CE QUI LIE ET
DÉLIE (extraits)
Tâche
– amour
De
ne pas trop tirer
Sur
la corde de la miséricorde …
Et
fais en sorte que
Se
dresse la misère
Sans
prêter ses
Flancs
creux
Au
nouage
Qui
promet
Oui !
Lève l’errance
Sans
plomber
Ses
yeux
Au
sang
Des
sacrifiés
Pour
la vitesse qui
Ne
voit rien
Éclaire-toi
à la
Lampe
d’Aladin
Et
que l’infirmité des cours
Ne
te menace pas de ses
Oracles
aveugles
Et
va au plus allant
Des
rendez-vous où se
Découvrent
les trésors de
La
pensée qui creuse
Misère
est là :
Filon
des nouveautés sûres –
Arbitre
entre les puissances guerrières
Qui
l’outragent
Au
seuil trouble du soir
La
corde se noue
Va-t-elle
encore –
Demain
–
Étrangler
les innocents
Ou
mouiller les navires
Au
port sans attaches
De
l’inconnu rebelle ?
Et
qui gonflera la voix ténue
Des
pauvres endigués
Par
l’éloquence
Guerrière ?
Où
seront les départs
Sur
la ligne de flottaison
Qui
anima le pays
De
la vertu ?
Amour
– ne cours pas
Ne
te précipite plus
Dans
le temps
Qui
annonce
Des
tempêtes
Du
quai où fume déjà la grisaille –
O
vous chantres de
La
misère –
Pourquoi
n’annonceriez-vous pas
Vous-mêmes :
l’étranger ? :
Celui
qui est venu déjà
Et
n’attend plus
Rien
de Fortune
Celui
qui a tant navigué
Pour
ses droits
Au
cœur
De
tous les labeurs
Constructeurs
–
Ici
– par-delà
Tous
les attendus
A
la grande table de
Notre
Déclaration pour
Les
hommes
*
Silence !
Mon
âme est torride
Elle
se défend …
Courbée
– elle se heurterait
Aux
barreaux de l’habitude
Debout
– elle fait légion
De
ses poèmes
En
braises profondes
Clignote
la pensée
Sur
un foyer qui ne s’éteint pas
Libellule
blessée –
Elle
est le sarment de mon désir
Comme
suspendu
A
la rose brûlante des sables
Trame
incommensurable
D’un
destin qui s’abîme –
Mon
âme ouvre la langue
Et
en dégage un horizon
Toi
– faisant lit de mes errances
Toi
– fleuve aux douces rives
Qui
ne se séparent pas
Toi
– aux yeux qui soulèvent ma pensée
Toi
– sur le ventre où se noie ma muse …
Encore
que tu chiffonnes
A
tes seins
Mes
résonances insignes
Comment
n’aurais-je pas
Vu
ni entendu
Le
frémissement de ta voix ?
Si
heureux d’avoir retourné
Dans
ta gorge découverte
La
flamme aiguë
De
ta propre âme
Que
j’irai – grandissant
Ce
qui nous lie
Comme
sur un aubier incandescent
Et
pourquoi ne m’y piquerai-je pas ?
Pourquoi
ne soufflerai-je pas
Un
seul pétale
Qui
ricocherait sur ta peau ?
Tout
apparaîtrait
Comme
arc-en-ciel
Avec
le grain sur ton océan
Avec
le vent qui appelle
Le
moindre détail de nos amours
T’appartiendrait
Nous
appartiendrait
Il
court – il court – il court encore
Dans
mon âme levée
Sur
les brumes du temps
Qui
avancent dans le ciel noir
Tu
as gagné le soleil
Tu
desselles les ombres
Qui
dorment –
Oiseaux
sous ton épaule –
Libres
– ils inventent des chants
Pour
toi – pour toi
Et
s’engouffrent dans la lumière
A
la fenêtre-même de ton exil :
Cette
terre
Où
le flux et le reflux de la mer
Font
marée
Dans
un élan caressant de sel et sourire …
Ton
sourire piquant - silencieux …
***
CENDRES – AMBRES
ET PLUIE
Soupe
à la cuillère de feu
O
ma terreuse O ma gourmandine :
Poésie
dans la pluie d’été
D’abord
des effluves poussiéreux
Qui
s’enroulent brûlants
Et
vont flânant
Autour
du
Désir
Puis
des perles d’eau
Enrôlées
par
Un
orage
Lointain
Glissent
Au
bord du seuil
Et
immolent l’éternité
Je
suis comme ce page
Grillant
la grâce
Tout
près
Des
robes vermeilles
Qui
habillent
Les
sourires
Et
gobent leurs
Éclairs
Alors
– cuillère de feu
Dans
la bouche
A
vers blancs
Tu
l’inondes
De
tes flammes !
Soupe
légère
Tombée
brusquement
Du
ciel encore
Tout
brasillant
Tu
glisses dans le miel
Qui
demeure
Florissant
Sur
les lèvres des artères
Où
rugit effrénée
La
ville mienne
Sur
mes propres lèvres :
Ce
parfum d’ambre
Détaché
Des
cendres
De
la parole
Lorsqu’elle
a été
Exténuée
De
trop de sens
Dans
son silence
J’offre
maintenant
Ces
douceurs
Pour
que continuent
A
briller la pluie d’été
Avec
le feu d’argent
Sur
les robes vermeilles
Du
sourire
C’est
alors que le café noir
Rafraîchit
et pimente
Ma
bohème
Longtemps
– longtemps …
Jusqu’à
ce que se module
Le
soir
Dans
le jardin
De
ma fantaisie asséchée
***
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