la terre que foulent tes pieds              enfants à nourrir et à protéger                          les hanses ont lancé l’épervier de leurs lignes                 apprenant à traduire les signes du firmament en bonnes indications de route                         certains commerciales sur tous les océans               et de grandes cités ont dressé leurs tours à l’assaut trébuchent               nul n’échappe aux faux pas et aux chutes               mais tu apprends des nuées               ont transpercé givres et pluies                         on a tiré des lignes à travers toundras    et cordillères aussi à te relever et à suivre ta voie                         le peuple immense des étoiles                         au-delà des banquises                 des sierras         énigmatique messager d’angoisse et d’espoir                 te devient enfin familier                         depuis les comptoirs des banques sont partis des ordres de marche pour les bureaux administratifs et                 ayant bien noté la position de la Reine                 tu peux promener un regard confiant dans tous les azimuts     la barbarie moderne a mis le monde en fiches et bilans. petit homme               serre bien fort dans ta menotte la main de ton papa              de ta maman                 eux savent                 un peu                 lire leur chemin dans les astres                 et d’un pas sûr                 aussi sûr qu’il est possible                 t’emmènent jusqu’au seuil de ton destin                         tu lèves le nez vers la voûte céleste                 puis tu reportes ton regard vers la terre que foulent tes pieds               apprenant à traduire les signes du firmament en bonnes indications de route                         certains trébuchent              nul n’échappe aux faux pas et aux chutes              mais tu apprends aussi à te relever et à suivre ta voie                         le peuple immense des étoiles               énigmatique messager d’angoisse et d’espoir              te devient enfin familier                 et                 ayant bien noté la position de la Reine              tu peux promener un regard confiant dans tous les azimuts petit homme         aux frontières du froid et de la nuit                       serre bien fort dans ta menotte la main de ton papa                 de ta maman      des hommes entre les forêts               les plaines et les rocs               assurant leur existence                         eux savent                 un peu                 lire leur chemin dans les astres durs et résistants             sous les sapins              les bouleaux                         et d’un pas sûr             aussi sûr qu’il est possible dans les crépitements étoilés des feux de genévriers                             t’emmènent jusqu’au seuil de ton destin                                 il y avait la chasse                  la guerre                  et la lutte à mort contre les fauves                 tu lèves le nez vers la voûte céleste                         l’amour                         puis tu reportes ton regard vers la terre que foulent tes pieds              les enfants à nourrir et à protéger              apprenant à traduire les signes du firmament en bonnes indications de route         les hanses ont lancé l’épervier de leurs lignes commerciales sur tous les océans                         certains trébuchent                  nul n’échappe aux faux pas et aux chutes                  mais tu apprends aussi à te relever et à suivre ta voie      et de grandes cités ont dressé leurs tours à l’assaut des nuées ont transpercé givres et pluies                            le peuple immense des étoiles                 énigmatique messager d’angoisse et d’espoir              on a tiré des lignes à travers toundras et cordillères              au-delà des banquises                 des sierras                 te devient enfin familier                 et                 ayant bien noté la position de la Reine depuis les comptoirs des banques sont partis des ordres de marche pour les bureaux administratifs              tu peux promener un regard confiant dans tous les azimuts la barbarie moderne a mis le monde en fiches et bilans



 

Orlando Jotape Rodriguez

 

 

 

 

 

Créé le 1 mars 2002

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